Bon an, mal an, j'ai toujours l'impression que le gouvernement du Québec est cassé comme un clou. Pourtant, les contribuables lui versent de plus en plus d'argent, grâce notamment à l'impôt perçu sur les hausses salariales, à l'augmentation de la taxe de vente, à des hausses de frais des services gouvernementaux...

Eh bien, si le gouvernement du Québec a tant de misère à joindre les deux bouts de son budget de plus en plus imposant, c'est parce qu'il a dans ses placards des squelettes qui lui coûtent la peau des fesses.

Le député indépendant des Chutes-de-la-Chaudière, Marc Picard, vient d'en sortir un qui n'est pas piqué des vers.

Imaginez-vous que le gouvernement Charest, lors de son arrivée au pouvoir en 2004, a conclu avec la Ville de Montréal une entente visant à réduire le déficit actuariel des caisses de retraite des employés municipaux.

Pour ce faire, le gouvernement a décidé de financer à même les impôts de tous les contribuables québécois l'emprunt obligataire de 240 millions que la Ville de Montréal a contracté pour réduire le déficit actuariel des caisses de retraite de ses employés.

L'entente prévoit que le gouvernement du Québec verse annuellement à la Ville une subvention qui couvre à la fois les frais d'intérêt sur 20 ans et le capital de cet emprunt obligataire.

Au terme de l'entente, en 2025, le gouvernement provincial aura ainsi déboursé de ses goussets la somme astronomique de 460 millions de dollars pour couvrir le remboursement du déficit actuariel de la caisse de retraite de la Ville de Montréal.

Vous avez bien lu: un débours total de 460 millions de dollars puisés à même les impôts de tous les contribuables québécois pour les seules fins du régime de retraite des employés municipaux de Montréal.

Qu'une partie de nos impôts serve à payer les pensions des employés de l'État, cela va de soi. Qu'une partie de notre impôt foncier serve à payer les pensions des employés municipaux de notre municipalité ou ville, c'est parfaitement normal. Mais que tous les contribuables, tous coins du Québec confondus, soient obligés de payer pour les régimes de retraite des employés de la Ville de Montréal, c'est incroyablement inéquitable.

Pensons-y deux minutes: cela veut dire que les travailleurs ne bénéficiant d'aucun régime de retraite d'employeur, soit les deux tiers de tous les travailleurs du Québec, payent de leurs impôts pour renflouer les coffres des caisses de retraite des employés municipaux de Montréal.

Ayoye!

Comment explique-t-on cette incroyable générosité envers les employés municipaux de Montréal? «Cette entente, avait déclaré le ministre des Affaires municipales de l'époque, Jean-Marc Fournier, aura un impact positif pour la métropole. Elle contribuera à limiter les hausses de taxes des contribuables et à offrir une solution durable à une situation qui aurait hypothéqué la capacité financière de la Ville de Montréal à long terme.»

Pour sa part, le maire Gérald Tremblay avait ajouté: «La signature de cette entente est une excellente nouvelle pour les citoyennes et les citoyens. La volonté de notre administration est de trouver des solutions novatrices pour cesser de pelleter les problèmes aux générations futures.»

Quelle belle solution novatrice que de pelleter les problèmes de financement du généreux régime de retraite des employés de la Ville de Montréal dans les mains de tous les contribuables du Québec!

En passant, pourquoi déjà la caisse de retraite des employés de la Ville de Montréal accusait-elle un si gros déficit actuariel? Parce que les contributions étaient insuffisantes par rapport à la valeur des avantages consentis aux participants!

La générosité des contribuables de toute la province ne se limite pas à Montréal. Le gouvernement Charest a également décidé de donner un gros coup de pouce à la caisse de retraite de la Ville de Québec.

Eh oui! il a conclu une entente de remboursement du déficit actuariel des régimes de retraite des employés municipaux de la capitale provinciale qui va nous coûter d'ici 2027 la rondelette somme de 32 millions de dollars.

Au ministère des Affaires municipales, on me confirme que le gouvernement Charest ne subventionne aucune autre caisse de retraite municipale.

Ouf! Mais pour combien de temps? Les paris sont ouverts...