Que j'ai aimé cette métaphore! Pierre Gauthier a tellement bien résumé les dernières semaines du Canadien que j'ai regretté encore plus de ne pas l'entendre plus souvent répondre à des questions.

Hier, en 10 minutes, il a expliqué ses démarches, il a analysé la situation chez le Canadien, il a évalué son équipe par rapport au reste de la Ligue nationale et il a dit le tout dans un français impeccable qui ferait rougir un prof du secondaire.

Mais la métaphore, à moins que ce n'ait été une comparaison, valait le prix d'entrée: «Notre situation, c'est celle du type qui a économisé de l'argent toute l'année pour prendre des vacances en été. Mais il découvre que le toit de sa maison coule. Il prend donc l'argent des vacances pour réparer son toit», a déclaré Gauthier comme entrée en matière.

C'était limpide. L'argent des vacances, c'était cet ailier grand, gros et puissant qui aurait pu appuyer l'attaque du Canadien. Le toit qui coulait, c'était les blessures subies par Andrei Markov, Josh Gorges et Jaroslav Spacek. Il fallait les remplacer et Pierre Gauthier s'y est employé au cours des derniers mois. Avec un certain succès d'ailleurs puisque l'équipe est toujours bien installée dans le groupe des heureux qui participeront aux séries éliminatoires.

Et dans ses réponses, M. Gauthier a également noté que les ressources financières de l'organisation avaient ainsi déjà été utilisées. Ce que le patron du Canadien voulait sans doute dire, c'est que le poids sur la masse salariale des acquisitions de Bob Gainey il y a deux ans pesait tellement lourd qu'il n'y avait plus de place pour y glisser les quatre ou cinq millions que coûtait Dustin Penner, la prise du jour par les Kings de Los Angeles.

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Mais c'est pas grave. Le Canadien est une bonne petite équipe rapide qui compte sur un très bon gardien. De plus, Jacques Martin a implanté un solide système de jeu et la Flanelle est rarement détricotée pendant un match. C'est une équipe difficile à vaincre.

Autrement dit, avec Carey Price, dont on espère qu'il répétera les exploits invraisemblables de Jaroslav Halak pendant les prochaines séries, et des arbitres encore plus incompétents d'ici la fin de la saison permettant obstruction et accrochage à Hal Gill, tout reste possible. Surtout que cette année, les équipes vraiment dévastatrices dans l'Est sont rares. À part les Flyers de Philadelphie, le Canadien peut battre n'importe qui. S'agit de ne pas terminer huitième. C'est jouable.

De plus, je ne partage pas le point de vue de tous les chantres des gros bras. Le Canadien a connu sa meilleure saison des 20 dernières années avec Guy Carbonneau qui ne voulait rien savoir des bagarreurs et des fiers-à-bras. Et les problèmes ont commencé quand Bob Gainey lui a imposé Georges Laraque. Ce fut une décision mauvaise pour tout le monde. Je ne vois pas pourquoi il faudrait recommencer la même bêtise en 2011.

Au moins, Pierre Gauthier n'est pas tombé dans ce piège.

André Desmarais... et les complots

André Desmarais, président et co-chef de la direction de Power Corporation, investit dans les Remparts de Québec, dans le Challenge Bell et dans la station CHRC, ancien fief de Marc Simoneau, et ça suffit pour que la planète Québec-Hockey s'enflamme.

C'est vrai que c'était surprenant de voir M. Desmarais participer à une conférence de presse avec Jacques Tanguay et Patrick Roy. Mais avant de chercher si la décision de M. Desmarais a un lien caché avec la mort de John Kennedy, faudrait peut-être lui donner le droit d'aimer le hockey et d'avoir découvert que Jacques Tanguay était un homme agréable à connaître. On peut quand même dire que ça se peut.

Surtout que je suis bien placé pour le savoir, André Desmarais adore le hockey et s'y connaît plutôt bien. En tous les cas, quand ça concerne le Canadien. Entre deux périodes au Centre Bell, les conversations sont fort intéressantes.

De plus, sa femme France Chrétien-Desmarais s'est dévouée corps et âme dans le mouvement olympique avant de se faire tasser par le gouvernement conservateur il y a deux ou trois ans. Peut-être qu'on s'intéresse vraiment au sport et aux jeunes athlètes dans la famille, on peut quand même accepter l'hypothèse.

Maintenant, si cette décision vise à préparer l'achat d'une équipe de la Ligue nationale avec le groupe Tanguay pour la ramener à Québec dans le nouveau Colisée, c'est le droit des hommes d'affaires de s'y essayer.

Ça se peut qu'on soit en plein milieu d'une formidable partie d'échecs et que les Remparts ne soient qu'un pion cachant la présence d'une tour ou d'un cavalier. En affaires, tout se peut, surtout ce qui n'est pas apparent. Mais à part des hypothèses de grande stratégie secrète, que voulez-vous qu'on dise?

Le 9 mars, les Remparts du président rencontrent les Saguenéens de l'humble chroniqueur. Ça devient compliqué. D'un côté, il y a le prez, il y a Jacques Tanguay avec qui je viens de régler un problème de logistique de tournage, il y a Patrick Roy que j'ai vu arriver et grandir avec le Canadien et, de l'autre, mes vieux amis de Chicoutimi, Michel Boivin, Gaby Asselin, Pierre Cardinal et Guy Carbonneau que j'ai vu arriver et grandir avec le Canadien. Assez pour déchirer un coeur.

Pour l'instant, je suis invité chez Boivin à suivre le match à RDS. Comme dirait le beau-père du président, que voulez-vous, bleuet un jour, bleuet toujours. Faut pas m'en vouloir.