Je me pose sérieusement la question après avoir analysé les rendements colligés par la firme de services-conseils Morneau Shepell, dans sa publication l'Univers de performance des gestionnaires de fonds communs. Cette publication retrace trimestriellement la performance des grands gestionnaires des portefeuilles des caisses de retraite et des familles de fonds.

À la lumière de la publication, on constate qu'un grand nombre de gestionnaires de portefeuilles réussissent à battre les indices de référence. Voilà pour le petit côté rassurant. Il y a toutefois un gros hic: le rendement rapporté dans le document est brut, c'est-à-dire qu'il ne tient pas compte d'aucune déduction de frais de gestion.

Si on soustrait dudit rendement brut le ratio annuel des frais de gestion que les familles de fonds nous demandent habituellement, disons 2,0% sur la majorité des fonds d'actions et les fonds équilibrés, là, la grande majorité des gestionnaires se font littéralement battre par les indices de référence. Une précision s'impose. Quand j'évoque les 2% de frais de gestion, cela touche les fonds distribués auprès des particuliers. La caisse de retraite et la famille de fonds, elles, ne paieront en réalité aux gestionnaires qu'une fraction de ces 2%.

Pour l'année 2010, voici les résultats (en dollars canadiens) par grande catégorie de fonds communs.

Sur les 69 portefeuilles d'actions canadiennes répertoriés, à peine 19 (1 sur 4) ont battu le rendement de 17,61% de l'indice de référence de la Bourse de Toronto, soit le S&P/TSX Composite. Après déductions des frais de gestion, mettons de 2,0%, le nombre tombe à seulement sept, soit 1 sur 10.

Les meilleurs gestionnaires de fonds d'actions canadiennes en 2010: Montrusco Bolton (Quantitatif d'actions canadiennes) avec 28,55%; CC&L Canadian Q. Value Fund avec 22,7% et Bissett Core Equity Trust avec 20,98%.

Du côté des fonds d'actions américaines, on retrace 14 gestionnaires sur 35 qui affichent un rendement brut supérieur à l'indice S&P 500 de la Bourse de New York. Rendement de l'indice: 8,89%. Si on déduit les frais de gestion, le nombre de gestionnaires gagnants baisse à 11. Les grands gagnants sont: Burgundy Smaller Companies Fund (22,32%); Hillsdale US Equity (21,05%) et Marvin&Palmer Associés (13,95%).

Chez les 34 gestionnaires de portefeuilles de fonds d'actions globales, un peu plus de la moitié (18) battent le rendement de 5,93% de l'indice MSCI Monde. Mais après déduction des frais, les gagnants chutent à seulement 12%. Templeton Global Smaller Companies arrive en tête avec un rendement de 21,47%. Suivent ensuite Mawer Global Small Cap (18,86%) et Investissements Standard Life 914,93%).

Est-ce que la moyenne au bâton s'améliore dans la catégorie des fonds diversifiés? En matière de rendement brut, c'est effectivement un peu mieux alors que deux sur trois gestionnaires battent le rendement (9,86%) de l'indice de référence. Par contre, ça se gâte royalement une fois que l'on tient compte des frais de gestion, le nombre de gagnants reculant à seulement 11%, soit un sur cinq.

Sur le podium de la catégorie: CI Signature High Income (17,12%); Acuity Pooled High Income (15,05%) et Bissett revenu de dividendes (14,40%).

C'est dans la catégorie des fonds d'obligations canadiennes que les gestionnaires tirent le mieux leur épingle avec une fiche gagnante de 39 sur 46 gestionnaires. L'indice obligataire DEX Univers a rapporté 6,74%. Après déductions de frais de gestion, ne serait-ce que de 1% dans ce cas-ci, la fiche gagnante devient nettement moins reluisante avec seulement 12 gestionnaires victorieux, soit un sur quatre.

Le trio de tête en obligations? Natcan High Yield Bond Strategy rapporte un rendement de 14,83% pour l'année 2010. Au second rang, CC&L (long terme) présente un gain de 13,17%. Et en troisième place, le portefeuille ISL (long terme) finit l'année avec 12,87% de rendement.

Si vous souhaitez battre la majorité des fonds communs, tout en renonçant au podium, il vous suffit d'investir dans quelques indices clés de la Bourse, que l'on peut acheter comme une simple action.

Voici les indices en question, avec les symboles boursiers des iShares les représentant et le rendement obtenu en 2010.

Le XIC (17,61%) représente le S&P/TSX Composite de la Bourse de Toronto. Le XSP (13,55%) clone pour sa part le S&P 500 de la Bourse de New York. Concernant le XIN (4,56%), c'est l'indice mondial de référence du MSCI EAFE. Concernant le secteur obligataire, le principal indice de référence, le DEX Universe Bond Index, se négocie sous le titre de XBB, lequel a rapporté un rendement de 6,74%.

Quand on pense que les frais de gestion de ces iShares sont minimes, soit quelques dixièmes de 1 p. cent, il y a de quoi remettre en question la pertinence d'investir dans des fonds communs et des fonds distincts.