Bon an mal an, les Canadiens versent quelque huit milliards de dollars en dons aux 85 455 organismes de bienfaisance reconnus par le fisc pour émettre des reçus d'impôt. Compte tenu des crédits d'impôt accordés aux donateurs, cette générosité représente pour le fédéral et les provinces un important manque à gagner de l'ordre de 3,5 milliards d'impôts.

Il s'agit ici d'une bien grosse «dépense fiscale» pour nos gouvernements. Par contre, force est d'admettre que la valeur financière des services rendus à la collectivité par la plupart des organismes de bienfaisance vaut bien plus cher que la somme des dons recueillis. Et pour les gouvernements, cette dépense fiscale représente un bon investissement collectif.

Un exemple tout chaud? En ce samedi 18 décembre, c'est au tour de la Guignolée du Dr Julien d'essayer d'amasser le plus d'argent possible pour permettre à sa fondation de survivre et ainsi de poursuivre son oeuvre de pédiatrie sociale auprès des enfants défavorisés.

Et la fondation du Doc Julien en a bien besoin au lendemain du refus de l'organisme Avenir d'enfants d'acquiescer à sa demande d'aide de 1,5 million de dollars. Cette somme demandée représentait environ la moitié du budget annuel (plus de trois millions) dont sa fondation a besoin pour offrir ses services de pédiatrie sociale aux enfants démunis.

Cofinancé à hauteur de 400 millions sur 10 ans par la Fondation Chagnon (250 millions) et le gouvernement Charest (150 millions), Avenir d'enfants se vante pourtant de soutenir des projets de développement qui ciblent les jeunes enfants pauvres. Mais le conseil d'administration d'Avenir d'enfants estime, étonnamment, que la Fondation du Dr Julien, malgré sa feuille de route en services essentiels auprès des enfants démunis, ne répond pas à ses critères de financement.

Le Dr Gilles Julien en est outré. Il craint d'ailleurs que la récente création d'Avenir d'enfants, annoncée en grande pompe en 2009, ne mette fin au soutien financier qu'il reçoit de la Fondation Lucie et André Chagnon. Depuis sa mise sur pied à l'automne 2000, la Fondation Chagnon a versé 6,5 millions de dollars à l'oeuvre du Dr Julien.

Le Dr Julien sent qu'on lui tire le tapis sous les pieds et ce, malgré la promesse que lui avait faite l'ex-ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget. Elle lui avait promis, dit-il, qu'Avenir d'enfants allait soutenir sa fondation. Résultat: le nouvel organisme du tandem Chagnon-Québec vient de lui verser une ridicule somme de 20 000$, en guise de contribution à l'élaboration d'un programme de formation en pédiatrie sociale.

On conviendra que l'oeuvre du Dr Julien a fait ses preuves auprès des enfants défavorisés. Et elle poursuit sensiblement les mêmes objectifs que la richissime Fondation de la famille Chagnon, dotée à l'origine d'une enveloppe de 1,4 milliard. La mission de la Fondation Chagnon? «Notre mission est de contribuer au développement et à l'amélioration de la santé par la prévention de la pauvreté et de la maladie, en agissant principalement auprès des enfants et de leurs parents.»

Une lueur d'espoir? À la Fondation Lucie et André Chagnon, on m'affirme que la décision finale concernant le versement ou pas d'une autre aide directe à l'oeuvre du Dr Julien n'est pas encore prise.

Maintenant, est-ce que ça «paye», donner à une oeuvre de bienfaisance comme celle de la Fondation du Dr Julien? Chose certaine, c'est moralement très gratifiant. Et fiscalement parlant, oui! ça rapporte d'alléchants crédits d'impôt.

Les premiers 200 $ de dons que nous versons... procurent un crédit d'impôt de 15 % au fédéral et un crédit d'impôt de 20% au provincial.

Par la suite, la générosité devient davantage «payante» puisque le pourcentage des crédits d'impôt augmente sensiblement.

Le montant des dons qui excède les premiers 200 $ donne accès à un crédit d'impôt fédéral de 29 % et à un crédit de 24% du côté du gouvernement du Québec.

Autre particularité : le montant total des dons à des oeuvres de bienfaisance est annuellement assujetti à un plafond égal à 75% de notre revenu net. Ce plafond passe à 100% de notre revenu net lors des deux dernières années de notre vie.

Fait relativement nouveau: les boursicoteurs peuvent donner des actions, des parts de fonds communs de placement et autres valeurs mobilières... et ce sans être imposé sur le gain en capital. Ils bénéficient évidemment des crédits d'impôt habituels pour dons de charité.

Avis aux couples intéressés: il est recommandé aux conjoints de regrouper leurs dons afin de bénéficier le plus possible de la portion élevée des crédits d'impôt fédéral et provincial. On a jusqu'au 31 décembre pour effectuer nos dons de bienfaisance.

Un dernier rappel: la déduction de nos dons peut être reportée sur une période de cinq ans.