Ne vous méprenez pas, j'aime Guy Lafleur autant que n'importe qui. Je l'ai côtoyé pendant des années et je me disais toujours que ce diable d'homme ne se prenait même pas pour Guy Lafleur.

Toutes les belles choses qui ont été dites sur sa gentillesse, sa simplicité et sa générosité sont vraies.

Mais si on parle de hockey, il ne faut pas gâcher l'événement de ce week-end en disant n'importe quoi. Quand j'ai entendu des collègues déclarer que Lafleur avait été étincelant avec son tour du chapeau, qu'il avait fait ses adieux à Montréal de façon spectaculaire, j'ai zappé en vitesse pour m'éviter une autre montée de lait.

Simonaque... le gars a presque 60 ans, il joue au ralenti, il a marqué trois buts dans un match de 15-8 où il était l'invité d'honneur, ses coéquipiers comme ses adversaires, qui jouaient au ralenti eux aussi, ont tout fait pour le mettre en évidence...

C'était du fake, comme la lutte. C'était pour s'amuser et amasser des fonds.

Il fallait être un véritable ti-coune pour s'exciter pour ce match de hockey «passé date». Et un bien mauvais reporter.

Vive les petits gros!

Au milieu de ce trop-plein de sport pour un seul week-end, le meilleur spectacle a sans doute été celui de Tiger Woods, qui a entrepris la ronde finale d'un tournoi avec quatre coups d'avance... pour flancher en prolongation.

On a cru revoir le plus grand golfeur de tous les temps pendant quelques jours, mais dans le crunch final, comme ils disent, le Tiger a commis quelques gaffes qui m'ont rappelé l'époque où j'essayais d'aimer le golf. Ça me console toujours.

Et puis je me suis surpris, contrairement à la foule qui assistait au tournoi, à encourager le petit gros Irlandais - Graeme McDowell - qui a refusé de se laisser intimider et qui avait des couilles en acier. Il fait bon de voir un petit gros triompher de temps en temps.

Quant à ma carrière sur les links - je crois que c'est comme ça qu'on dit -, elle n'a pas été glorieuse. Je n'ai jamais réussi à aimer le golf et le golf me le rendait bien. Au début du deuxième neuf, j'avais toujours hâte que ça finisse. Et puis je n'aimais pas ce qui se passait autour du jeu, au clubhouse, par exemple. Tous ces gens qui se prenaient au sérieux, qui parlaient de leurs nouveaux bâtons et des quelques bons coups qu'ils avaient réussis, alors qu'ils étaient des golfeurs un peu moins médiocres que moi.

J'ai accroché mes fers et mes bois lorsque mon partenaire et ami préféré est subitement décédé. Je me suis alors rendu compte que je jouais au golf rien que pour lui faire plaisir. On rigolait bien. Il faisait des colères terribles après chaque coup manqué et je me cachais derrière un arbre pour rire.

Une fois, il a raté un coup, il n'a rien dit, il a pris son sac et il s'est dirigé lentement vers le stationnement. On ne l'a pas revu ce jour-là, mais on a ri pendant toute la soirée.

Pas infaillible

J'ai ensuite vu Peyton Manning, que je croyais infaillible, être victime de quatre interceptions, ce qui lui en faisait 10 en trois matchs. Vous savez que son père a été quart-arrière dans la NFL, que son frère Eli est le quart des Giants de New York et que ces garçons-là sont nés pour être quarts-arrières. Ils ont appris à lire des défenses en même temps que l'abc.

Mais depuis trois matchs, Peyton ne sait plus lire et plus il se trompe, plus il devient nerveux, ce qui représente une des grandes leçons du sport. Retrouver son sang-froid dans les pires circonstances, ça vous sert toute la vie.

Allez, Peyton! Il va revenir en force, j'en suis certain.

Denis et Denis

«Rocket, mon aquatique ami, les gens ne cesseront jamais de nous étonner, comme dirait Denis Lévesque. Voir Denis Coderre siéger à un comité d'éthique et faire le matamore du haut de sa blanche pureté, ça surprend. Et je ne parle pas de Denis Lévesque. Interviewer un travesti unijambiste pendant une demi-heure, faut le faire... Moi qui pensais que les freak shows avaient été déclarés illégaux il y a longtemps.

Dis donc, scribe, c'était bien la manif de samedi au parc La Fontaine?

Très bien, Rocket. Il y a quelque chose de singulier dans le fait de réunir plus de 2000 personnes toutes fâchées contre le même individu. Et de marcher à l'unisson sur l'avenue du Mont-Royal en scandant: «Voyou! Voyou!» On se dit que la vie vaut la peine d'être vécue dans ces moments-là.

Je vous remercie au nom des copains de RueFrontenac.com.»