Une autre matinée infernale hier pour les automobilistes de la région de Montréal, en particulier pour ceux venant de la Rive-Sud. Ces derniers ont mis au moins une heure pour traverser le fleuve. Un accident à la sortie du pont Champlain, un autre sur le pont Jacques-Cartier: cela a suffi à paralyser la circulation. Une preuve de plus de la fragilité du réseau routier métropolitain, débordé par un parc automobile qui ne cesse de grossir.

Une autre matinée infernale hier pour les automobilistes de la région de Montréal, en particulier pour ceux venant de la Rive-Sud. Ces derniers ont mis au moins une heure pour traverser le fleuve. Un accident à la sortie du pont Champlain, un autre sur le pont Jacques-Cartier: cela a suffi à paralyser la circulation. Une preuve de plus de la fragilité du réseau routier métropolitain, débordé par un parc automobile qui ne cesse de grossir.

Les habitants de la Rive-Nord bénéficient depuis trois ans d'une ligne de métro. Ils pourront circuler l'été prochain sur le nouveau pont de la 25. On verra à ce moment-là si les bouchons se feront moins fréquents ou bien si, comme cela arrive généralement, les voies supplémentaires seront vite encombrées à leur tour. Ce sera aussi l'occasion d'analyser la réaction des automobilistes de la région à un péage intelligent, le tarif pour accéder au nouveau pont devant varier selon le moment de la journée.

Sur la Rive-Sud, aucune nouvelle infrastructure n'a été construite après le métro et le tunnel Louis-Hippolyte LaFontaine, il y 43 ans. Au cours de ces quatre décennies, la population de la Montérégie a explosé. Il y a sept ans, une commission d'enquête sur la mobilité entre Montréal et la Rive-Sud concluait que «le statu quo ne peut être envisagé sans risque d'incidences graves sur l'économie régionale». La commission présidée par l'ingénieur Roger Nicolet proposait divers projets de pont et de tunnel; cette approche fut dénoncée, à raison, parce que trop favorable à l'automobile. Depuis, ni les projets mis de l'avant par la commission Nicolet ni ceux envisagés par les promoteurs des transports collectifs n'ont avancé d'un millimètre. Le statu quo devient de plus en plus intenable.

Les automobilistes de la région montréalaise font preuve d'une impressionnante tolérance. Malgré les bouchons, rares sont ceux qui délaissent leur voiture en faveur du bus, du train ou du métro. Il faut dire que, selon un récent sondage réalisé pour la société IBM, les trajets quotidiens sont moins pénibles ici que dans d'autres grandes villes de la planète.

Autre phénomène: les banlieusards demeurent de plus en plus loin de l'île, dans des municipalités qu'il est difficile de bien desservir par les transports en commun. Dans ces conditions, l'automobile offre un confort et une flexibilité incomparables.

Que faire? La fluidité du transport dans la région, essentielle aux plans humain, économique et écologique, sera seulement rétablie par la combinaison d'investissements supplémentaires dans les transports collectifs et d'un système régional de péage intelligent. Le politicien qui osera proposer une telle mesure n'est pas encore né. Préparez-vous à passer bien d'autres matinées à poireauter dans votre auto.