Le contrat d'ambassadeur du Canadien de Guy Lafleur prend fin le 31 août. C'est peut-être un hasard, mais les grands patrons du Canadien ont enfin donné signe de vie au lendemain de l'acquittement de Lafleur en Cour d'appel.

Hier, selon une source d'information digne de foi, Réjean Houle a rencontré Lafleur ou son représentant pour déblayer le terrain. Les négociations sont donc entamées.

Cependant, Houle est le patron des Anciens Canadiens. On peut donc présumer que Guy Lafleur a la même valeur pour Geoff Molson que Pierre Mondou et Yvon Lambert.

Comme ça me semble invraisemblable qu'on soit aussi peu prévenant envers tout ce que représente Guy Lafleur pour les partisans du Canadien et pour le Québec et le Canada, je me dis que Réjean Houle a la mission d'établir un premier contact et que les vraies négociations vont être menées par le propriétaire lui-même, M. Molson. J'espère.

Je sais que Pierre Boivin prétend sans doute qu'il a le mandat de négocier ce contrat, mais comme on lui a indiqué qu'il devait quitter l'organisation dans neuf mois, je tiens pour acquis que sa marge de manoeuvre est diminuée et que ses pouvoirs sont restreints.

C'est simple, Guy Lafleur mérite d'être traité comme Jean Béliveau et mieux que Maurice Richard qui a dû attendre 20 ans une réparation du Canadien. Je sais que Lafleur n'a pas le même caractère ni la même personnalité que Béliveau, qui a tout d'un vrai sénateur, et que son tempérament bouillant l'a souvent mené dans des situations difficiles et, en cela, il rappelle Maurice Richard, mais il demeure le dernier des vrais. Même Patrick Roy n'a pas le statut de Lafleur. On parle de deux mondes.

Guy Lafleur soutient, et il a parfaitement raison, qu'il est représentant du Canadien 365 jours par année. C'est impossible de vouloir retenir ses services en le payant à la pièce. À toutes les fois que Lafleur va dans un tournoi de golf pour des fins caritatives, c'est Guy Lafleur, le grand du Canadien, qu'on vénère. Même quand il va magasiner dans un centre commercial près de son restaurant ou au centre-ville, tout le monde voit en lui LE Canadien. On ne parle pas d'Andrei Kostitsyn ou de Carey Price. Ça se respecte et ça se paye, ce formidable statut.

Quand on voit combien sont payés certains pousseux de puck de l'organisation, on se dit qu'il doit rester quelques centaines de dollars pour celui qui a porté l'équipe sur ses épaules. Et qui le fait encore chaque jour pendant que The Glorious sont en vacances dans leur pays respectif ou se faufilent dans leur VUS aux vitres teintées pour entrer dans le Centre Bell sans avoir à signer un autographe.

Le vrai respect commence par l'interlocuteur. Malgré toute l'affection que j'ai pour Réjean Houle, je trouve déplacé que le mini-boss des Anciens ose négocier un contrat avec un joueur qui a porté le flambeau aux plus grandes hauteurs des 50 dernières années.

Et compte tenu des circonstances, même Pierre Boivin qui doit trouver que Lafleur est trop rebelle, trop indépendant et franchement pas contrôlable par Donald Beauchamp comme les autres petits minous bien dressés de l'organisation, n'a pas l'autorité morale pour traiter de cette affaire.

C'est simple, Guy Lafleur mérite que Geoff Molson l'invite dans un bon restaurant et lui offre un contrat digne de ce que Lafleur représente pour cette organisation qui a oublié ses origines. Lafleur a le droit de parler directement avec M. Molson. Point final. Et non Point J.

Sinon, va falloir téléphoner à Steve Yzerman pour lui dire qu'un extraordinaire ambassadeur serait disponible pour le Lightning au Québec! Tant qu'à être Québécois...

Photo: Bernard Brault, archives La Presse

Guy Lafleur mérite d'être traité comme Jean Béliveau, et mieux que Maurice Richard qui a dû attendre 20 ans une réparation du Canadien.