Roland Melanson a gagné trois Coupes Stanley aux côtés de Billy Smith. Il a été l'adjoint de Patrick Roy. Et il était l'entraîneur de José Théodore quand celui-ci a fait des miracles contre les Bruins lors des séries de 2002 et 2004.

L'excellence, il connaît.

Mais pour l'ancien coach des gardiens du CH, ce qu'a accompli Jaroslav Halak dans la série entre le Canadien et les Capitals est unique. «Il a joué de manière presque inhumaine dans le premier match et les trois dernières victoires, m'a-t-il dit, hier. Je ne me rappelle pas d'une performance comme son match de 53 arrêts. Il a fait des arrêts difficiles, mais est resté tout le temps sous contrôle et faisait constamment face à la rondelle.»

«J'ai vu de grandes performances de Patrick quand j'ai joué avec lui. Et l'année où Théo a gagné le trophée Hart, il a été souvent extraordinaire. Je me souviens qu'un soir à Toronto, on avait donné quelque chose comme 48 tirs, dont 32 chances de marquer. Mais de jouer comme Halak l'a fait, sous une tonne de pression, dans un match qu'il faut absolument gagner et quand ton équipe ne marque pas beaucoup de buts? C'est autre chose.»

Même s'il a dû céder sa place à Pierre Groulx, l'été dernier, Melanson est resté proche de Halak, qu'il considère comme un ami, au même titre que d'autres ex-protégés, comme Théodore, Cristobal Huet et Jeff Hackett. Il lui a envoyé un texto pour le féliciter après la victoire du Canadien dans le septième match. «Je lui ai dit que j'étais fier de lui et de la façon dont il joue», a dit l'ancien gardien.

Melanson et Halak ont commencé à travailler ensemble à l'époque où le choix de neuvième ronde du Canadien en 2003 jouait encore en Slovaquie. Quand Halak s'est joint aux MaineIacs de Lewiston, l'année du lock-out dans la LNH, Melanson s'est régulièrement rendu dans le Maine pour encadrer le jeune espoir du Canadien.

Après le sixième match, Théodore a confié à mon collègue François Gagnon qu'il voyait dans le jeu de Halak la marque de l'enseignement de Melanson. Les deux n'ont pas un gabarit particulièrement imposant, mais l'entraîneur d'origine acadienne a façonné leur style de manière à ce que les quelques pouces qu'ils concèdent à des gardiens comme Roberto Luongo ou Carey Price ne soient pas un handicap.

Toujours très actif sur Twitter, l'agent de Halak, Allan Walsh, a rendu hommage à Melanson dans les minutes qui ont suivi la victoire finale du Canadien, mercredi. «Il a été là pour Jaro Halak depuis le début... un grand mentor et professeur. Il est pour beaucoup dans les succès de Jaro!» a-t-il écrit.

Melanson appréciait l'ardeur au travail du jeune Slovaque. «Il s'intéressait à tous les détails du jeu. Ça prend ça pour avoir du succès dans la Ligue nationale. Je n'ai jamais vu un gars travailler aussi fort. Les entraînements étaient aussi importants que les matchs pour lui. Il ne voulait pas se faire scorer de buts. C'est pour ça que ses coéquipiers le respectent tellement.»

Halak peut-il répéter ses miracles contre Pittsburgh? Melanson pense que oui, tout en redoutant la force de frappe et surtout l'équilibre des Penguins. «Il va certainement donner une chance au Canadien. La différence, c'est que Pittsburgh, contrairement à Washington, a déjà gagné. Le style des Capitals n'est pas basé sur l'équipe, mais sur le jeu individuel. Ils sont habitués à marquer cinq ou six buts par match pendant la saison et laissent souvent leur gardien tout seul, tandis que les Penguins peuvent jouer dans les trois zones. Le défi est là. Ce ne sera pas facile.»

Non, ce ne sera pas facile. Surtout que les Penguins ont dans leur manche un atout extraordinaire: Sidney Crosby. Contrairement à Alexander Ovechkin, Sid the Kid a prouvé qu'il est parfaitement à l'aise dans la fournaise des séries. Contre le club qu'il a adulé dans son enfance et qui avait repêché son père Troy, il faut s'attendre à des étincelles. Jouer au Centre Bell ne l'intimidera pas; au contraire, il voudra profiter de son passage sur la scène la plus prestigieuse du hockey pour y laisser une empreinte indélébile. Jacques Martin est mieux d'avoir un bon plan pour le contenir, parce que ça risque d'être plus compliqué que contre Ovechkin.

Pittsburgh en six, donc. Pour ce que ça vaut. Après tout, l'auteur de cette prédiction est le même chroniqueur qui avait prédit que jamais Montréal ne gagnerait les trois derniers matchs de sa série contre Washington...

Boudreau mérite une autre chance

Des voix s'élèvent à Washington pour réclamer la tête de l'entraîneur Bruce Boudreau. Le blogue du propriétaire des Caps, Ted Leonsis, qui déplore «le faible quotient intellectuel de hockey» de son équipe et l'incapacité de celle-ci à s'ajuster aux tactiques adoptées par le Canadien (voir la traduction du texte de Ted Leonsis en page 8), ne sonne pas exactement comme un vote de confiance envers Boudreau.

Ce serait pourtant une erreur de le virer maintenant. Comme ses jeunes joueurs, il apprendra de ses erreurs.

Les Islanders de New York n'ont pas mis Al Arbour dehors quand l'équipe a connu des insuccès en séries à la fin des années 70. Et ils ont fini par remporter quatre Coupes Stanley. La stabilité a ses vertus.

Cela dit, Washington est mieux de gagner quelques rondes l'an prochain. La patience a ses limites...

Photo: AP

Selon Roland Melanson, ce qu'a accompli Jaroslav Halak dans la série entre le Canadien et les Capitals est unique.