Statistique Canada a publié hier deux indicateurs importants: l'indice des prix à la consommation pour le mois de mars et le résultat des ventes au détail pour février.

Normalement, c'est l'indice des prix à la consommation qui devrait retenir l'attention, et c'est normal: le taux d'inflation est une notion facile à comprendre, et qui nous apprend dans quelle mesure notre pouvoir d'achat a changé au cours du mois.

Cela touche directement notre portefeuille.

Cette fois-ci, c'est différent. La nouvelle du jour, la grande nouvelle peut-on dire, nous vient des chiffres sur le commerce de détail.

En février, les ventes au détail au Canada ont atteint 36 milliards de dollars, en hausse de 0,5% par rapport au mois précédent. C'est la troisième progression mensuelle consécutive, et elle s'inscrit dans la tendance à la hausse des 12 derniers mois.

Si on regarde les chiffres sur une plus longue période, on s'aperçoit que ce montant de 36 milliards a pratiquement rejoint le niveau d'octobre 2008, c'est-à-dire juste avant la récession. En fait, il ne manque que 430 millions pour combler l'écart.

Mais l'économiste Francis Fong, du Groupe financier TD, souligne que ces montants sont exprimés en dollars courants. Si on les ajuste pour tenir compte de l'inflation, les ventes au détail, pour la première fois, ont maintenant dépassé leur niveau d'octobre 2008. Autrement dit, tous les dommages causés par la récession dans le secteur vital du commerce de détail sont maintenant réparés. «Voilà franchi un jalon majeur,commente M. Fong. Le commerce de détail est le premier indicateur économique important à effacer les pertes de la récession.» Enfin, on nous annonce clairement la lumière au bout du tunnel. La bonne nouvelle est là.

Les ventes au détail constituent un excellent baromètre du niveau de confiance des consommateurs. À cet égard, les résultats publiés hier contiennent plusieurs nouvelles encourageantes.

Traditionnellement, ce sont les marchés d'alimentation (excluant les dépanneurs) qui constituent le poste le plus important du commerce de détail. Ainsi, en février, leurs ventes ont atteint 6 milliards, ou 16,7% des ventes totales.

Or, toujours pour le même mois, ce sont les concessionnaires automobiles (véhicules neufs seulement) qui emportent la première place, avec 6,2 milliards, ou 17,1% des ventes totales.

Il y a évidemment une différence entre l'épicerie, une dépense récurrente et essentielle, et l'acquisition d'une voiture neuve, une dépense importante (souvent la plus importante après l'achat d'une maison) qu'on ne fait pas à la légère, et surtout pas quand on envisage l'avenir avec pessimisme. Or, en février comme au cours des 12 derniers mois, les ventes de véhicules neufs ressortent comme la véritable locomotive du commerce de détail. Clairement, la confiance des ménages revient.

De plus, une ventilation régionale permet de voir que les ventes sont en hausse partout au Canada, même dans les provinces les plus touchées par la récession, comme l'Ontario et l'Alberta. Seule la Saskatchewan accuse un recul, mais celui-ci est infinitésimal. Au Québec, le commerce de détail a progressé de 0,4%, un petit peu moins que la moyenne canadienne. Par contre, sur une année complète, la hausse est de 7,4%, comparativement à 6,4% dans l'ensemble du pays.

En ce qui concerne les prix à la consommation, Statistique Canada rapporte une inflation zéro en mars. Cela a pour effet de diminuer le taux annuel d'inflation à 1,4%, comparativement à 1,6% en février.

Sur une année complète, c'est surtout à cause de l'essence que les prix continuent de monter. Le précieux liquide coûte en effet 17,2% de plus qu'en mars 2009. Parmi les autres responsables de la hausse des prix, il faut citer les primes d'assurance automobile, les impôts fonciers, les voitures et les repas au restaurant. Par contre, le gaz naturel, le matériel vidéo, le transport aérien, les vêtements pour femmes et les taux des intérêts hypothécaires coûtent tous moins cher qu'il y a un an.

Il faudra maintenant attendre les chiffres d'avril pour entrevoir ce que fera la Banque du Canada sur le front des taux d'intérêt. Cette semaine, les autorités de la banque ont reconduit le taux directeur de 0,25%, mais doivent se réunir de nouveau le 1er juin, c'est-à-dire quelques jours après la publication des chiffres d'avril. Moins l'inflation est élevée, moins les chances d'une hausse de taux le sont aussi.