Il n'y a plus de bedeau. Il y a maintenant un vrai commissaire, capable de se tenir debout devant les impératifs financiers et lucratifs de la Ligue de hockey junior majeur du Québec.

Gilles Courteau et son préfet de discipline, Raymond Bolduc, viennent d'envoyer un formidable message à tous les jeunes qui évoluent dans les circuits mineurs du Québec. En tous les cas, au niveau junior.

Si vous agressez un adversaire en le frappant volontairement à la tête, vous allez être banni de votre circuit pour le reste de la saison, y compris les séries éliminatoires.

J'étais convaincu que MM. Bolduc et Courteau n'auraient pas le courage d'aller au bout de leurs responsabilités. Je m'attendais à une suspension pour le reste de la saison régulière et à un pardon pour les séries. Ç'aurait été la façon de calmer les dirigeants et propriétaires des Huskies de Rouyn-Noranda qui, malheureusement pour eux et leurs partisans, sont frappés de plein fouet par le verdict.

J'ai participé à une émission de radio, hier midi, à Rouyn-Noranda, et la déception était palpable chez les gens de l'organisation. On a essayé de me convaincre que le coup de coude de Patrice Cormier n'était pas prémédité. Il va sans dire qu'il n'y a pas pire aveugle qu'un amant trompé. Cependant, en cours de discussions, un des intervenants a lancé que Patrice Cormier avait payé pour d'autres et que la philosophie de la violence dans le hockey amateur québécois ne serait pas changée en profondeur pour autant. Il a sans doute raison. Mais Gilles Courteau devait agir pour préserver la crédibilité de sa fonction et de sa personne.

La ministre Michelle Courchesne a appuyé la décision de Raymond Bolduc et c'est très bien. Mais surtout, Stéphane Leroux, de RDS, qui a fait un travail colossal dans ce dossier, a révélé que René Fasel, le président de la Fédération internationale de hockey sur glace, et Bob Nicholson, de Hockey Canada, avaient échangé des courriels pour être certains que le cas Cormier serait pénalisé avec toute la sévérité qui s'imposait.

Il ne faut pas oublier que des parents suédois, finlandais, russes, tchèques, slovaques, et j'en oublie, confient leurs jeunes à la LHJMQ et que les fédérations nationales de ces pays surveillent ce qui se passe à Rouyn ou à Chicoutimi.

Il est également certain que Big Brother surveille tout ce qui se passe dans les arénas et que les images enregistrées par toutes ces caméras ont un impact énorme sur les dirigeants du hockey mineur. Dans le passé, Rodrigue Lemoyne à Sorel ou Michel Bergeron à Trois-Rivières et Germain Munger à Chicoutimi n'avaient pas de caméra pour les surveiller. Les scandaleuses bagarres générales, qui égayaient les soirées du junior en province, restaient des mets raffinés à être dégustés dans une relative intimité.

Mais quand la caméra suit Patrice Cormier sortant du banc des joueurs et ensuite son coup de coude, qu'on voit les convulsions du joueur blessé sur la glace et que les télés d'information continue nous repassent ces images révoltantes aux 10 minutes pendant une semaine, la cause est jugée et entendue avant même que le commissaire n'ouvre la bouche.

Quand même, c'est un mal pour un bien. J'espère seulement que les Huskies de Rouyn-Noranda ne porteront pas la peine en appel au bureau du commissaire. Et si jamais ils le font, je considère que Courteau n'aura pas d'éléments nouveaux pour plier dans le sens du vent.

Parlant de sens du vent, on a vu la limite de tous ces anciens coachs du junior qui sévissent à la télé. Je ne préjuge pas de leur bonne volonté, mais tout leur passé les pousse à tenter de protéger une situation qui a déjà existé. Ils devront se faire à l'idée. Le hockey a évolué parce que la société a évolué. On ne peut pas inviter les Suédois, Russes et autres Européens à venir jouer au hockey chez nous sans se comporter comme des gens civilisés. De toute façon, on ne peut pas forcer nos jeunes à se comporter comme des barbares et des tueurs à gages parce qu'ils portent un uniforme et qu'ils jouent au hockey.

Si on forme des gentlemen au football, pourquoi n'en serait-il pas de même au hockey?

Bravo, monsieur le commissaire.

Jacques Martin a pris le contrôle

Je pense, et j'écris je pense parce qu'il est impossible d'avoir des preuves de ce que j'avance, que Jacques Martin a maintenant pris le contrôle de l'équipe. L'an dernier, quand Guy Carbonneau a demandé à Bob Gainey de raisonner certains joueurs ou de le débarrasser des cas problèmes, il ne s'est rien passé. Gainey est allé prendre une marche dans le Vieux avec Alex Kovalev et rien n'a changé dans l'équipe. Tout ça a conduit au congédiement de Carbonneau. Avec les résultats désastreux qu'on connaît.

Quand Jacques Martin a demandé de le débarrasser de Georges Laraque, Gainey a tenté le même truc. Il a offert à Laraque de prendre un congé pour se rendre en Haïti. Ça n'a pas fonctionné et, cette fois, le coach a gagné. Gainey a été obligé de reconnaître son erreur et il a congédié Laraque en devant payer son salaire cette saison tout en versant un million l'été prochain pour racheter la dernière année du contrat.

Puis, preuve que Jacques Martin porte maintenant les culottes dans cette organisation, Max Pacioretty et Matt D'Agostini sont rendus à Hamilton même s'ils étaient des sélections de Gainey. Vendredi soir, c'est Jaroslav Halak qui a affronté les Devils du New Jersey et c'est encore lui, 24 heures plus tard, qui a affronté les Rangers de New York. Le chouchou du directeur général n'a pas reçu pareille fessée de toute sa carrière dans l'organisation du Canadien.

C'est tant mieux. Le jugement de Jacques Martin est solide. Il a ses défauts, qui n'en a pas, mais il compte sur 1000 matchs derrière un banc dans la Ligue nationale et c'est un homme qui a de la poigne, même s'il a l'air parfois placide dans ses rencontres de presse.

De toute façon, j'avais prévu cette victoire contre New Jersey. De toute façon, à toutes les fois que Halak est devant le but, il faut choisir le Canadien tellement son ratio de victoires et de défaites est positif.

Il semble bien que Jacques Martin va conduire ses troupes en séries. Tant mieux.