Aussi incroyable que cela puisse paraître, les réserves d'or du gouvernement canadien sont aujourd'hui tellement minimes qu'elles sont même inférieures à celles du Bangladesh et du Sri Lanka.

Les réserves d'or détenues par l'entremise de la Banque du Canada s'élèvent à peine à 3,4 tonnes, soit un dixième de tonne de moins que celles du Bangladesh et quelque deux tonnes de moins que celles du Sri Lanka. Sur la centaine de pays qui détiennent des réserves d'or, le Canada arrive au 78e rang. Et il arrive à la queue des pays membres du G7 et du G20.

Il faut croire que le gouvernement fédéral, par l'entremise de la Banque du Canada, n'en a rien à foutre de l'or comme valeur refuge pour se protéger notamment contre la chute du dollar américain.

C'est vraiment dommage parce que le gouvernement fédéral, après avoir massivement liquidé, dans les années 90, le restant de ses réserves d'or, a carrément raté la fabuleuse flambée du cours de l'or amorcée en 2004, l'once passant de 400$ à quelque 1130$US.

Fait à noter, historiquement parlant, le gouvernement du Canada, par l'entremise de la Banque du Canada, a réussi à se démarquer par un étonnant manque de timing: ses ventes massives de tonnes d'or ont été effectuées la plupart du temps lors des périodes de baisse du prix de l'or!

Plus poche que ça, c'est difficile à battre! Le gouvernement canadien s'est ainsi retrouvé avec un gigantesque manque à gagner de dizaines de milliards de dollars.

Rétrospective. En 1965, le gouvernement fédéral détenait 1023 tonnes d'or dans son bunker de la Banque du Canada. À 1130$US l'once, ces 1023 tonnes vaudraient aujourd'hui 37 milliards US. Au lieu de cela, on se retrouve aujourd'hui avec seulement 3,4 tonnes, d'une valeur de 123 millions US.

Certes, le gouvernement canadien n'est pas le seul gouvernement à avoir réduit ses réserves d'or de façon importante. Mais de là à ne détenir qu'une minime réserve, c'est un pas que seul le Canada a franchi au plus fort des ventes massives d'or de la part des banques centrales de plusieurs pays aux réserves bien garnies.

Jetons un coup d'oeil sur les réserves aurifères des autres membres du G7, telles que rapportées au 30 septembre dernier par le World Gold Council. La valeur monétaire a été calculée sur un prix de 1130$US l'once.

> États-Unis: 8133 tonnes (294 milliards US)

> Allemagne: 3408 tonnes (123 milliards US)

> Italie: 2452 tonnes (89 milliards US)

> France: 2445 tonnes (88 milliards US)

> Japon: 765 tonnes (28 milliards US)

> Grande-Bretagne: 310 tonnes (11 milliards US)

Parmi les autres pays qui détiennent d'importantes réserves d'or, il y a la Chine (1054 tonnes: 38 milliards US); la Suisse (1040 tonnes: 37 milliards US); les Pays-Bas (613 tonnes: 22 milliards US); la Russie (568 tonnes: 20,5 milliards US); Taiwan (424 tonnes: 15 milliards US); l'Inde (358 tonnes: 809 millions US).

Comment explique-t-on la récente flambée de l'or? Elle serait attribuable à l'engouement des gros investisseurs institutionnels. Quand on parle de gros investisseurs, il y a notamment des banques centrales, dont celles de la Chine, de l'Inde, du Sri Lanka et de la Russie. Elles achètent de l'or pour protéger leurs réserves monétaires contre la volatilité du dollar américain. La faiblesse du dollar américain est due au lourd endettement des États-Unis et à «l'obligation» de la Réserve Fédérale de maintenir les taux d'intérêt à un très bas niveau.

Selon la lettre financière Victor Gonçalves, Equities & Economics, il y aurait présentement pénurie des réserves d'or brut dans le monde. La demande d'or s'élève actuellement à 3800 tonnes par année alors que les réserves minées atteignent à peine 2600 tonnes. L'écart est habituellement comblé par l'or recyclé et la vente des banques centrales.

Mais comme plusieurs banques centrales sont plutôt en demande par les temps qui courent... cela crée forcément une pression à la hausse sur le cours de l'or.

Pour combien de temps encore? Voilà la question qui vaut son pesant d'or!