Jean Pascal est champion du monde des mi-lourds. Il a une belle gueule et de jolies fringues. Et le punch de ses deux poings n'a d'égal que celui des commentaires assassins et souvent hilarants qu'il assène à ses adversaires.

Mais il y a une chose qui manque visiblement à celui qui mettra sa ceinture à l'enjeu, lors d'un combat revanche contre Adrian Diaconu, le 11 décembre, au Centre Bell: le sentiment de faire l'unanimité.

En conférence de presse avec Diaconu, hier, le champion du WBC a senti le besoin de s'en prendre aux «pommes pourries» qui ont osé décocher quelques flèches en sa direction ces derniers temps.

Pascal a entre autres visé l'entraîneur Stéphan Larouche, du clan InterBox, auquel est associé Diaconu. Le printemps dernier, Larouche s'était moqué du fait que Pascal était allé en camp d'entraînement en Floride - «à Cap Canaveral», avait dit Larouche - avant le premier combat contre Diaconu.

«Il y a des gens qui essaient de faire passer Jean Pascal pour un mauvais garçon, a lancé le champion. On se plaignait que j'allais en camp d'entraînement à l'extérieur. On disait que je m'éloignais parce que je me trouvais trop bon pour le Québec et que je ne voulais pas prendre les ressources disponibles ici. Et qui s'en va en camp d'entraînement maintenant? Lucian Bute et Adrian Diaconu.»

Bute se prépare, en effet, en Floride en vue de son combat du 28 novembre contre Librado Andrade. Quant à Diaconu (26-1-0), il s'apprête à aller passer plusieurs semaines à Altona, dans l'État de New York, où Pascal s'est entraîné avant sa victoire du 25 septembre contre l'Italien Silvio Branco.

Ce combat de défense obligatoire n'a attiré qu'environ 5000 spectateurs, ce qui a suscité quelques remarques désobligeantes sur la popularité de Pascal auprès des amateurs de boxe québécois. «C'est dommage, parce que la seule chose que je veux, c'est que le Québec soit fier de moi, a dit Pascal, hier. Je veux le mettre sur la map.

«Les gens essaient de me faire passer pour un mauvais garçon, mais je suis très sympathique. Je suis peut-être un peu flashy, et j'aime les belles choses, mais c'est moi. Je suis comme ça.»

Peut-être que Pascal ressort ces histoires simplement pour mousser son prochain combat. Il maîtrise assez l'art de la promotion pour ça. Mais il donne vraiment l'impression d'un gars qui se demande pourquoi il n'est pas plus populaire. Pour mémoire, lors de son premier combat contre Diaconu, le Roumain avait la faveur de la majorité du public.

L'image qu'il projette

L'explication se trouve dans l'image que projette Pascal. À tort ou à raison, les gens semblent s'identifier davantage à un col bleu de la boxe comme Diaconu qu'à un émule de Roy Jones qui parle de lui-même à la troisième personne. Et qui a élevé le trash talk à une forme d'art mineur. («Je vais cuisiner des pâtes italiennes à la sauce sanglante», avait-il dit avant son combat contre Branco.)

Personnellement, j'aime bien Pascal. Il est explosif et donne un bon spectacle dans le ring, comme ses bagarres de ruelle contre Carl Froch et Diaconu l'ont amplement démontré. Oui, il a une grande gueule. Et puis après? Pourquoi ne pas rire de ses facéties au lieu d'y chercher les preuves de son insolence? À l'entendre s'indigner contre ses détracteurs, hier, il a l'air d'être davantage habité par un profond désir de plaire que par l'arrogance qu'on lui prête.

Les enjeux sont grands

Le combat du 11 décembre pourrait bien être aussi mémorable que celui du mois de juin. Les enjeux sont grands. Pour Pascal, c'est la dernière étape à franchir avant de plus lucratifs combats. Antonio Tarver et Tarvaris Cloud sont des adversaires potentiels, selon le promoteur de Pascal, Yvon Michel. Quant à Diaconu, une deuxième défaite consécutive signifierait le retour aux petits combats à 15 000$.

«Adrian va avoir sa chance et c'est tout ce qu'il voulait. Il n'a pas de peur de rembarquer sur le ring, dit son entraîneur, Pierre Bouchard. Il a besoin de ce titre-là. C'est un monde difficile. Avec la ceinture, les gros combats et l'argent vont suivre.»

Diaconu, qui n'avait pas sa fougue habituelle en juin, sait qu'il devra hausser le rythme s'il veut vaincre Pascal. «La dernière fois, je ne m'étais pas battu depuis un bout de temps et je n'étais pas assez rapide, mais là je serai prêt», a-t-il dit.

«C'est à nous de relever notre jeu, a ajouté son entraîneur, Pierre Bouchard. Je ne pense pas qu'on puisse connaître une moins bonne performance et je ne pense pas que Jean puisse offrir une meilleure performance. C'est assuré qu'on va avoir un combat très compétitif.»

Personne ne s'en plaindra. Pas même les détracteurs de Jean Pascal.