L'idée de soumettre la candidature de Montréal pour l'obtention de l'Exposition universelle de 2020 est née dans l'esprit de Benoit Labonté il y a plus d'un an. En se joignant à Vision Montréal, Louise Harel en a hérité. C'est à elle, aujourd'hui, de convaincre les Montréalais qu'un événement de ce genre est LE projet mobilisateur qui extirpera la métropole de sa morosité en structurant les grands projets de transport et d'aménagement.

Il s'agit toutefois d'une mauvaise idée. L'expo universelle devrait rester ce qu'elle est depuis plus de 40 ans dans la mémoire des Montréalais: un excellent souvenir.

 

C'est une règle qui s'applique aussi bien en amour qu'aux grands événements: il ne faut jamais essayer de faire revivre la magie de passé.

L'idée de l'exposition universelle a fait son temps. C'est un concept dépassé qui correspondait très bien à l'esprit des années 60 et 70, à une époque où les villes s'ouvraient sur le monde et où les jeunes, férus de voyages, partaient à la découverte de nouvelles cultures.

Nous sommes à des années-lumière de cette époque. Nos enfants regardent des vidéos en provenance des quatre coins du monde sur YouTube et chattent avec des jeunes de partout sur Facebook. En 1851, lors de la première Exposition universelle, on se rendait à Londres pour découvrir le monde. Aujourd'hui, il vient à nous grâce à l'internet. Comme l'a si bien dit Phyllis Lambert hier, «l'expo est une idée du XIXe siècle, trouvons autre chose».

Conseil judicieux quand on sait que pour certaines villes qui ont accueilli l'expo au cours des dernières années, l'expérience s'est traduite par une marque rouge indélébile dans leur budget. Qu'on pense à l'Expo de 2000 à Hanovre, en Allemagne, qui a englouti 1,6 milliard de dollars ou encore, celle de La Nouvelle-Orléans, en 1984, qui s'est soldée elle aussi par un déficit. En vue de l'Exposition de Shanghai, qui débutera en mai prochain, le gouvernement chinois a investi environ 4 milliards de dollars pour construire le site et 3 milliards additionnels pour le déroulement de l'exposition. C'est beaucoup d'argent, d'autant plus que Montréal est loin d'exercer le même pouvoir d'attraction touristique que la ville la plus peuplée de Chine, qui espère accueillir 70 millions de visiteurs.

Face à autant d'arguments défavorables, pourquoi s'obstiner? Faut-il voir dans cet entêtement un trait de caractère des baby-boomers qui donnent toujours l'impression de vouloir revivre à tout prix les expériences de leur jeunesse? Comme si on était incapable d'arriver avec une idée originale qui collerait davantage au XXIe siècle.

Cela ne signifie pas que les idées rattachées au projet ne doivent pas se réaliser. Le recouvrement de l'autoroute Ville-Marie tel que proposé par Vision Montréal peut très bien se faire sans l'expo. Même chose pour l'ouverture de Montréal sur le fleuve ou encore, pour le développement des transports collectifs.

Montréal doit se projeter dans l'avenir et laisser l'Expo dans sa boîte à souvenirs.