Daniel Cloutier en a plein son casque de Revenu Québec. Et il sait de quoi il parle.

«Je vous écris ces quelques mots afin d'évacuer ma frustration. Je suis un comptable agréé de 50 ans, jeune retraité, qui a travaillé pour Revenu Canada pendant 18 ans sur la route pour la vérification de corporations. Dans ma carrière, les contribuables m'ont parlé plusieurs fois des histoires d'horreur vécues avec Revenu Québec. Je viens de vivre cette magnifique expérience!»

Quelle est la nature de son problème avec Revenu Québec?

Lorsqu'il a quitté Revenu Canada, il avait droit à un montant forfaitaire d'allocation de retraite. Et du total, une somme de 12 000 $ était admissible à une contribution REER.

Pour réduire l'impact fiscal de cette allocation de retraite, il a donc effectué une contribution à son REER de 12 000$.

En bout de ligne, M. Cloutier s'attendait à recevoir de Revenu Québec un remboursement de 525$.

Mais...

«Lors de la production de ma déclaration d'impôt provinciale, j'ai été plus catholique que le pape en ajoutant une copie de mon T-4 fédéral où sont détaillés dans 2 colonnes différentes le montant d'«allocation de retraite admissible 12 000$» et l'autre montant de «allocation de retraite non admissible». Le T-4 fédéral a été préparé par mon employeur Revenu Canada qui s'occupe de la Loi de l'impôt.»

«C'est assez fiable comme référence fiscale il me semble!» ajoute-t-il.

Mal lui en pris, il faut croire que Revenu Québec n'en a que faire des T-4 préparés par son pendant fédéral, Revenu Canada.

Ainsi, trois semaines après la production de sa déclaration provinciale, Daniel Cloutier reçoit... non pas son chèque de remboursement mais plutôt un avis de cotisation lui réclamant la somme de 2200$ comme solde d'impôt à payer.

Revenu Québec lui avait refusé la déduction de l'allocation de retraite transférée dans son REER. L'explication du refus: vu les «documents que vous nous avez fournis», le montant de la déduction REER a été révisé à la baisse.

«Je n'en croyais pas mes yeux d'autant plus que j'avais fourni au-delà des documents nécessaires, incluant le reçu pour ma contribution REER de 12 000 $ à Placement Québec.»

«Interloqué, j'appelle chez Revenu Québec afin d'obtenir des précisions. L'agent m'explique que ma déduction REER a été refusée car elle n'avait pas encore été «matchée» avec celle de Revenu Canada. Dans un premier temps, je lui ai mentionné que j'avais déjà fourni initialement mon T-4 fédéral de Revenu Canada avec toutes ces précisions.»

Après avoir retracé la déduction REER au fédéral, l'agent de Revenu Québec lui a indiqué qu'il apportait la correction, puisque la déduction réclamée était correcte.

Trois semaines plus tard, Daniel Cloutier reçoit un appel de Revenu Québec. «C'était un agent de recouvrement qui voulait savoir quand je paierais ma «dette» de 2200$! Je lui ai indiqué sur un ton qui n'accepte pas de réplique qu'il était bien mal tombé puisque j'attends impatiemment mon remboursement depuis trop longtemps.»

«Il a vérifié à son écran et m'a dit qu'effectivement «une correction est en cours» et qu'il allait mettre une note dans mon dossier à l'effet de ne plus me rappeler.»

Quelques semaines plus tard...

M. Cloutier reçoit par la poste une lettre de Revenu Québec.

«Sûrement mon chèque, ai-je pensé, il n'est pas trop tôt!»

Faux espoirs. Revenu Québec lui envoyait un formulaire pour qu'il effectue des acomptes provisionnels pour l'année courante puisqu'il leur devait erronément... 2200$, à la suite du refus initial de la déduction de l'allocation de retraite.

La «machine» des acomptes provisionnels s'enclenche automatiquement lorsque le contribuable se retrouve avec un solde d'impôt impayé dépassant les 1800$.

«Je viens de parler à un agent de Revenu Québec. Je lui ai indiqué que la correction à mon dossier a été faite il y a maintenant plus de deux mois et je n'ai pas encore reçu mon chèque. Elle (l'agente de Revenu Québec) m'a indiqué que les corrections importantes (dépassant un certain montant) sont transférées «à la comptabilité» et que leur traitement est un peu plus long!»

«Cela fait maintenant quatre mois que ma déclaration fiscale a été envoyée à Revenu Québec. Une chance que je n'avais pas planifié mon remboursement d'impôt pour payer une partie de mes vacances.»

Quand pareil problème avec le fisc survient, ajoute M. Cloutier, les contribuables qui méconnaissent la loi de l'impôt deviennent craintifs et stressés, ce qui les oblige à consulter un comptable et à payer des honoraires.

Cela donne une image inhumaine, pas professionnelle du tout de Revenu Québec. «Le ministère donne l'impression de sucer de l'argent à gauche et à droite afin de renflouer un gouvernement «cassé» en espérant quasiment que des contribuables se découragent et leur laissent leur dû», conclut-il.