À la suite de la déconfiture des marchés boursiers survenue entre septembre 2008 et mars dernier, un grand nombre de petits investisseurs ont décidé de faire le ménage de leur portefeuille. Comment? En remplaçant leurs actions et parts de fonds communs par des iShares, c'est-à-dire des fonds négociés en Bourse (FBN). Ces fonds ont pour objectif de cloner divers indices de la Bourse et du marché des obligations négociables.

Le plus gros distributeur au monde dans les FBN, c'est Barclays Global Investors (BGI). En juin dernier, BGI a annoncé qu'elle changerait de propriétaire. La banque britannique Barclays a cédé sa filiale BGI à BlackRock, un fonds américain. La transaction devrait être finalisée sous peu.

 

Par voie de conséquence, toute la famille des iShares canadiens (gérée par BGI Canada) va passer sous le contrôle américain de BlackRock. Et cela inquiète nombre de lecteurs, dont Daniel R.

«Étant donné les récentes arnaques et faillites des grosses banques américaines j'ai une crainte concernant la viabilité de Barclays et de son nouvel acquéreur BlackRock. Est-ce que tout l'argent provenant de la vente des parts est vraiment réinvesti en actions? Quel serait l'impact d'une éventuelle faillite de BlackRock sur la liquidité des iShares?»

Ne dramatisons pas. Premièrement, BlackRock va ainsi devenir l'un des plus gros fonds d'investissement au monde, avec un actif sous gestion de 2700 milliards US. En vertu de la transaction, Barclays va contrôler 19,9% des actions de BlackRock.

Deuxièmement, BlackRock n'est pas un obscur fonds d'investissement. Ce grand fonds américain, notamment coté à la Bourse de New York (BLK), fait partie des groupes qui ont conseillé le gouvernement américain dans ses efforts de stabilisation du système financier. C'est également ce fonds qui gère actuellement des milliards d'actifs toxiques de l'ex-banque d'affaires Bear Stearns et de l'assureur nationalisé AIG. Une fois l'acquisition de BGI réalisée, BlackRock comptera 9000 employés, répartis dans 24 pays.

Maintenant, comme c'est le cas pour tous les fonds communs de placement, chacun d'entre eux est en soi une fiducie, complètement indépendante de son gestionnaire et distributeur. C'est donc dire que BlackRock (ou sa nouvelle filiale BGI) n'est pas propriétaire des actifs gérés dans chacun des iShares distribué, au Canada, ou dans le monde. Par conséquent, les actifs des iShares ne peuvent être aucunement touchés par une hypothétique faillite de BlackRock.

Cela étant dit, à l'instar des détenteurs de parts des fonds communs de placement, les détenteurs de fonds iShares ne sont aucunement protégés en cas de fraude.

Gardons en mémoire le célèbre scandale des fonds Norbourg. Les détenteurs des parts se sont retrouvés Gros Jean comme devant alors que le gestionnaire Vincent Lacroix vidait les coffres des fonds. Je vous rappelle que l'Autorité des marchés financiers a toujours refusé d'indemniser les 9200 victimes des fonds Norbourg sous prétexte que la gestion frauduleuse des fonds communs de placement n'est couverte par aucun des fonds de protection.

La mise en garde étant faite, les investisseurs doivent donc investir à leurs risques et périls dans les fonds communs de placement et les fonds iShares. Qu'ils croisent les doigts pour que leurs fonds ne soient pas gérés par des Vincent Lacroix, Earl Jones ou Bernard Madoff de ce monde.

Quoi qu'il en soit, avec le lot de scandales financiers survenus au cours des dernières années, on ose espérer que les organismes de régulation des marchés financiers, telles l'Autorité des marchés financiers, la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario, la Securities and Exchange Commission, etc., puissent surveiller adéquatement les gestionnaires de la haute finance.

Les fonds iShares au Canada? Au 30 juin dernier, les Canadiens détenaient des parts de iShares pour une valeur globale approchant les 20 milliards de dollars.

Les iShares suivants sont parmi les plus populaires: le XIU (le clone de l'indice S&P/TSX 60 de la Bourse de Toronto), le XSP (le clone de l'indice S&P 500 de la Bourse de New York, couvert en dollars canadiens), le XBB (le clone du rendement de l'indice obligataire universel DEX), le XIN (le clone de l'indice MSCI EAFE, couvert en dollars canadiens).

Pour acquérir des iShares, il faut ouvrir un compte dans une firme de courtage, à escompte ou de plein exercice. Les iShares canadiens se négocient à la cote de la Bourse de Toronto.