Les portefeuilles boursiers de la Caisse de dépôt et placement du Québec ont tellement fondu l'an dernier que le secteur «marchés boursiers» comptait le 31 décembre 2008 pour à peine 22,4% de l'actif net du portefeuille total. C'est sa plus faible exposition à la Bourse depuis belle lurette.

À titre comparatif, au cours des 6 dernières années, le poids du secteur «Marchés boursiers» dans l'actif net de la Caisse a varié d'un minimum de 36,3% (en 2007) à un maximum de 42,7% (en 2003).

 

Comment peut-on expliquer que la Caisse ait commencé la nouvelle année 2009 avec une si faible exposition aux marchés boursiers? Les chiffres parlent d'eux-mêmes. C'est une simple question de pertes boursières... astronomiques.

Pour l'ensemble de l'année 2008, la Caisse a encaissé, tenez-vous bien, des pertes boursières de 21,3 milliards de dollars. À elles seules, ces pertes en Bourse représentent plus de la moitié des pertes totales (39,8 milliards) de la Caisse en 2008.

Autre facteur majeur: les gestionnaires des portefeuilles boursiers de la Caisse ont présenté une contre-performance à en perdre leur job: -45,2% avec les actions américaines (couvert, voire protégé contre les fluctuations des devises); -45% avec les actions des marchés en émergence (non couvert); -42,6% avec les actions étrangères (couvert); -41,2% avec Québec Mondial (portefeuille d'obligations du Québec combiné avec des contrats à terme sur indice étranger MSCI World); -32,4% avec les actions canadiennes; -29,8% avec les actions étrangères (non couvert); -28,0% avec les actions américaines (non couvert).

Pour l'ensemble du secteur «marchés boursiers», la contre-performance des gestionnaires de la Caisse s'est soldée en un recul généralisé de 36,7%. La déconfiture boursière de la Caisse s'est révélée particulièrement catastrophique du côté des actions américaines alors que les gestionnaires accusaient un recul de 6,5 points de pourcentage sur les indices de référence. On a également noté une piètre performance du côté des gestionnaires de portefeuilles d'actions des marchés en émergence, lesquels ont perdu trois points de pourcentage de plus que l'indice de référence.

La Caisse a tellement été décevante en Bourse que la direction du groupe «marchés boursiers» a décidé de faire un gros ménage. Elle a mis un terme à tous les mandats de gestion externe du portefeuille Actions américaines. Elle a diminué la taille des mandats de gestion externe du portefeuille Actions étrangères. Et elle a modifié le «mode de gestion» des portefeuilles d'actions internationales gérés à l'interne par son personnel, depuis Montréal. Ces portefeuilles font maintenant l'objet d'une gestion indicielle (indices boursiers) plutôt qu'active (gestion de portefeuille avec sélection de titres).

Le ménage du portefeuille boursier étant fait, la Caisse commençait donc l'année 2009 avec un portefeuille global «déséquilibré» par rapport aux années précédentes et à son portefeuille de référence.

La répartition de l'actif de la Caisse se présente maintenant comme suit: 44,2% (au lieu des 31,1% du portefeuille de référence) pour le secteur du revenu fixe; 22,4% (la référence: 34,5%) pour le secteur des marchés boursiers; 33,4% (référence: 34,4%) pour le secteur des autres placements

Explication de ce déséquilibre. «La Caisse a ainsi procédé à une importante modification de sa répartition de l'actif par crainte d'une possible aggravation de la crise, qui s'est par la suite concrétisée, précise l'institution. L'exposition aux marchés boursiers a été réduite et celle aux titres de revenu fixe augmentée dans le but de contenir le niveau de risque absolu et maintenir un niveau de liquidités prudent. Pour ce faire, la Caisse a notamment vendu des actions et d'autres placements, fermé des contrats à terme et réduit sa couverture de change.»

Comme on sait, la Caisse a terminé l'année 2008 en présentant le pire résultat de son histoire, soit une perte de 25%. Ce qui la classait à la queue de toutes les caisses de retraite canadiennes.

Pour récupérer ces lourdes pertes, il faudrait que la Caisse réussisse à accumuler à partir du 1er janvier 2009 des gains de 33%. Un méchant défi... qui ne pourra être relevé qu'à la condition d'un retour en forte hausse de la Bourse.

Si la Caisse s'en est tenue à sa faible exposition boursière, entre le début de janvier et le creux du 9 mars dernier, il est évident que cette stratégie l'aura bien servie puisque les marchés ont continué de reculer fortement au cours de cette période.

Mais depuis ce creux de mars, la Bourse a littéralement explosé, gagnant quelque 25%. On ne sait pas si la Caisse en a profité ou pas!

Chose certaine, la Caisse a commencé l'année non seulement avec une répartition d'actif déséquilibrée de son portefeuille global mais également un déséquilibre majeur dans son secteur boursier.

À preuve, les actions canadiennes représentaient en début d'année près de 50% du portefeuille boursier de la Caisse de 26,4 milliards, à comparer à seulement 8% pour les actions américaines (2,2 milliards).

Un petit rappel de courtoisie aux bonzes de la Caisse: n'oubliez pas que la Bourse canadienne ne représente à l'échelle mondiale que 3,3% de la capitalisation boursière, comparativement à 34,2% pour la Bourse américaine...

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