L'urgence d'agir était palpable, l'échec n'était pas une option. Les chefs d'État du G20 ont uni leurs efforts et conclu un accord ambitieux pour remettre sur pied une économie mondiale amochée. Voilà pour l'avenir immédiat. Mais ils prennent aussi des dispositions pour que les abus du passé, qui ont plongé la planète en récession, ne se répètent pas dans le futur.

Derrière la brochette d'actions concrètes mises de l'avant, on sent une volonté ferme et concertée susceptible de restaurer la confiance des marchés internationaux. Les places boursières ont visiblement été ragaillardies par les nouvelles émanant de Londres: des hausses de 2% à 7% de leurs indices ont salué hier le plan du G20.

 

Et, question de marquer le sérieux de leurs démarches, les chefs de gouvernement se donnent rendez-vous dès septembre pour faire le suivi. Une obligation de résultat pèse sur leurs épaules.

Dans une belle unanimité, les dirigeants du G20 se sont tour à tour montrés ravis et impressionnés par les résultats de la rencontre. La naissance d'un nouvel ordre mondial, a déclaré l'hôte du sommet, le premier ministre britannique Gordon Brown. «Je n'ai jamais vu une réaction aussi rapide et coordonnée de la communauté internationale», a renchéri Stephen Harper. Le président Obama parle d'un «tournant». Même le président français Nicolas Sarkozy, qui avait menacé de pratiquer la politique de la chaise vide, s'est joint au concert d'éloges. Aucune trace de trouble-fête.

Dans son entente, le G20, qui réunit 85% de la richesse mondiale, ratisse large.

D'une main, on cherche à éteindre les feux: plus de 1000 milliards supplémentaires seront injectés pour soutenir les pays émergents en péril et stimuler le commerce international. Le Fonds monétaire international, qui avait perdu de son lustre ces dernières années, sera appelé à jouer un rôle central comme pompier de première ligne.

Ces sommes s'ajoutent aux 4000 milliards qui ont déjà été investis pour juguler la crise. Toutefois, M. Obama n'aura finalement pas été en mesure de convaincre ses partenaires européens d'affecter plus de fonds publics à la relance de leur propre économie.

Les solutions pour contrer le protectionnisme restent cependant plutôt timides. On s'engage à dénoncer nommément les pays qui contreviendront aux règles du libre-échange, sans plus.

Par contre, l'entente prévoit la relance prochaine des négociations de la ronde de Doha, au point mort depuis 2006.

De l'autre main, le G20 entend ériger les fondations d'une nouvelle architecture de régulation des marchés financiers. Ainsi, il sonne le glas au secret bancaire: l'OCDE a dévoilé hier la liste des paradis fiscaux non coopératifs (Monaco en fait partie) et imposera des sanctions aux délinquants.

Intéressantes de prime abord, d'autres mesures encore vagues devront être détaillées avant qu'on puisse en évaluer l'efficacité: on promet un meilleur encadrement des fonds spéculatifs, une plus grande transparence des agences de notation et l'imposition de règles pour la rémunération des banquiers.

Évidemment, comme le rappelait M. Harper hier, «on n'est pas encore sortis du bois». Loin de là. Mais, au moins, le sommet de Londres aura eu le mérite de faire souffler un vent d'espoir. Ça fait changement du climat de morosité qui avait envahi la planète ces derniers mois.

jbeaupre@lapresse.ca