L'année du buffle de terre a démarré sous de bons auspices pour la Bourse chinoise.

À contre-courant des autres marchés, la place boursière de Shanghai affichait, au milieu de la semaine dernière, une hausse de 18% depuis le début 2009.

Ce rebond impressionnant - après, certes, une chute de 65% en 2008 - a attiré l'attention des investisseurs et des gens d'affaires occidentaux, qui se montrent à la fois jaloux et sceptiques.

 

Ce regain de vie ne se limite pas à la Chine. Ses partenaires du BRIC se tirent également bien d'affaire jusqu'ici en 2009: la Bourse russe (indice Micex) affichait la semaine dernière un gain de 16% et le marché brésilien (indice Bovespa) marquait un rendement de près de 8%. La Bourse indienne traîne la patte, avec un repli de près de 2%, mais cela lui vaut tout de même le quatrième rang parmi les 15 plus grandes places au monde.

L'espoir

Pour expliquer la remontée spectaculaire de la Bourse chinoise, les analystes pointent divers indicateurs récents. En premier lieu, la forte hausse des prêts bancaires, en janvier, laisse croire qu'une reprise se profile.

Selon la Banque populaire de Chine, les banques chinoises ont répondu à l'appel du gouvernement qui plaide pour un meilleur soutien financier des entreprises. Elles ont accordé un record de prêts de 1620 milliards de yuans (275 milliards CAN) le mois dernier. Cela représente un bond de près de 19% en un an.

Pour la firme Merrill Lynch, cela indique que la Chine «est la seule économie au monde qui connaît une hausse significative du crédit pour les entreprises et les ménages» depuis le quasi-effondrement du système financier en septembre dernier.

Cet effort louable des banques vient en appui au plan de relance de 700 milliards CAN annoncé par Pékin, l'an dernier. Sans compter que la banque centrale a abaissé cinq fois ses taux d'intérêt depuis septembre.

Si bien que Merrill Lynch, Citigroup et la Deutsche Bank prévoient que l'économie chinoise touchera un creux durant le trimestre en cours grâce aux mesures de l'État pour contrer la chute des exportations et l'affaissement du marché immobilier.

Larguez les amarres

L'autre source d'optimisme provient du généralement fiable baromètre économique qu'est le transport maritime.

Jeudi, un important armateur thaïlandais, Precious Metals Plc, affirmait à l'agence Bloomberg que ses livraisons par bateau étaient en nette hausse cette année. «C'est beaucoup mieux qu'au quatrième trimestre, alors que les livraisons étaient pratiquement stoppées», a déclaré un haut dirigeant.

Ses remarques trouvent d'ailleurs un écho dans les indicateurs du secteur. L'indice Baltic Capesize, qui suit l'évolution des prix du fret maritime de matières sèches, a quitté les fonds marins de son creux du 3 décembre (830 points) et a repris le large. L'indice se retrouve ces jours-ci à un niveau 4,5 fois supérieur à celui de ce plancher.

Selon les experts, la reprise des activités en Chine après la longue pause du Nouvel An y est pour beaucoup. Après avoir déstocké massivement, les sidérurgistes chinois reviennent en force sur les marchés du minerai de fer et du charbon. Ces deux produits comptent chacun pour environ le quart du transport maritime transocéanique de produits en vrac sec.

Mirage?

Mais il ne sera peut-être pas possible pour l'Asie de garder cet élan. Certes, il y a des signaux encourageants. Sauf que, parfois avec des composantes techniques comme l'arrêt du déstockage, la relance n'est pas forcément durable.

«Le plan de relance (chinois) aura un impact sur le crédit et le logement social, mais il y a tant d'invendus dans les immeubles de bureaux que tous les chantiers sont à l'arrêt. Et le commerce extérieur devrait rester plat, voire négatif, ajoute la banque américaine Standard Chartered dans une étude. On est loin de la reprise généralisée, même si on a peut-être touché le fond, au 4e trimestre».

Reste que cette lueur d'espoir émanant d'Orient fait du bien. Et, malgré la grisaille occidentale, certains à l'autre bout du monde gardent la tête haute. C'est le cas du président de la Chambre internationale de commerce de Hong Kong, Victor Fung . «Pour les Chinois, le mot crise signifie danger et opportunité», disait-il la semaine dernière. Allez la Chine!