On ne peut pas accuser le gouvernement fédéral d'avoir fait la sourde oreille aux demandes des Canadiens et d'avoir ménagé ses efforts. Le budget présenté aujourd'hui reflète fidèlement les résultats des consultations prébudgétaires faites à travers le Canada.

Les investissements dans les infrastructures répondent très bien aux actions qu'on voulait directes, rapides et efficaces pour éviter que l'économie canadienne s'enlise davantage. Les bonifications apportées aux conditions d'admissibilité et aux prestations d'assurance-emploi répondent aussi à ces critères alors que le financement accru à la formation de la main-d'oeuvre entraînera, en plus, des effets structurants à long terme sur l'économie canadienne. On pourrait questionner l'impact économique réel du programme du crédit d'impôt à la rénovation mais l'argent investi dans la rénovation des logements sociaux représente 1 G$ injectés directement dans la construction résidentielle au Canada, à un moment où elle en a bien besoin.

Par ailleurs, les baisses d'impôts n'étaient pas le moyen le plus privilégié pour relancer l'économie à court terme, d'autant plus qu'elles revêtent un caractère permanent. Elles touchent toutefois les moins nantis, ce qui augmente la probabilité que les nouvelles sommes disponibles soient rapidement injectées dans l'économie. Toutefois, cela retardera d'autant le retour à l'équilibre des finances publiques à l'exercice 2013-2014.

Le niveau des déficits est assez impressionnant pour les deux prochaines années, mais ils ne sont pas inquiétants outre mesure. Le plan de stimulation n'est pas l'unique cause. La révision des prévisions économiques du secteur privé a considérablement fait chuter les revenus du gouvernement. Par souci de prudence, le gouvernement a rajusté à la baisse de 4,5 G$ les revenus anticipés pour chacune de ces deux années dans l'éventualité où la situation économique se détériorerait plus que prévu. Les déficits pourraient donc être moindres, en fonction de l'évolution de l'économie.

Les mesures de stimulation présentées dans le budget ciblent les deux prochaines années uniquement. Globalement, elles représenteront 1,9 % du PIB en 2009 et 1,4 %, en 2010, en incluant les effets de levier. Cela est un peu moins que les 2 % suggérés par le FMI, mais plus que le 1 % souvent mentionné pour tenir compte de la situation plus avantageuse du Canada comparativement à celle des autres pays industrialisés, notamment les États-Unis. Dans les circonstances, le gouvernement semble avoir trouvé le juste milieu parce que ne pas injecter assez d'argent aurait eu des conséquences beaucoup plus dommageables que d'en injecter trop.

 * François Dupuis est