Louis aimerait bien être obligé de choisir entre contribuer à son REER ou rembourser l'hypothèque de sa maison. Le problème, c'est que, à 60 ans, il n'a ni l'un ni l'autre.

«À la suite de quelques revers financiers, mon mari n'a pu cotiser au REER et nous n'avons pas de maison non plus, explique sa conjointe, Francine. Notre situation financière n'est pas reluisante et je m'inquiète pour la retraite, qui est très proche. En fait, je suis presque au bord de la panique à cause de la descente aux enfers des marchés.»

 

Âgée de 54 ans, Francine touche un revenu de 46 000$, auquel s'ajoute une prime annuelle d'environ 3000$. Elle ne contribue à aucun régime de retraite d'employeur.

Après avoir cessé d'exploiter son entreprise, Louis est devenu travailleur autonome. À ce titre, il a gagné un revenu net de 12 000$ en 2008, mais prévoit être engagé par son principal client, à un salaire de 20 800$ par année.

«J'aimerais avoir une idée de notre portrait financier à la retraite, demande Francine. Combien nous faudra-t-il mettre dans un REER pour atteindre une somme sécuritaire pour l'avenir? Combien nous faudra-t-il par année pour vivre décemment?»

Le couple, qui vit en appartement, s'offre un voyage d'environ 6000$ aux deux ans. «En aurons-nous encore les moyens?» s'inquiète Francine.

Un voyage dans le futur

Le planificateur financier Gaétan Veillette, du Groupe Investors, a pu établir avec précision la liste des actifs du couple et l'importance des pertes: l'ensemble du portefeuille de Francine a perdu 16% de sa valeur entre mars et décembre 2008. Pas si mal, mais ce taux traduit la prudence de ses investissements. Elle détient 45 000$ en fonds communs et 25 500$ dans des fonds de travailleurs, tous en REER. Hors REER, elle possède 24 000$ en certificats de placements garantis (CPG). Enfin, un compte de retraite immobilisé (CRI) contient 4500$ investis en fonds communs.

Louis détient 21 000$ en fonds communs et fonds de travailleurs enregistrés, plus un CPG de 6000$. C'est bien peu, en effet, à cinq ans de la retraite et avec une rente de la RRQ qu'il ne pourra toucher qu'à 80%.

«Le rendement des CPG couvre à peine l'inflation, souligne Gaétan Veillette. En y ajoutant l'impôt sur le rendement, ce patrimoine évolue de façon négative d'une année à l'autre.»

Les dettes de Louis viennent encore plomber un bilan déjà sombre. Il doit régler un arriéré de 4500$ pour les taxes de vente de sa défunte entreprise. Ses cartes de crédit sont débitées de 5300$, et sa marge de crédit montre un solde de 1000$. Il devra enfin verser quelque 920$ en impôts pour 2008.

Gaétan Veillette recommande de rembourser ces dettes avec l'épargne non enregistrée, à l'exception des dettes d'affaires, dont les intérêts sont déductibles fiscalement.

Comment se présente la retraite? Pour tâter le terrain, notre planificateur a supposé une inflation de 3%.

Il fixe le coût de vie du couple retraité à 90% de celui de la vie active. «Le coût de vie estimé du couple est de 45 000$ par an, indique-t-il. Le couple a adopté récemment un budget au prorata des revenus, en s'inspirant d'un article qu'il avait lu dans La Presse.»

Selon ce budget, il a établi pour Francine un programme de contributions au REER de son conjoint, qui croissent de 2345$ en 2011 jusqu'à 10 000$ en 2017.

Dans ces conditions, le patrimoine du couple aura atteint 212 000$ au moment où Louis abordera la retraite, à 65 ans. Onze ans plus tard, quand Francine aura à son tour atteint cet âge, le pécule se sera gonflé à 364 000$. En supposant une espérance de vie de 90 ans, le patrimoine résiduel est estimé à 43 000$ au décès de Francine, en 2044. La marge de manoeuvre est très mince.

«Si Francine prenait plutôt sa retraite à 60 ans, le patrimoine de la famille serait entièrement épuisé en 2027, observe notre planificateur. Il est donc primordial de rester au travail jusqu'à 65 ans.»

Ces prévisions supposent un budget rigoureux. Si le couple conservait son train de vie actuel durant la retraite plutôt que le réduire à 90%, son patrimoine serait entièrement épuisé en 2034. «Si le coût des voyages futurs s'ajoute au coût de vie actuel jusqu'à la hauteur de 6000$ aux deux ans, le patrimoine de retraite en sera compromis d'autant, prévient M. Veillette. Certes, les voyages sont bien agréables, mais il y a d'autres destinations ou modes de vacances qui constitueraient un ressourcement plus économique.»

Gaétan Veillette leur suggère de réviser leur stratégie de placement pour en améliorer le rendement, sans trahir pour autant leur profil d'investisseurs. Louis devrait oublier l'idée de commencer à retirer la rente de la RRQ à 60 ans. Outre qu'elle s'ajouterait à son revenu imposable, elle se trouverait réduite de 30% jusqu'à la fin de ses jours, soit 0,5% pour chaque mois en deçà du barème de 65 ans.

LA SITUATION

Après des déboires en affaires, Louis voit venir la retraite à grand pas alors qu'il n'a pas de régime de retraite, qu'il a peu de REER et des revenus bien minces. Sa conjointe, Francine, n'a pas non plus de régime complémentaire. Inquiétudes...

«Nous avons vraiment besoin de l'aide d'un conseiller pour établir une stratégie d'urgence.» Francine et Louis

LES DONNÉES

Louis, 60 ans

Revenus espérés en 2009: 20 800$

Aucun régime complémentaire de retraite

REER: 21 000$

Épargnes non enregistrées: 6000$

Dettes et obligations: 11 700$

Francine, 51 ans

Revenus: 49 000$

Aucun régime complémentaire de retraite

Compte de retraite immobilisé: 4500$

REER: 70 500$

Épargnes non enregistrées: 24 000$

Actifs

Encaisse: 16 000$

Aucune propriété

LE DIAGNOSTIC

Pas de retraite avant 65 ans, ni pour Louis, ni pour Francine. Avec une contribution optimale aux REER et une réduction du train de vie de retraite à 90% de celui de leur vie active, leur capital suffira tout juste à les amener à l'âge de 90 ans.