Lorsque Ferdinand Piëch, l'actionnaire principal du constructeur de voitures luxueuses Porsche, a dévoilé la semaine dernière les plans de son entreprise d'acquérir Volkswagen AG, on pouvait aisément faire un parallèle entre ce geste porteur d'espoir et le dernier pronostic pour l'économie allemande.

Lorsque Ferdinand Piëch, l'actionnaire principal du constructeur de voitures luxueuses Porsche, a dévoilé la semaine dernière les plans de son entreprise d'acquérir Volkswagen AG, on pouvait aisément faire un parallèle entre ce geste porteur d'espoir et le dernier pronostic pour l'économie allemande.

Le fait que Porsche – le fabricant d'automobiles le plus rentable au monde – prenne le volant de «VW» – une entreprise lourdement déficitaire, il y a trois ans, qui roulait tout droit vers la cour à ferraille – est un tournant majeur. Car cela laisse croire que le pire est passé pour le constructeur de la Golf/Rabbit.

Or, les données économiques parues la semaine dernière nous amènent à penser la même chose pour l'ensemble de l'Allemagne. Le pays que la firme Morgan Stanley avait baptisé en 2001 «l'homme malade de l'Europe» est sur la voie d'une guérison remarquable.

Quand Volks va...

Ferdinand Piëch est un homme d'affaires astucieux. Lorsqu'il a acquis une participation minoritaire dans VW en 2005, au pire de la crise du fabricant, on l'a critiqué.

Des experts de l'industrie ont même dit qu'il perdait son temps et son argent. «Mais il (M. Piëch) se disait qu'il pouvait redresser VW (...), la refaire dans le moule de Porsche», affirme le courtier anglais Cantor Fitzgerald dans une nouvelle étude.

Le dernier diagnostic de Volkswagen nous indique que le flair légendaire de l'homme d'affaires de 70 ans est intact.

Volkswagen, le premier constructeur de voitures d'Europe, vient d'annoncer qu'il prévoit doubler ses profits bruts en 2007 (à 5,1 milliards d'euros) à la faveur d'une série de compressions douloureuses ces dernières années et d'un recentrage vers ses marchés les plus prometteurs.

L'embellie

Coïncidence ou non, l'embellie qui se dessine chez Volks survient au moment même où l'économie allemande – la troisième au monde – nous montre un bilan de santé des plus encourageants.

Jeudi dernier, on apprenait que le chômage en Allemagne a diminué plus que prévu en mars, passant à 9,2 % contre 9,5 % en janvier, 10,7 % il y a un an et près de 12 % à son sommet.

Si bien que le nombre de personnes au travail dans ce pays de 82 millions d'habitants est à son plus haut depuis la réunification, en 1990. Un retournement majeur.

De plus, la confiance des consommateurs et des entreprises allemandes est à la hausse pour la première fois depuis des mois. Sans compter que la construction augmente la cadence (avec une hausse de 20 % des mises en chantier en février). Et 40 % des entreprises prévoient embaucher du personnel d'ici un an, selon un sondage national.

Comme l'horizon économique se dégage, les Allemands sont maintenant les consommateurs les plus actifs du Vieux Continent, selon une enquête du groupe britannique NTC Economics dévoilée jeudi dernier.

«Le dernier repli du chômage, le septième d'affilée, semble confirmer que le redressement de l'économie se poursuivra en 2007», renchérit la firme de recherche allemande GfK.

Une locomotive

L'Allemagne, faut-il le rappeler, a été maintes fois montrée du doigt ces dernières années. On l'a appelé le «feu rouge» de la zone euro, le «mouton noir» des finances publiques européennes.

Or, au terme d'une série de mesures douloureuses comportant de sévères rationalisations et des milliers d'emplois perdus, les grands industriels allemands comme Siemens et Deutsche Telekom ont remis la machine en marche. Tout comme Volkswagen est en train de le faire.

La chancelière allemande, Angela Merkel, a poussé à la roue en instaurant une série de mesures favorisant la R&D, certes un point fort de son pays. Si bien que les exportations sont à la hausse, tirées par la demande des pays émergents – comme la Chine et l'Inde – pour la fameuse technologie allemande. Ironiquement, l'Allemagne est redevenue la locomotive de l'Europe. On lui attribue une bonne partie du nouvel élan de l'Italie, son premier partenaire commercial dans la zone euro.

La semaine dernière, l'institut économique IfW a haussé ses prédictions pour l'économie allemande, qui croîtrait de 2,8 % en 2007 contre 2,1 % auparavant. Si bien que l'Union européenne a dû emboîter le pas; Bruxelles prévoit maintenant une croissance plus forte pour tout le continent.

Ce redressement est important. Car au moment où l'économie américaine montre des signes de faiblesse inquiétants, le regain de vie de l'Allemagne est réconfortant. Non seulement pour l'Europe, mais pour toute l'économie mondiale.