Des quatre manufacturiers dont les voitures composeront la grille de départ de la course NASCAR de samedi prochain sur le circuit Gilles-Villeneuve, un seul continue de filer à belle allure et c'est Toyota (TM).

Des quatre manufacturiers dont les voitures composeront la grille de départ de la course NASCAR de samedi prochain sur le circuit Gilles-Villeneuve, un seul continue de filer à belle allure et c'est Toyota [[|ticker sym='TM'|]].

Et c'est tant mieux pour Jacques Villeneuve qui conduira lors de cette épreuve Nationwide de NASCAR la Toyota Camry numéro 32 de l'équipe Braun Racing. Les coffres de Toyota étant bien garnis, Villeneuve n'aura pas à économiser son moteur pour tenter de remporter la victoire.

Je blague à peine car les trois autres manufacturiers, soit General Motors [[|ticker sym='GM'|]], Ford [[|ticker sym='F'|]] et Chrysler, sont à la traîne. Le «Big Three» est en train de connaître l'une des pires années de son histoire. Et les écuries NASCAR risquent de devoir couper dans leurs budgets, si Ford et Chrysler emboîtent le pas à GM et décident eux aussi de réduire les commandites versées aux écuries du plus populaire championnat de course automobile aux États-Unis.

Pendant que Toyota devient le numéro un au monde et annonce une hausse de ses ventes tout en demeurant très rentable, les membres du «Big Three», eux, multiplient les mauvaises nouvelles: chute des ventes, augmentation des pertes, coupe d'emplois, inventaire difficile à écouler malgré la panoplie de rabais, etc. Pour se donner des chances de survie, chacun des trois géants américains doit mettre en place un plan d'urgence extrêmement dur pour les employés et tous les gens (concessionnaires, commandités, etc.) qui vivent au crochet du «Big Three».

Comble de déprime: des rumeurs laissent entendre que General Motors et Ford pourraient devoir se placer sous la protection de la loi sur les faillites si leurs directions respectives ne réussissent pas à colmater l'hémorragie financière. Parenthèse oblige: oui ça va vraiment mal du côté des manufacturiers américains, mais on est quand même loin de la faillite...

Vu d'ailleurs le désastre économique que pourrait présenter la faillite de l'un des membres du «Big Three», il faut s'attendre à ce que le gouvernement américain intervienne directement pour les sauver de la faillite.

Avant d'en arriver à cette étape de survie ultime, il n'en demeure pas moins que General Motors et Ford en arrachent en Bourse. Les investisseurs ne donnent pas cher de leurs carcasses.

L'action de General Motors se négocie actuellement autour de 12,25$, pour une valeur boursière d'à peine 7 milliards de dollars US. Pour sa part, le titre de Ford s'échange à environ 5,15$, pour une capitalisation boursière de 11,3 milliards.

Pour vous montrer à quel point les investisseurs affichent leur pessimisme des grands jours envers les deux mastodontes américains, ils donnent à Toyota (TM: 92,00$) une valeur boursière de 159 milliards de dollars, soit 22 fois celle de General Motors et 14 fois celle de Ford.

Pour l'année 2007, General Motors a rapporté un chiffre d'affaires de 181 milliards et Ford 172 milliards. C'est quand même assez proche de celui de Toyota, dont les revenus totaux atteignaient les 203 milliards.

Le grand écart de valeur boursière qui existe entre Toyota et les deux grands constructeurs américains réside dans le niveau de «rentabilité». Pendant que Toyota affichait un revenu net de 13,9 milliards de dollars, Ford rapportait une perte de 2,7 milliards et General Motors une saignée de 38,7 milliards. Depuis le début de l'année, le «Big Three» continue d'engranger d'énormes pertes.

Comme Chrysler a été racheté (80%) par une société privée (Cerberus Capital) des mains de Daimler Chrysler, les données comparatives sont absentes. Mais on sait que Chrysler en arrache également avec la vente de ses voitures.

Les plus récentes statistiques de vente laissent présager que la situation est grave. Au mois de juin, les ventes de General Motors ont chuté de 18,2%, celles de Ford, de 27,8% et celles de Chrysler, de 35,9%.

Ce recul du «Big Three» perdure depuis 2005. C'est ce qui explique d'ailleurs pourquoi les trois constructeurs américains ont déjà supprimé pas moins de 100 000 emplois au cours des trois dernières années.

Cette année, la crise financière a même pris de l'ampleur chez le Big Three, gracieuseté du nouveau choc pétrolier et du credit crunch provoqué par l'effondrement du marché immobilier américain à la suite de la crise financière reliée aux subprimes, hypothèques à risques élevés.

Par rapport à son haut des 52 dernières semaines, l'action de GM accuse un recul de 71% (12,25$ par rapport un haut de 43,20$), l'action de Ford un repli de 44% (5,15$ contre un haut de 9,24$) et Toyota une baisse de 25% (92,00$ comparativement à un haut de 123, 41$).

Comment explique-t-on la déconfiture des manufacturiers américains? Ils ont trop misé sur les grosses cylindrées, les camionnettes, les camions et les 4x4, très rentables. Pendant ce temps-là, les japonais, comme Toyota, Honda et Nissan misaient sur des véhicules moins lourds et moins gourmands en essence.