On n'insistera jamais assez sur le lien entre le niveau de scolarité et les conditions de travail.

On n'insistera jamais assez sur le lien entre le niveau de scolarité et les conditions de travail.

Des chiffres publiés cette semaine par l'Institut de la Statistique du Québec (ISQ) montrent une fois de plus que le vieux dicton "Qui s'instruit s'enrichit" est plus fondé aujourd'hui que jamais.

Que les salaires et la qualité des emplois augmentent avec le niveau d'instruction, c'est bien connu et démontré depuis longtemps.

Ce que les chiffres de l'Institut nous apprennent de nouveau, c'est que, toutes proportions gardées, la rémunération des diplômés augmente plus rapidement, depuis huit ans, que celle des décrocheurs.

Autrement dit, les décrocheurs sont de plus en plus pauvres; les diplômés, de plus en plus riches.

En 1998, la rémunération horaire moyenne des travailleurs ayant quitté l'école avant la fin du secondaire se situait à 11,76$. En 2006, elle se situait à 13,50$.

L'augmentation est donc de 14,8% en huit ans. Ces montants sont exprimés en dollars courants.

Pendant la même période, l'indice des prix à la consommation a augmenté de 19,5%. Cela signifie qu'en termes réels, non seulement les décrocheurs du secondaire doivent se contenter de salaires de misère lorsqu'ils arrivent sur le marché du travail, mais encore s'appauvrissent-ils à mesure que le temps passe.

Au Québec, le taux de décrochage au secondaire se situe à 24,9%, mais ce chiffre doit être interprété avec prudence à cause de la différence entre les garçons et les filles. Le décrochage se situe à 18,5% chez les filles, mais bondit à 31,4% chez les garçons.

Autrement dit, dans le Québec d'aujourd'hui, confronté aux nouvelles technologies, aux défis de la mondialisation et à l'économie du savoir, un jeune garçon sur trois se lance dans la vie avec un bagage scolaire insignifiant.

C'est une donnée terrifiante. Oh, certes, un certain nombre d'entre eux retourneront un jour aux études, mais que de temps, de ressources et d'énergies perdus entre-temps.

Voici maintenant des chiffres qui font réfléchir. Toujours entre 1998 et 2006, le salaire horaire moyen est passé de 13,74$ à 16,33$ chez les diplômés du secondaire, une hausse de 18,9%.

Apprécions l'ampleur de l'écart avec les décrocheurs.

Ainsi, si un décrocheur se donnait seulement la peine de terminer son secondaire (nous ne parlons même pas ici de cegep ou d'université), il gagnerait en moyenne 2,83$ de plus l'heure. Pour une semaine de 32 heures, cela représente plus de 4700$ par année.

Sur une période active de 40 ans sur le marché du travail, la différence atteint 188 000$. Sans compter que les diplômés du secondaire, eux, ont connu des hausses salariales qui leur ont permis, à quelques poussières près, de préserver leur pouvoir d'achat. Ça ne vaut pas la peine de faire un petit effort?

Ceux qui se rendent jusqu'au diplôme d'enseignement collégial seront récompensés en conséquence. Toujours entre 1998 et 2006, ils ont vu leur salaire horaire grimper de 14,93$ à 18,06$, une augmentation de 21%.

En haut de l'échelle, les diplômés universitaires sont passés pendant la même période 22,19$ à 26,26$, en hausse de 18,3%.

Ces chiffres ne disent pas tout. La grande entreprise recherche activement les diplômés, tandis que les décrocheurs risquent d'être condamnés à vivoter de petite entreprise en petite entreprise.

Or, la grande entreprise offre de meilleurs salaires; la moyenne du salaire horaire dans les entreprises comptant moins de 20 employés se situe à 15,11$. Lorsque la taille de l'entreprise dépasse 500 employés, la salaire horaire passe à 24,57$. La différence est énorme, mais ce n'est pas tout.

De façon générale, la grande entreprise offre aussi de meilleures protections sociales (caisse de retraite, assurances collectives, congés de maladie, congés mobiles, etc).

En clair, les meilleurs emplois, les meilleurs salaires, les meilleures conditions de travail vont aux diplômés, et plus le diplôme est élevé, plus les chances d'obtenir un emploi de qualité le sont aussi.

Le mythe du «chômeur instruit» demeure populaire en certains milieux. Mais il ne s'agit que de cela, d'un mythe. Certes, pour toutes sortes de raisons, il arrive que des diplômés universitaires ne réussissent rien de bon sur le marché du travail et finissent à l'aide sociale.

De la même façon, on trouvera toujours des histoires merveilleuses de décrocheurs qui, sans diplôme, ont réussi de brillantes carrières. Ça existe, mais dans les deux cas, il s'agit d'exceptions.

Sans l'ombre d'un doute possible, les chiffres les plus récents confirment encore une fois à quel point ceux qui persévèrent dans leurs études seront amplement récompensés plus tard.