Plusieurs études montrent que les Québécois s'appauvrissent par rapport aux Canadiens des autres provinces.

Plusieurs études montrent que les Québécois s'appauvrissent par rapport aux Canadiens des autres provinces.

En fait, les Québécois ne s'appauvrissent pas vraiment. Les chiffres montrent, noir sur blanc, qu'ils sont collectivement plus riches aujourd'hui qu'à la fin des années 90.

Le problème, selon certains, c'est qu'ils s'enrichissent moins rapidement que les autres, d'où un appauvrissement relatif.

Mais d'où viennent ces chiffres? Pour établir leurs comparaisons, la plupart des spécialistes utilisent le critère du produit intérieur brut (PIB) par habitant. Autrement dit, il s'agit de diviser la taille de l'économie par le nombre d'habitants.

Le PIB par habitant est considéré comme un bon indicateur du niveau de vie, mais il ne dit pas tout.

Il y a moyen d'être plus précis. Pour cela, on peut utiliser une autre donnée: le revenu personnel disponible. Ce chiffre ne tient pas seulement compte de la valeur de la production, mais de l'ensemble des revenus des ménages: salaires, régimes de retraite, prestations sociales, revenus d'intérêt et de location.

Du total, on soustrait ensuite les taxes, impôts et contributions sociales. Par exemple, en 2007, le revenu personnel disponible des Canadiens atteignait 927 milliards de dollars; divisé par le nombre d'habitants, cela donne 26 897$.

La semaine dernière, l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) a publié les chiffres les plus récents sur le sujet, incluant les résultats de 2007 et les prévisions pour 2008.

L'ISQ fournit aussi des données historiques qui permettent de voir comment la situation a évolué depuis la fin des années 90. Les résultats apportent des réponses fort intéressantes à plusieurs questions. Voyons plutôt:

> Est-ce vrai que les Québécois s'appauvrissent par rapport aux autres Canadiens?

Bonne nouvelle: pas vraiment. Entre 1999 et 2008, le revenu personnel disponible par habitant, au Québec, est passé de 17 898$ à 25 009$, une hausse de 40% (les montants ne sont pas indexés); pendant la même période, dans les neuf autres provinces, les montants correspondants sont de 20 153$ et 28 684$, une hausse de 42%.

Certes, les Québécois sont nettement moins riches que les autres Canadiens, et ils sont vraisemblablement incapables de combler l'écart. Mais en huit ans, à quelques poussières près, leurs revenus disponibles ont augmenté sensiblement dans la même proportion qu'ailleurs au pays.

Avec deux points de pourcentage de retard, la progression québécoise est un peu plus molle, mais c'est nettement insuffisant pour parler d'appauvrissement.

> Comme le Québec se compare-t-il à l'Ontario?

Une autre bonne nouvelle: plutôt bien. Les deux provinces ont été durement touchées par la crise du manufacturier, mais toutes proportions gardées, l'Ontario, heurté de plein fouet par les déboires de l'industrie nord-américaine de l'automobile, a souffert davantage.

Nous venons de voir que le revenu personnel disponible par habitant a augmenté de 40% au Québec; en Ontario, le chiffre correspondant est de 33%. Il y donc rattrapage, mais celui-ci est lent. En moyenne, et malgré les problèmes des dernières années, les Ontariens demeurent largement plus riches que les Québécois.

> Comment se présente l'avenir?

L'Institut ne fait pas de projections, mais il ressort clairement des données historiques que le Québec pourrait rapidement devenir la région la plus pauvre au Canada.

L'Ouest, surtout grâce au pétrole albertain, est maintenant la région la plus riche avec un revenu personnel disponible de 30 133$. L'Ontario suit avec 28 191$. Au Québec, on l'a vu plus haut, le chiffre correspondant est de 25 099$.

Les provinces de l'Atlantique talonnent le Québec de près avec 24 531$. Or, cette région connaît depuis quatre ans une hausse de revenus plus rapide qu'au Québec: 4,5% contre 3,6%.

À ce rythme, le Québec sera vraiment devenu l'enfant pauvre de la Confédération, et cela risque d'arriver très rapidement: si rien ne change, les provinces de l'Atlantique seront plus riches que le Québec... en 2010, dans deux ans seulement!

Par ailleurs, un autre indicateur commence à clignoter dangereusement. Les investissements publics et privés sont en chute libre depuis quelques années.

Nous ne parlons pas ici de placements ou d'acquisitions d'entreprises, mais de véritables investissements créateurs d'emplois et de prospérité, comme la construction, les agrandissements, les immobilisations en machinerie et équipement. Traditionnellement, le Québec accaparait, bon an, mal an, 20% des investissements au Canada.

Ce chiffre était encore de 20,1% en 2004. Or, il devrait se situer à 17,8% cette année. Ce recul peut sembler minime, mais il représente tout de même 8 milliards.