Pas facile la téléréalité. Parlez-en à Lucien Rémillard, le riche paternel de Maxime et Julien, les deux jeunes propriétaires de la société Remstar, qui vient d'acquérir TQS.

Pas facile la téléréalité. Parlez-en à Lucien Rémillard, le riche paternel de Maxime et Julien, les deux jeunes propriétaires de la société Remstar, qui vient d'acquérir TQS.

Depuis une semaine, Lucien Rémillard se fait littéralement déshabiller sur la place publique. On a notamment appris qu'il s'est royalement enrichi avec la gestion des déchets, qu'il possédait le plus chic hôtel du Québec (le Saint-James), qu'il voulait vendre son château de 18 M$, qu'il détenait une petite banque aux Barbades, qu'il était un gros investisseur immobilier, etc., etc.

Interrogé sur les liens d'affaires qu'il y a au sein de Remstar entre eux (les deux frères) et leur père, Maxime Rémillard a affirmé à La Presse qu'il n'y en avait carrément pas. Si le nom de leur père figure à titre de président du conseil d'administration de Remstar, c'est seulement, dit-il, comme poste honorifique.

Dans les notes biographiques rapportées à la U.S. Securities and Exchange Commission à titre d'administrateur de la compagnie Waste Services Inc, il est indiqué que Lucien Rémillard est: «Chairman of the board of directors of Remstar Corporation, an independent distribution and film production company».

«On a voulu lui donner ce titre de président du conseil tout simplement parce qu'on l'aime», ajoute candidement Maxime Rémillard.

«C'est uniquement mon frère et moi qui achetons TQS, avec notre compagnie, avec notre argent. Cela va se faire par la mise sur pied d'une nouvelle société, Remstar Diffusion», précise-t-il.

Que les journalistes se le tiennent pour dit: Lucien Rémillard n'a donc absolument rien à voir dans l'achat de TQS par Remstar. Il n'y est aucunement lié, ni directement, ni indirectement. Il n'est aucunement le bailleur de fonds qui va permettre à Remstar d'acquérir TQS. Parole de Maxime, son fils.

Affaire classée. Mais chose certaine, Maxime et Julien Rémillard, la jeune trentaine à peine, n'ont pas froid aux yeux. Ils ont maintenant sur les bras un méchant défi à relever, soit celui de réussir à rentabiliser un réseau de télévision privée après 22 ans d'existence.

Remarquez qu'ils achètent tout de même le réseau TQS à grand rabais puisque la société se relève d'une quasi-faillite et qu'ils vont sans aucun doute réussir à régler pour des peanuts les lourdes créances de 68 millions qui pèsent actuellement dans le bilan de l'entreprise.

Les deux jeunes entrepreneurs se trouvent ainsi à mettre la main sur un réseau de télévision dont l'état des finances sera, en partant, assaini.

Et si le CRTC

Comme solution pour rentabiliser éventuellement TQS, Maxime et Julien Rémillard entendent sortir TQS de la télévision traditionnelle en la diversifiant dans l'exploitation de nouvelles plateformes de diffusion.

Mais quoi qu'il en soit de ce défi, le meilleur appui financier de Remstar pourrait plutôt provenir du CRTC (Conseil de la radio et de la télévision canadienne).

En effet, le CRTC tiendra le mois prochain de nouvelles audiences sur la possibilité de mettre en place un tarif d'abonnement pour la distribution de stations de télévision locales conventionnelles (tarifs de distribution, redevances).

L'an dernier, le CRTC avait refusé d'acquiescer aux demandes des réseaux de télévision conventionnelle de recevoir, à l'instar des chaînes spécialisées, des redevances de la part des câblodistributeurs.

Le refus du CRTC d'attribuer des redevances aux télédiffuseurs conventionnels avait été notamment dénoncé par la haute direction de TQS, de TVA et de Radio-Canada.

Le fait de ne pas accéder aux redevances des câblodistributeurs soulève, selon eux, une question d'équité entre les chaînes spécialisées et les réseaux conventionnels.

Les hauts dirigeants des réseaux conventionnels francophones n'ont pas tort de crier à l'iniquité financière. À eux seuls au Québec, ils accaparent 55% des heures d'écoute, voire 27% pour TVA, quelque 14,9% pour la SRC (Radio-Canada), une part de 9,5% pour le réseau TQS et un petit 3,4% pour Télé-Québec. Et qu'obtiennent-ils en retour? Pas un cent de redevances.

Pendant ce temps-là près d'une trentaine de chaînes spécialisées se partagent les 45% d'heures d'écoute restantes en encaissant de lucratives redevances à coup de dizaines et de dizaines de millions de dollars.

Pour l'ensemble du Canada, les réseaux canadiens de télévision spécialisée et payante se sont partagé en 2006 la rondelette somme de 1,6 milliard de dollars au seul chapitre des revenus d'abonnement que les clients des câblodistributeurs (Vidéotron, Shaw, Rogers, Cogeco, Bell ExpressVu, etc.) versent pour syntoniser les chaînes spécialisées.

Au Québec, la rentabilité des réseaux de télévision conventionnels privés (comme TVA, TQS, CTV, etc.) a perdu beaucoup de terrain depuis les cinq dernières années.

De 2003 à 2007, selon les dernières statistiques dévoilées par le CRTC sur les réseaux opérant au Québec, le bénéfice net avant impôts desdits réseaux privés est passé de 41,3 millions à seulement 7 millions. C'est la cinquième année de suite que les bénéfices s'effritent.

Pendant que les coûts d'exploitation augmentent au fil des ans, les recettes de publicité, soit la principale source de revenus, baissent.

Dans une telle conjoncture si difficile pour la télévision privée, les deux jeunes Rémillard vont devoir en ramer un coup pour sortir TQS de la dèche

Ils ont un gros atout en poche: la fougue de la jeunesse.