Les hedge funds (fonds de couverture) ont mauvaise réputation.

Les hedge funds (fonds de couverture) ont mauvaise réputation.

On leur reproche d'être trop risqués, trop spéculatifs. Et cette perception négative ne changera pas à court terme avec... la récente débâcle d'Amaranth.

Ce hedge fund vient de faire perdre 6 milliards US à ses investisseurs institutionnels et ce, en spéculant sur le marché du gaz naturel.

Qu'est-ce qu'un hedge fund? C'est un fonds qui mise sur des stratégies de vente à découvert (vendre des titres empruntés dans le but de les racheter à moindre prix); d'arbitrage entre divers actifs (actions, options, indices, etc.); de négociation de produits dérivés (contrats à terme, options); de gestion alternative (gestion différente d'un portefeuille classique d'actions, d'obligations). Au 31 décembre dernier, la Caisse de dépôt et de placement du Québec détenait un placement d'une valeur de 77,3 millions de dollars dans Amaranth International. Bien que la Caisse refuse de dire à combien s'élèvent ses pertes, les déboires d'Amaranth risquent cependant de nous faire plus de peur que de mal. Ce placement ne représente qu'à peine 2 % des 3,9 milliards que la Caisse détenait dans son portefeuille de fonds de couverture à la fin de l'an dernier.

Il existe à l'heure actuelle quelque 9000 hedge funds, dont la valeur globale dépasse les 1200 milliards US. Mais pourquoi les gestionnaires des caisses de retraite, des fonds communs et autres portefeuilles institutionnels investissent-ils tant d'argent dans les fonds de couverture? Pourtant, Amaranth n'est pas le premier à connaître des déboires. Vous souvenez-vous de la faillite de Long Term Capital Management (LTCM), en 1998? Cette retentissante faillite avait forcé la Réserve fédérale (Fed) à baisser ses taux d'intérêt pour empêcher un effet domino sur les marchés financiers.

Pourquoi, à titre d'exemple, Teachers', le régime de retraite des enseignants de l'Ontario qui, en passant, est l'un des plus performants au monde (17,5 % en 2005), investit-il encore plus d'argent (6,2 milliards) que la Caisse de dépôt dans les fonds de couverture? Tout simplement en vue d'obtenir une meilleure performance que... ce que rapporterait une stratégie strictement axée sur les placements traditionnels, telles les actions et les obligations.

Étant donné le montant astronomique des actifs que les caisses de retraite doivent gérer, elles doivent investir une partie des actifs dans des véhicules de placement qui ne sont pas en corrélation directe avec les obligations et les actions.

En agissant ainsi, les caisses de retraite se trouvent même à opter pour des stratégies qui sont, malgré leurs apparences spéculatives, fondamentalement défensives dans divers secteurs. Des fonds de couverture, il en existe dans une panoplie de secteurs: pétrole, gaz naturel, devises, taux d'intérêt, obligations, matières premières, stratégies d'arbitrage, etc.

En termes de performance, les investisseurs institutionnels ont-ils eu raison d'injecter une partie de leurs actifs dans ces produits?

Au cours de la période allant de 1987 (l'année du krach) à 2005, l'indice américain Hennessee Hedge Fund a obtenu un rendement annuel moyen de 13,7 %. Pendant cette période de 19 ans, le TSE 300 de la Bourse de Toronto a affiché un rendement moyen de 8,06 % et le baromètre de la Bourse de New York, le Dow Jones, un rendement de 9,55 % par année. Pour sa part, l'indice S&P 500 a affiché un rendement de 11,6 % par année. L'indice des fonds de couverture a par ailleurs battu d'aplomb l'indice hautement spéculatif du NASDAQ (10,2 % l'an ) et l'indice conservateur des obligations américaines, le Lehman Bond Index, dont le rendement a progressé au rythme annuel de 7,52 %.

Le commun des investisseurs peut lui aussi investir dans des hedge funds.

Il doit le faire par l'entremise des fonds communs de placement. La liste comporte 287 noms.

J'en ai sélectionné cinq, qui ont réussi à vraiment bien tirer leur épingle du jeu de la spéculation lors des trois dernières années.

Les voici, chacun étant suivi du rendement annuel composé pour la période de trois ans, terminée le 31 août dernier:

Adaly Opportunity A: 22,2 %

Goodwood Fund A: 20,1 %

Hillsdale Canadian Long /Short A: 19,5 %

Sprott Hedge Fund L.P: 25,1 %

Vertex Fund A: 24,4 %

Dans la niche des fonds de couverture, on retrouve également les CPG (certificats de placement garanti) gestion active, dont le principal atout est la protection du capital. Chez Desjardins, l'Épargne à terme liée à la gestion active de stratégies dites alternatives a rapporté un rendement annualisé de 4,35 % à 4,81 % au cours des cinq dernières années. À la Banque Nationale, les émissions de CPG gestion active effectuées en 2001, 2002 et 2003 s'en tirent jusqu'à présent avec un rendement similaire à celui de Desjardins.