Si la tendance des neuf premiers mois se poursuit, les gestionnaires de nos caisses de retraite vont boucler l'année avec une bien piètre performance.

Si la tendance des neuf premiers mois se poursuit, les gestionnaires de nos caisses de retraite vont boucler l'année avec une bien piètre performance.

Selon la firme Morneau Sobeco, les gestionnaires de caisse de retraite n'ont accumulé depuis le début de l'année qu'un rendement médian de 2,3% dans la catégorie des fonds diversifiés, et ce avant déduction des honoraires de gestion.

À ce rythme-là, il y a même un risque de se retrouver avec un rendement net inférieur à l'inflation. Cela laisse présager que les perspectives à court terme ne sont donc guère reluisantes pour nos caisses de retraite, leurs retraités et futurs retraités.

Qui plus est, ce rendement médian avant frais de gestion de 2,3% (qui divise en deux groupes égaux les meilleurs et les pires gestionnaires) est même inférieur à l'indice de référence des fonds diversifiés des caisses de retraite.

Le rendement dudit indice s'élève à 2,6% pour les trois premiers trimestres de l'année 2007.

La composition de cet indice de référence renferme 2% de valeurs à court terme (bons du Trésor de 91 jours), 43% d'obligations (indice obligataire Univers MCS), 30% d'actions canadiennes (indice S&P/TSX), et 25% d'actions étrangères (indice MSCI-Monde).

Quand on parle de caisse de retraite, le rendement médian des fonds dits «diversifiés» est la meilleure référence que l'on puisse trouver pour prendre le pouls de la performance des gestionnaires de portefeuille.

Pourquoi? Parce qu'en raison du mandat qui leur est confié, toutes les caisses de retraite sont obligées de diversifier leurs placements dans une multitude de produits financiers, question d'optimiser le rendement, tout en restreignant le niveau de risque à un niveau acceptable pour une caisse de retraite.

En passant, l'étude de Morneau Sobeco porte sur la performance de 350 fonds communs gérés par quelque 60 sociétés de gestion de placements pour le compte de caisses de retraite.

Par extrapolation, on peut dire que les résultats de cette étude laisse présager une performance encore plus faible de la part des fonds communs de placement vendus aux petits investisseurs.

Pourquoi? Un, parce que se sont les mêmes 60 sociétés de gestion de placements qui gèrent les fonds communs destinés au grand public.

Deux, parce que les frais de gestion imputés à ces fonds grand public sont de trois à quatre fois supérieurs à ceux chargés aux caisses de retraite.

Désastre étranger

Les catégories de fonds d'actions et d'obligations étrangères présentent des résultats désastreux pour les trois premiers trimestres de l'année 2007.

À preuve, la catégorie «Actions internationales - Europe et Asie» présente un rendement médian de -3,48%.

La catégorie «Actions mondiales - États-Unis, Europe et Asie» affiche pour sa part une perte de -5,54% comme rendement médian.

Pis encore, la catégorie «Actions américaines» est encore plus moche avec un rendement médian de -7,04%.

Du côté des portefeuilles «Obligations internationales», le rendement médian des gestionnaires de caisses de retraite recule de -4,30% pour les neuf premiers mois de l'année.

À quoi attribue-t-on cette mauvaise performance des placements étrangers? Tout simplement à l'appréciation du dollar canadien par rapport à la devise américaine.

Pour le troisième trimestre, selon Jean Bergeron, le directeur responsable de l'étude de Morneau Sobeco, l'augmentation de notre dollar a retranché à lui seul environ 7% des rendements des actions américaines lors du troisième trimestre.

C'est énorme comme impact puisque, ajoute-t-il, les caisses de retraite investissent en moyenne environ 30% de leurs placements en actions étrangères.

Maintenant quel est le portrait des portefeuilles de valeurs canadiennes de nos caisses de retraite?

En «obligations canadiennes», c'est très moche. Le rendement médian pour les neuf premiers mois de l'année est à peine de 0,76%.

La situation est d'autant plus critique que les «obligations canadiennes» représentent dans les caisses de retraite un actif majeur, allant dans bien des cas de 25 à 30%.

Baume canadien

Dans les catégories d'actions canadiennes, les nouvelles sont vraiment meilleures.

En effet, dans la catégorie «actions canadiennes -générales», les gestionnaires rapportent un rendement médian de 10,63% pour la période terminée au 30 septembre.

C'est par contre inférieur à l'indice de référence, le S&P/TSX de la Bourse de Toronto, qui affiche un gain de 11,22% pour la période.

Les investissements dans les portefeuilles «Actions canadiennes- spécialisées» ont procuré un rendement médian de 11,21% depuis le début de l'année.

Ce qui est nettement mieux que l'indice de référence avec son rendement de 3,60%.

Cette catégorie de portefeuille a cependant un poids relativement faible dans l'ensemble des portefeuilles gérés par les caisses de retraite.

La plus performante

La catégorie la plus performante de l'année jusqu'à maintenant a pour nom «marchés émergents». Rendement médian des gestionnaires: 15,6%.

Le hic: c'est une catégorie marginale dans les portefeuilles des caisses de retraite.

En terminant, un mot sur la catégorie «marché monétaire». Son rendement médian accumulé jusqu'à présent est de 3,30%.

Ce «bon» rendement étonne compte tenu de la crise de liquidité qui touche présentement les papiers commerciaux adossés à des actifs non bancaires.

Comment explique-t-on le peu d'effet négatif de la crise du papier commercial sur les fonds monétaires?

Réponse de Jean Bergeron: «Les pertes possibles sur ces instruments financiers ne sont pas encore reflétées dans les rendements des fonds du marché monétaire».

Oh que le quatrième s'annonce intriguant.