Vous êtes jeune, doté de compétences recherchées et d'un goût de l'aventure? Vous ne trouvez pas un boulot à votre goût au Québec? Alors, le monde s'ouvre à vous. Du moins, en Allemagne, au Japon ou même en Inde, on rêve de vous rencontrer en entrevue.

Vous êtes jeune, doté de compétences recherchées et d'un goût de l'aventure? Vous ne trouvez pas un boulot à votre goût au Québec? Alors, le monde s'ouvre à vous. Du moins, en Allemagne, au Japon ou même en Inde, on rêve de vous rencontrer en entrevue.

Le boom économique dans les pays émergents provoque une onde de choc sur la planète dont on commence à peine à mesurer l'impact.

Au-delà des effets connus sur les prix du pétrole, des métaux ou des aliments, l'explosion de la demande dans les pays en forte croissance a de plus en plus de conséquences sur le marché du travail. Les puissances du G7, mais aussi le club du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) font d'ailleurs face à de sérieux problèmes à ce chapitre.

Une nouvelle étude indique que l'Allemagne redoute une pénurie massive de main-d'oeuvre: à l'horizon 2020, 2,4 millions de postes pourraient demeurer vacants sur le marché du travail, estime la firme McKinsey.

La première économie de la zone euro est souvent considérée comme l'équipementier du monde. L'Allemagne produit en effet de la machinerie industrielle de haut niveau qui est en demande partout.

Or, le retour de la croissance et la décrue du chômage, grâce aux exportations surtout, ont fait fondre les réserves allemandes de main-d'oeuvre, surtout du côté des ingénieurs, des informaticiens et des techniciens.

En avril, l'Allemagne comptait près de 100 000 postes d'ingénieurs à pourvoir, selon des données du gouvernement. Une situation qui coûte 18,5 milliards d'euros (29 milliards CAN) par an à l'économie, déplore la Fédération du patronat allemand (BDA).

En plus, la démographie vient aggraver le problème. Les plus de 50 ans représentent environ 40% de la population allemande, mais ils atteindront le seuil des 50% d'ici 2020, prévient McKinsey. «Cela signifie que le nombre de personnes dépendantes des revenus des autres () ne va pas cesser d'augmenter», disent les auteurs de l'enquête.

Le «papy-boom» japonais

Pénurie de main-d'oeuvre. Vieillissement. Voilà des problèmes qui ne sont nulle part plus préoccupants qu'au Japon.

Alors que la demande mondiale continue de croître pour les produits japonais (voitures, électronique, etc.), la population en âge de travailler au pays du Soleil Levant diminuera de 30% d'ici 2050, avance une étude gouvernementale. Près de la moitié des Japonais auront alors plus de 65 ans, soit le double d'aujourd'hui. Une véritable catastrophe.

Le Japon, qui dénombre 66 millions de travailleurs actifs, n'en comptera plus que 42 millions d'ici 40 ans.

La situation est à ce point alarmante que Tokyo vient d'inviter les retraités à revenir sur le marché du travail. On en est rendu là. Notamment parce que les plus jeunes doivent travailler comme des forcenés pour répondre à la demande.

Au Japon, un employé sur dix bosse plus de 60 heures par semaine! Ça ne laisse pas beaucoup de temps pour les loisirs et, surtout, ça hypothèque une main-d'oeuvre déjà à bout de souffle.

«India wants you»

Certes, l'Inde ne manque pas de jeunes. Mais avec l'élan économique de ce pays d'un milliard d'habitants, on commence là-bas aussi à manquer de bons travailleurs.

L'Inde s'est dotée d'un ambitieux programme - avec un budget annuel de 60 milliards US sur six ans - visant à restaurer et développer ses infrastructures. Un projet emballant. Mais il y a un hic: pour y arriver, il faudra 33% de travailleurs qualifiés de plus qu'on en compte actuellement, déplore un think tank industriel indien.

Aussi, les entreprises locales font de plus en plus les yeux doux aux travailleurs du monde entier, notamment dans le domaine de l'ingénierie et de l'informatique. En 2012, 260 000 informaticiens pourraient manquer en Inde. Si bien que les employeurs ne se gênent plus pour recruter du personnel en Europe, quitte à les payer au tarif «occidental», rapportent des médias européens.

En somme, le marché mondial du travail vit des changements profonds. La pénurie de travailleurs qualifiés risque en plus d'accélérer un autre phénomène: la fin de l'Eldorado des pays à bas coûts.

La pénurie de main-d'oeuvre qualifiée en Inde, et de plus en plus en Chine et en Europe de l'Est, s'ajoute aux demandes des travailleurs locaux qui réclament de meilleures conditions de vie. Bref, on manque de bons travailleurs et les salaires grimpent. Ça complique les affaires pour beaucoup d'entreprises.

Pour l'heure, les investissements occidentaux continuent d'affluer dans les pays émergents, qui promettent des coûts de production inégalés. Mais les entrepreneurs savent que désormais ils devront payer plus cher, partout où ils iront. Et pour finir, nous devrons tous honorer la facture.