Le gouvernement Charest a résisté à la pression énorme qui pesait sur lui.

Le gouvernement Charest a résisté à la pression énorme qui pesait sur lui.

Son plan d'aide à l'industrie forestière n'est pas un exercice de sauvetage, on n'y injecte pas aveuglément des millions de dollars. C'est un plan réaliste. Le premier ministre a d'ailleurs eu la franchise d'avouer que la crise profonde que traverse actuellement le secteur forestier québécois ne se règlera pas du jour au lendemain.

D'autres fermetures et leur lot de mises à pied sont à prévoir. Le rôle du gouvernement est de venir en aide à ceux qui sont directement affectés par cette crise, les travailleurs et les municipalités.

Il lui faut aussi mettre en place les conditions pour faciliter la restructuration de l'industrie. Il ne doit pas cependant se substituer à elle.

Comme société, nous ne gagnerions rien à maintenir artificiellement en vie des usines qui n'ont pas investi suffisamment pour faire face à la concurrence.

Les entreprises doivent assumer leur part de risque.

C'est la voie qu'emprunte le plan présenté la semaine dernière par Québec. En premier chef, il s'occupe des travailleurs frappés par la tempête qui secoue l'industrie.

Pour les plus vieux qui ne seront pas capables de réintégrer le marché du travail, on leur facilitera l'accès à la retraite. Pour les autres, l'accent est mis sur la formation et c'est essentiel.

D'abord, parce que plusieurs ne sont pas prêts à la retraite et ensuite parce que le Québec a besoin de main-d'oeuvre.

On ne peut pas se priver du talent et de l'énergie de ceux qui désirent reprendre le chemin du travail.

Le devoir de l'État est de leur fournir les outils nécessaires pour retrouver un gagne-pain. Pour ce qui est de l'industrie, Québec n'accède pas à toutes ses demandes.

Le gouvernement prend cependant en charge, pour un certain temps, quelques unes des responsabilités qui lui incombaient.

Il s'agit d'un investissement de 197 millions de dollars qui aura un impact sur le coût de la fibre. Québec ne pouvait pas vraiment faire plus. D'une part, parce qu'il fallait respecter l'entente sur le bois d'oeuvre. D'autre part, parce que les contribuables n'ont pas à payer pour la négligence de l'industrie et des gouvernements qui se sont succédé à Québec.

Si la fibre coûte cher, c'est parce qu'il y a eu surexploitation de la forêt. Le rapport Coulombe a été très clair là-dessus. Reste maintenant à l'industrie de se restructurer. L'enveloppe de 425 millions de dollars en prêts et garanties de prêts qui avait été adoptée dans le budget de mars dernier a été revue.

Les conditions d'accès aux prêts ont été assouplies. Ce ne sont pas des subventions, ça demeure des prêts.

Il est possible que certaines entreprises, trop mal en point, ne puissent toujours pas y avoir accès.

C'est la dure réalité. Avec l'arrivée de nouveaux concurrents comme le Brésil, seule les entreprises plus performantes pourront subsister.

C'est la voie du long terme, la seule qui permettra à l'industrie forestière de se relever de cette crise et de résister à la prochaine.

Là où Québec devra faire plus, c'est dans ses modifications à la Loi sur les forêts. Un projet de loi sera présenté cet automne pour favoriser une flexibilité accrue dans la gestion des bois.

Pour l'instant, on parle d'un maximum de 10 % du volume du contrat d'approvisionnement et d'aménagement forestier consenti à une usine qui pourra être transféré à une autre. Il faudra permettre davantage.

Pour bâtir des scieries plus productives, on devra se résigner à en fermer des petites et à transférer aux plus grandes la totalité du contrat d'approvisionnement.

Le gouvernement Charest a également prévu 45 millions pour aider les municipalités victimes de cette crise.

La diversification de leur économie dépendra toutefois beaucoup de ce que fera l'industrie. Il faudra que cette dernière prenne le virage de la deuxième et troisième transformation.

Sans ce nécessaire virage, plusieurs municipalités ne pourront pas espérer renouer avec la prospérité. Le gouvernement a fait sa part, c'est maintenant au tour de l'industrie de faire la sienne.