C’est passé un peu sous le radar parce que l’actualité internationale a pris toute la place, mais Donald Trump vient de passer sa pire semaine depuis qu’il a quitté la Maison-Blanche en janvier 2021.

La plus mauvaise nouvelle pour l’ancien président est l’admission de culpabilité de l’avocate Sidney Powell dans la tentative de faire invalider le résultat de l’élection présidentielle de 2020 en Géorgie.

L’ex-président fait partie des 19 coaccusés qui avaient tous plaidé non coupables après leur mise en accusation en août dernier.

Mme Powell a non seulement plaidé coupable à six chefs d’accusation, elle a aussi accepté de témoigner pour la poursuite contre ses coaccusés, dont Donald Trump. Un témoin qui est, bien sûr, très important pour la poursuite.

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L’avocate Sidney Powell, lors de son arrestation en août dernier

Mme Powell avait été, peu après l’élection de novembre 2020, l’une des dénonciatrices les plus stridentes des présumées fraudes électorales, accusant, entre autres, la société qui fabriquait certaines machines à voter d’être contrôlée par le Venezuela.

En particulier, Mme Powell pourra parler de la rencontre dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche du 18 décembre 2020, alors qu’on tentait de mettre au point une stratégie en vue de faire invalider l’élection présidentielle en Géorgie.

En particulier, elle fut au cœur d’une tentative de copier illégalement le logiciel des ordinateurs de dépouillement des votes en Géorgie.

Le fait que Mme Powell plaide coupable signifie aussi qu’elle rejette l’idée que l’élection de 2020 a fait l’objet de fraudes massives qui ont causé la défaite de Donald Trump – ce qui est encore au cœur de toutes les interventions publiques du candidat.

Vendredi, on apprenait qu’un autre avocat de M. Trump, Kenneth Chesebro, avait plaidé coupable et allait, lui aussi, collaborer avec les procureurs.

L’autre bien mauvaise nouvelle pour Donald Trump est l’excellente semaine qu’a connue le président Joe Biden. D’abord pour avoir décidé de se rendre en Israël pour appuyer son allié de toujours. Mais aussi, au retour, pour avoir fait un discours à la nation où il a réussi à lier l’aide à l’Ukraine et l’aide à Israël dans une même cause, soit la défense de deux pays démocratiques.

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Le président américain Joe Biden, lors de son discours à la nation, jeudi dernier

Ce qui lui donne un certain ascendant moral sur ses adversaires républicains qui sont divisés sur l’aide à accorder à l’Ukraine. Donald Trump a déjà exprimé très publiquement des réserves à continuer à aider l’Ukraine s’il redevenait président. Et, récemment, il a soutenu que le Hamas avait été « très intelligent » dans le contexte de son attaque contre Israël.

Effet secondaire non négligeable de la semaine : quand il a l’air d’un homme d’État, plus personne ne parle de l’âge de Joe Biden.

Pendant ce temps, à la Chambre des représentants à Washington, le Parti républicain continue de faire un étalage très public de ses divisions internes.

Le candidat très ouvertement appuyé par M. Trump, Jim Jordan, a non seulement échoué à obtenir la majorité, mais il a aussi perdu des appuis chez ses collègues républicains à chaque tour de scrutin. Après un troisième tour, il a fini par perdre la confiance de son caucus dans un vote secret.

Il faut dire que M. Jordan, dont la partisanerie ne souffre pas de compromis et qui ne dédaigne pas adhérer à des théories complotistes, n’a pas vraiment le profil d’un président de la Chambre rassembleur, qui cherche les points communs plutôt que d’exacerber les différences.

La Chambre, qui doit nécessairement approuver toute dépense du gouvernement fédéral, est donc paralysée depuis deux semaines, soit depuis que les principaux soutiens de M. Trump ont montré la porte à Kevin McCarthy, un allié de M. Trump qui avait commis le péché mortel de faire un compromis avec les démocrates.

Mais ce qui est intéressant dans ce qui s’est passé cette semaine, c’est que la révolte est venue des républicains modérés, ceux qui ne sont pas nécessairement très enthousiastes à voir M. Trump redevenir le candidat républicain à la présidence.

Depuis l’arrivée de Trump à la présidence, ces républicains plus modérés ne s’étaient guère manifestés. Mais les temps sont en train de changer, même si cette aile modérée reste minoritaire dans le parti.

Et enfin, il y a les performances de Donald Trump lui-même. Il a décidé de ne pas débattre contre ses adversaires à la nomination républicaine puisqu’il estime – non sans raison – avoir une avance presque insurmontable dans les sondages. Mais la rouille commence à s’installer.

Comme le soulignait cette semaine le New York Times, Trump ne fait que revenir constamment sur l’élection de 2020 qui lui aurait été volée – même si ça fait maintenant trois ans et qu’on n’a pas trouvé la moindre preuve de fraude – et il est pratiquement incohérent sur les autres sujets.

Mais, en campagne électorale, il lui sera plus difficile de prétendre : « Il n’y aurait jamais eu de guerre en Ukraine si j’avais été président. » Il aura alors des opposants qui pourront lui répondre.

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