L’esthétique, bien entendu, mais aussi la résilience et le bien commun sont au cœur de la réflexion que mène Pierre Thibault sur le bâti. Dans un deuxième essai consacré à la beauté, l’architecte dialogue avec l’animatrice et musicienne Catherine Perrin sur la relation qui unit les humains à leur environnement.

Habiter en beauté – Ces lieux qui nous font du bien s’inscrit dans la foulée d’Et si la beauté rendait heureux, un exercice de dialogue présenté en 2016 par Pierre Thibault et François Cardinal, aujourd’hui vice-président et éditeur de La Presse. Cette fois, c’est Catherine Perrin que l’architecte entraîne dans la découverte de lieux inspirants et apaisants, ses projets pour la plupart, mais pas seulement.

Pendant un an, le tandem a visité des endroits pensés dans des contextes différents et rencontré ceux et celles qui les habitent et les fréquentent. Après avoir construit sa pratique autour de l’architecture résidentielle, Pierre Thibault se consacre de plus en plus, avec son équipe, à des projets qui ont des retombées collectives, tel le Lab-école, dont le premier établissement qui en est issu, l’école Stadacona, est présenté dans le livre.

L’essai s’ouvre avec la Fondation Grantham pour l’art et l’environnement, résidence d’artistes et lieu d’exposition, située au cœur de la nature et construite sur pilotis pour préserver les arbres qui « nous tendent les bras », écrit Catherine Perrin. « La forme d’un projet dialogue avec le ciel et avec la nature qui l’entoure, affirme Pierre Thibault. Elle entretient un rapport apaisant avec le corps et doit éviter le bavardage inutile, qui banalise tout. »

Pour l’architecte, le but n’est pas de déranger le paysage, mais de le compléter.

Jardins de Métis, collège Sainte-Anne, Maison Resther, faculté de musique de l’Université Laval : les auteurs nous amènent dans des lieux divers qui ont en commun de susciter un fort ressenti. Le ressenti est ce sur quoi mise le récit qui n’est pas accompagné de photos, mais d’esquisses évoquant les bâtiments et d’interludes musicaux choisis par Catherine Perrin.

C’est à la toute fin du livre, sur les terres de Laure Waridel et de Bruce Johnston à Frelighsburg, où une maison intergénérationnelle signée Pierre Thibault est en train d’être érigée, et dans les rues du quartier parisien transformé Clichy-Batignolles, que la réflexion devient plus intéressante.

Comment construire et aménager les villes pour répondre aux défis climatiques qui nous attendent ? L’architecte rejette les solutions « mur à mur » et lance l’idée d’un laboratoire urbain où cinq municipalités ayant besoin de renouveau se verraient proposer une vision d’ensemble, créée sur mesure pour chacune par des experts de différents domaines. Repenser les villes implique selon Pierre Thibault une densification qui fait place à la nature, par l’aménagement de parcs et de cours intérieures. Après le Lab-école, le Lab-urbain ?

Extrait

« Quels choix ferons-nous pour la suite ? L’argent et la vitesse ont longtemps été les moteurs de développement de nos villes, et tout montre que notre qualité de vie en a subi des conséquences. En remplaçant l’argent et la vitesse par le vivant et le temps, notre façon de construire et d’habiter fera toute la différence. »

Qui sont Pierre Thibault et Catherine Perrin ?

Architecte réputé, Pierre Thibault est le fondateur de l’Atelier Pierre Thibault et professeur à l’École d’architecture de l’Université Laval. Au fil de sa carrière, il a reçu près d’une trentaine de prix et de distinctions au Québec, au Canada, aux États-Unis et en Europe, dont le prix Ernest-Cormier, décerné par le gouvernement du Québec.

Animatrice, écrivaine et claveciniste, Catherine Perrin est l’autrice d’un récit (Une femme discrète) et de deux romans (Trois réveils et L’âge des accidents). Elle anime l’émission Feu vert à ICI Première.

Habiter en beauté

Habiter en beauté

Les Éditions La Presse

272 pages