Du temps, la paix, des sourires ? De quoi rêvons-nous pour 2024 ? Dix personnalités nous font part de leurs souhaits pour l’année. Que veulent-elles voir davantage ? Tant qu’à rêver, qu’aimeraient-elles voir moins ? En vrac, des tas d’idées pour rêver en gang et en grand.

Émile Proulx-Cloutier, comédien, auteur-compositeur-interprète

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Émile Proulx-Cloutier

« Du temps. Les pilotes de course le vivent : la vitesse réduit le champ de vision. Je nous souhaite de ralentir pour voir plus large. On veut plus d’échanges – face à face – avec des gens qui pensent autrement et vivent autrement. »

« Moins de hargne, de bruit, de pression, de mépris. Moins de procès d’intention et d’opinions-minute, moins de conversations avec des robots. Moins de mots et de gestes qui déshumanisent. »

Sonia Lupien, directrice du Centre d’études sur le stress humain

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Sonia Lupien

« Du temps pour effectuer du travail en profondeur, sans être constamment interrompu par des courriels et des messages de toute sorte. Quand on peut se concentrer sur une seule tâche, ça déstresse, le cerveau aime ça. Et plus de sourires partagés avec des inconnus et d’échanges positifs, parce que ça aussi, ça fait du bien. »

« Moins de stress pour les travailleurs de la santé et de l’éducation, qui sont les piliers de la société. Pouvons-nous leur donner une meilleure qualité de vie ? Et moins d’incivilités sur les réseaux sociaux, pour qu’on puisse s’exprimer librement, sans souffrir. Ce serait le fun que les trolls, ça ne soit plus à la mode. »

Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques, humoriste

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Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques

« Plus de délicatesse. […] Il me semble qu’on fait plein de place à l’efficacité […], mais rien n’empêche de jumeler la délicatesse à travers la douceur d’un regard, la finesse d’une pensée, l’élégance d’un geste. Délicatesse qui, en plus de nous exempter de vulgarités et de platitudes, nous offre l’une des façons les plus subtiles et agréables d’exprimer son respect et son affection. »

« J’espère moins de caisses libre-service, SVP. Parlez-moi d’un projet qui n’a pas tenu ses promesses. Ça devait être efficace, simple, le progrès ! Mais une caisse est perpétuellement brisée et un seul employé tente de gérer héroïquement huit caisses figées parce que certains ont eu l’inconscience d’essayer d’acheter un fruit exotique sans code. Résultat : l’opération simple et efficace a la même fluidité qu’une heure de pointe de première tempête. »

Martine St-Victor, stratège en communication et directrice générale, Edelman Montréal

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Martine St-Victor

« Je souhaite plus d’engagements des grandes entreprises dans les grands projets de société. Je souhaite aussi qu’un plus grand nombre de dirigeants d’entreprise réalisent que leur influence dépasse les murs de leurs bureaux et que cette influence est, en fait, une responsabilité sociale. Ils doivent donc être plus actifs dans les solutions d’enjeux. »

« Je souhaite de voir beaucoup moins l’utilisation du mot woke (et ses dérivés) par ceux qui, visiblement, ne savent pas ce que le mot veut dire. »

Caroline Quach, pédiatre, microbiologiste-infectiologue

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Caroline Quach

« Plus de beau, accessible à tous. Dans nos métros, nos écoles, nos hôpitaux… Est-ce qu’on est obligés de prendre les projets au plus bas soumissionnaire, sans avoir aucun critère de beauté ? En santé, plus de prévention. On met énormément d’importance sur le curatif, mais prévenir le développement de la maladie et des facteurs de risque menant à ces maladies est essentiel. »

« Moins de conflits, à petite et à grande échelle. Et en santé, moins d’équipes de soignants sur le bord de l’implosion, et moins de roulement de personnel. Ça prend des années à développer de l’expertise, et croire qu’on peut toujours bouger le personnel selon les trous qu’on a à remplir, c’est impensable. »

Anas Hassouna, humoriste, comédien et ambassadeur de Tel-Jeunes 2022-2023

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Anas Hassouna

« Je souhaite aux jeunes, surtout à ceux qui grandissent dans des quartiers plus chauds, plus d’exemples à suivre. C’est un âge où tu peux être facilement impressionné par les mauvaises choses, les mauvais artistes musicaux, des gens qui représentent des trucs sombres, disons. Quand tu es jeune, tu n’as pas le recul pour faire la part des choses. Je souhaite vraiment à la jeunesse des exemples qui l’inspire. […] Même plus que des modèles, je souhaite aux jeunes de trouver des passions, des exutoires positifs, des buts. »

« Je souhaite moins de violence. La violence armée, surtout. Il y en a eu beaucoup dernièrement. Et les jeunes sont malheureusement surreprésentés. »

Philippe Dubuc, designer de mode

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Philippe Dubuc

« Cette période post-pandémique qui s’étire peut refroidir les ardeurs de plusieurs entrepreneurs du secteur du commerce de détail. Je souhaite découvrir plus de nouvelles boutiques créatives proposant des produits uniques. La vitalité de nos villes passe entre autres par la qualité de nos commerçants et de la clientèle. »

« La couleur orange des cônes de la voirie. Je souhaite voir moins d’entraves routières afin de permettre une meilleure fluidité urbaine pour faciliter l’accès à nos commerces de détail de proximité. »

Catherine Dorion, artiste, autrice et ex-députée de Québec solidaire

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Catherine Dorion

« Plus de lenteur, de temps réellement libéré de nos listes de tâches, de nuances et de curiosité, de longues marches, de siestes d’après-midi, d’émotion, de longs moments de poésie partagée, d’amour qui a le temps de se déployer. »

« Moins d’exigences absurdes sur les lieux de travail, d’addiction aux réseaux sociaux, de jugements expéditifs, d’urgence (l’urgent ne fait pas le bonheur !), de non-sens érigé en système, de pression productiviste, de chars partout. »

Jessica Barker, animatrice, comédienne et autrice du livre Maman, dis-moi : la maternité sans filtre ni tabou

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Jessica Barker

« On doit mettre plus d’humour dans nos vies de parents. Plus de légèreté. Il faut qu’on arrête de penser que chaque élément qu’on va dire à nos enfants va peut-être créer des blessures. »

« Ce qu’on devrait laisser aller, le gros out, selon moi, en parentalité, c’est de penser qu’il y a une recette et que cette recette va faire qu’on aura réussi notre vie de parents. Je pense qu’il y a beaucoup plus d’inconnues dans la parentalité que ce qu’on accepte. […] Il faut qu’on arrête de penser que tout est beau, tout est lisse, tout est extraordinaire. C’est comme en amour ou au travail, dans la parentalité, il y a de belles journées et il y en a de moins belles. »

Louis-François Marcotte, restaurateur et entrepreneur

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Louis-François Marcotte

« Je souhaite plus d’encouragement pour nos restaurateurs, je sais qu’il y a l’inflation, mais si on peut simplement aider nos restaurateurs en allant prendre un café ou un petit dessert, ça donne un coup de pouce dans notre économie locale. C’est très important, car on vit des moments difficiles. On est privilégiés de vivre de notre passion, on rayonne à l’international, mais il faut continuer à nous soutenir. »

« Je souhaite moins d’improvisation dans la planification financière de nos restaurants, moins de frivolité comptable. Il est primordial d’avoir de la rigueur dans les finances de nos entreprises, et dans la restauration au quotidien. […] Passion et rigueur doivent cohabiter. »

Propos recueillis par Silvia Galipeau, Olivia Lévy, Catherine Handfield et Véronique Larocque, La Presse