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Pourquoi n’avons-nous pas entendu parler du ballon-sonde chinois lorsqu’il était au-dessus du Canada ?

Ghislaine Deshaies Mercier

Les engins volants font beaucoup parler ces jours-ci. Vendredi, les États-Unis en ont abattu un au-dessus de l’Alaska. Samedi, c’était au tour du Canada d’en abattre un au-dessus du Yukon.

Ces évènements montrent que le Canada est actif dans la gestion de ces menaces. Mais lors du tout premier évènement impliquant un ballon chinois, survenu au début de la semaine dernière, il existe une perception selon laquelle le Canada a été à la traîne des États-Unis. Le public a été informé de la présence de l’engin après que ce dernier eut quitté l’espace aérien canadien. Cela peut donner l’impression que les autorités canadiennes n’ont jamais détecté le ballon-espion et qu’elles ont appris son existence après coup, grâce aux Américains.

Ce qu’on sait de l’affaire montre plutôt que le Canada a été impliqué dès les premiers instants.

L’armée américaine affirme avoir détecté le ballon chinois le 28 janvier alors qu’il survolait les îles Aléoutiennes, qui appartiennent à l’Alaska.

La défense de l’espace aérien nord-américain est prise en charge par le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD), une organisation militaire canado-américaine.

Dans un point de presse donné le 6 février dernier, le général Glen VanHerck, commandant du NORAD, s’est fait demander par un journaliste pourquoi le ballon n’avait pas été immédiatement abattu alors qu’il survolait les îles Aléoutiennes.

Le général a répondu qu’il ne pouvait prendre cette décision parce que le ballon ne montrait pas d’« intention hostile ». Il a ensuite affirmé ceci :

« Pour la suite, j’ai tenu au courant le département [de la Défense américain] et le gouvernement du Canada – en tant que [commandant du] NORAD, j’ai aussi un patron au Canada. »

« Mon patron est le général Wayne Eyre, chef d’état-major de la défense du côté canadien. Je peux vous assurer que le général Eyre a été tenu au courant », a précisé le commandant VanHerck.

Le ballon a ensuite quitté l’Alaska pour survoler les Territoires du Nord-Ouest, l’Alberta et la Saskatchewan avant d’entrer à nouveau dans l’espace aérien américain le 31 janvier.

Son existence a été annoncée le 1er février par les États-Unis. Le ministère de la Défense canadien a publié un communiqué le lendemain sur le même sujet.

« Le Canada et les États-Unis ont décidé ensemble de rendre publique la présence du ballon à un moment opportun, tout en tenant compte de la sécurité opérationnelle », nous a affirmé une porte-parole de la Défense nationale canadienne.

« Nous devons trouver un équilibre et nous assurer que nous ne compromettons d’aucune façon nos opérations et les techniques que nous utilisons pour protéger les Canadiens », a affirmé au réseau CTV le ministre canadien de la Sécurité publique, Marco Mendicino, pour expliquer le silence initial des autorités canadiennes.

Cela montre que le Canada a été activement impliqué dans la gestion de cette intrusion de l’espace aérien nord-américain.

Le ballon a finalement été abattu par un avion de chasse de l’armée américaine au large des côtes de la Caroline du Sud, un endroit où la chute de débris posait moins de risques. Jeudi dernier, le gouvernement américain a affirmé que la sonde était munie d’équipement de surveillance. Selon le Pentagone, des ballons semblables ont été envoyés par la Chine au-dessus de plusieurs endroits du globe au cours des dernières années afin de recueillir des informations sur les bases militaires.

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