(Washington) Un avion de chasse américain a abattu vendredi dans le ciel un objet inconnu au large de la côte de l’Alaska, non loin de la frontière canadienne, ont confirmé des responsables de la Maison-Blanche, quelques heures seulement après que la ministre canadienne de la Défense a rencontré son homologue américain au Pentagone.

Le premier ministre Justin Trudeau a été informé du dossier et a « approuvé la décision d’agir », a-t-il écrit sur Twitter. « Nos militaires et nos services du renseignement collaboreront toujours, notamment par le biais du (Norad), pour protéger les gens », a dit M. Trudeau.

Plus tôt vendredi, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, a confirmé cette dernière intervention et son emplacement, lors de la conférence de presse de vendredi à la Maison-Blanche. Il a précisé que l’ordre d’abattre l’objet volant provenait directement du président Joe Biden.

La ministre canadienne de la Défense, Anita Anand, a dit qu’elle avait appris l’existence de l’objet volant alors qu’elle se trouvait encore au Pentagone, et précisé avoir participé à un appel avec le commandant du Norad, le général Glen VanHerck, « concernant un objet de haute altitude détecté au-dessus de l’Alaska ».

L’objet n’est pas entré dans l’espace aérien canadien, a confirmé Mme Anand dans une déclaration écrite, ajoutant qu’elle avait « exprimé le soutien du Canada à la prise de mesures pour abattre cet objet ».

« Les Forces armées canadiennes, le ministère de la Défense nationale et moi-même continuerons de travailler en étroite collaboration avec nos alliés américains pour assurer la protection de l’espace aérien nord-américain », a-t-elle ajouté.

M. Kirby a indiqué que l’objet, détecté pour la première fois jeudi soir, n’était pas loin de la frontière canado-américaine lorsqu’il a été abattu.

Le porte-parole du Pentagone, le général de brigade Pat Ryder, a déclaré de son côté que l’objet se déplaçait dans une direction « nord-est » lorsqu’il a été abattu.

M. Kirby a parlé d’un objet de « la taille d’une petite voiture », mais avait peu d’autres détails, comme sa provenance ou ses capacités.

« Je peux vous dire que c’était un objet qui était à 40 000 pieds » (environ 12 000 mètres) qui ne semblait pas avoir la capacité de manœuvrer, a déclaré M. Kirby à la conférence de presse de la Maison-Blanche. Il a ajouté que cet objet volant était considéré comme une menace pour les avions civils à cette altitude. « Je n’exclus rien », a-t-il dit.

Ballon de surveillance

Le général à la retraite Lloyd Austin a remercié le Canada pour son aide dans le suivi du ballon de surveillance chinois qui avait traversé l’Amérique du Nord la semaine dernière.

On ne sait toujours pas quels renseignements américains ou canadiens ce ballon a pu réussir à recueillir au-dessus de l’Amérique du Nord, la semaine dernière, avant d’être abattu — une option que le Canada avait rejetée parce que l’engin ne représentait aucune menace pour la sécurité publique, avait expliqué plus tôt vendredi la ministre Anand.

Les États-Unis analysent le ballon qui a été abattu dimanche au large de la Caroline du Sud, et le Canada n’est pas directement impliqué dans cette enquête, a précisé la ministre Anand.

Grâce au Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (Norad), les États-Unis et le Canada ont suivi de près le périple d’une semaine du ballon, depuis les îles Aléoutiennes, au large de l’Alaska, jusqu’à sa fin abrupte au-dessus de l’Atlantique, abattu par un avion de chasse F-22 « Raptor ».

Mais la ministre n’a fourni aucun autre détail sur l’endroit exact où se trouvait le ballon lorsque le Canada a appris pour la première fois cette incursion.

« Nous avons […] analysé le ballon et examiné sa trajectoire, y compris son altitude et son contenu, et nous avons déterminé qu’il ne posait aucun risque imminent pour les Canadiens », a déclaré vendredi Mme Anand.

« L’analyse du ballon et de son contenu […] est maintenant menée par les États-Unis, et le Canada n’est pas impliqué. »

Lors de sa rencontre avec la ministre Anand, le secrétaire américain à la Défense a spécifiquement mentionné le ballon de la semaine dernière en vantant les mérites du Norad et l’importance de l’initiative des deux pays pour moderniser un système qui, selon les experts, est extrêmement désuet.

« Les États-Unis et le Canada ont récemment travaillé ensemble par le biais du Norad pour suivre le ballon de surveillance à haute altitude (chinois) qui a violé la souveraineté de nos deux pays, a dit Lloyd Austin. Cette coordination a souligné l’importance de nos efforts et la nécessité d’un investissement continu dans la modernisation du Norad, des deux côtés de la frontière. »

Le commandant du Norad, le général américain Glen VanHerck, a reconnu plus tôt cette semaine que le ballon n’était pas le premier du genre à pénétrer dans l’espace aérien américain et que les évènements précédents n’avaient pas été détectés, exposant une faille qui devait être comblée.

La ministre Anand a déclaré vendredi qu’il n’y avait aucune preuve que ces incursions antérieures impliquaient l’espace aérien canadien.

« Je pense que nous allons continuer à en apprendre beaucoup sur la façon dont ces choses sont ou peuvent être détectées, a déclaré le secrétaire Kirby. Nous nous attendons à en apprendre beaucoup sur nos propres systèmes, nos propres processus, pour la détection et le suivi. »