(Halifax) Alors que le Canada envisage ce que les experts craignent comme une nouvelle saison dévastatrice des incendies de forêt, les chefs des pompiers se disent préoccupés par la diminution du nombre de volontaires disponibles pour lutter contre la menace croissante.

Ken McMullen, président de l’Association canadienne des chefs de pompiers, qui représente 3200 services d’incendie à travers le pays, a dévoilé les données de son groupe montrant que le nombre de pompiers volontaires diminue à mesure que le volume d’appels d’urgence augmente.

Entre 2016 et 2023, le Canada a perdu plus de 30 000 pompiers, pour la plupart des volontaires, d’après M. McMullen. Un millier de soldats du feu volontaires supplémentaires sont partis entre 2022 et 2023, portant leur nombre à 125 000, dont environ 88 500 volontaires.

Le souvenir des incendies de 2023 a laissé des traces sur l’engagement des volontaires. « L’année dernière, nous avons demandé aux pompiers volontaires d’intervenir pendant des semaines et des mois, laissant derrière eux leurs responsabilités, leur emploi, leurs obligations parentales ou conjugales. Tout cela est mis de côté pendant que ces personnes vont s’occuper de nos incendies. À la fin de la saison dernière, certaines personnes ont simplement dit : “J’en ai fini. Je ne peux plus faire ça.” », a témoigné M. McMullen.

Cette saison ne démarre pas sous les meilleurs hospices, avec déjà 70 incendies recensés à travers le Canada, notamment dus à la sécheresse persistante et aux températures supérieures à la moyenne. « Tout indique que la saison des incendies de forêt  2024 sera aussi féroce que celle de l’année dernière, et nous devons mieux nous y préparer que nous ne l’avons fait pour l’été 2023 », a déclaré M. McMullen dans une récente entrevue.

PHOTO JUSTIN TANG, LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre fédéral de la Protection civile, Harjit Sajjan

« Nous pouvons nous attendre à ce que la saison des incendies de forêt commence plus tôt, se termine plus tard et soit potentiellement plus explosive », s’est inquiété mercredi le ministre fédéral de la Protection civile, Harjit Sajjan, lors d’une conférence de presse.

Pour Michael Lockett, pompier volontaire dans la vallée d’Annapolis, en Nouvelle-Écosse, la saison historique de l’année dernière avait accru la sensibilisation à la sécurité incendie et à l’importance de signaler les observations de fumée, mais n’avait pas entraîné beaucoup de nouvelles recrues.

« Les gens veulent aider. Ils adoreraient sortir et asperger de l’eau, mais une fois qu’ils réalisent l’engagement, la formation et les réunions requises (pour devenir pompier volontaire), ils s’en vont. »

Hilliard Ewing, capitaine des pompiers volontaires du service d’incendie de Middleton, en Nouvelle-Écosse, s’attend à ce que la formation approfondie et non rémunérée requise rende difficile pour de nombreuses personnes qui travaillent à temps plein de se joindre à un service bénévole.

« C’est important, et vous devez être formé à ce niveau élevé, mais pour y parvenir et être prêt à mettre votre vie en danger, le temps consacré est tout simplement énorme », rappelle-t-il.

Il n’existe pas de modèle régional ou municipal cohérent pour rémunérer les pompiers volontaires, qui peuvent seulement se voir attribuer un crédit d’impôt fédéral, un paiement à l’appel, ou des honoraires.

Le gouvernement fédéral a tenté de répondre au besoin de davantage de personnel pour lutter contre les incendies en doublant le crédit d’impôt pour les pompiers volontaires, le portant à 6000 $.

Selon M. McMullen, ce n’était pas tout à fait ce que les chefs avaient demandé, mais il s’est dit heureux d’entendre Ottawa reconnaître le travail important des bénévoles. Son association continuera de plaider en faveur d’un crédit d’impôt de 10 000 $, ce qui, selon lui, représente un montant qui reflète le coût de la vie élevé ainsi que le rôle essentiel que jouent les pompiers volontaires dans la protection des Canadiens.