(Ottawa) La cheffe nationale de l’Assemblée des Premières Nations affirme que le dernier budget fédéral ignore presque complètement les besoins des communautés qu’elle représente.

Cindy Woodhouse Nepinak a soutenu mercredi en conférence de presse à Ottawa que le gouvernement fédéral négligeait une vieille promesse de combler d’ici 2030 le déficit d’infrastructures dans les communautés des Premières Nations.

Et ses collègues chefs sont furieux de ne pas avoir été consultés sur les projets du gouvernement fédéral visant à transformer des terrains publics fédéraux en logements pour les Canadiens.

« Aujourd’hui plus que jamais, nous devons travailler ensemble de manière efficace pour nous assurer que les Premières Nations et le Canada réalisent leur plein potentiel en travaillant de concert et en poursuivant sur la voie de la réconciliation, a déclaré Mme Woodhouse Nepinak. Ce que, malheureusement, je n’ai pas entendu dans le discours d’hier. »

Ni le discours budgétaire de 3500 mots de la ministre des Finances, Chrystia Freeland, mardi, ni les remarques du premier ministre Justin Trudeau devant le caucus libéral, mercredi matin, n’ont fait mention de la réconciliation ou des peuples autochtones.

Mme Woodhouse Nepinak a qualifié le discours de la ministre Freeland d’« alarmant ». La cheffe souhaite que le premier ministre et la ministre Freeland viennent s’expliquer en personne lors de la réunion de l’Assemblée des Premières Nations à Montréal, en juillet prochain.

Un récent rapport de l’Assemblée des Premières Nations (APN) a estimé qu’il faudrait injecter 349 milliards pour amener les infrastructures autochtones aux mêmes normes qu’ailleurs au Canada — et que sans une action rapide, cet écart ne fera que se creuser.

Mais le budget fédéral n’a alloué qu’un total de 918 millions pour moderniser les infrastructures dans les communautés des Premières Nations, des Métis et des Inuits partout au Canada.

L’APN est également mécontente de ne pas avoir été consultée sur la promesse budgétaire du gouvernement fédéral de réserver des terrains fédéraux sous-utilisés pour atténuer la crise du logement au Canada.

Mais le ministre du Logement, Sean Fraser, a assuré que son gouvernement n’avait « aucune intention » de s’écarter de son obligation constitutionnelle de consulter les Autochtones qui pourraient être touchés par les décisions d’Ottawa. Il a toutefois admis que les droits fonciers et territoriaux font souvent l’objet d’un litige entre les deux parties.

« Il existe des occasions uniques d’exploiter les terrains fédéraux qui ne concernent peut-être pas les droits autochtones, mais nous devons quand même mener des consultations appropriées », a-t-il convenu.

La cheffe Woodhouse Nepinak a aussi indiqué mercredi qu’elle rencontrera les chefs des partis de l’opposition pour exposer les principales priorités de l’Assemblée des Premières Nations avant les prochaines élections fédérales.