(Ottawa) Les partis d’opposition à Ottawa estiment que les Canadiens ont droit d’en savoir plus sur l’incursion du ballon chinois en territoire canadien, alors que le gouvernement fédéral se fait avare de commentaires dans ce dossier.

Les différentes formations politiques ont lancé cet appel lundi, peu après que le commandant du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord a révélé que des « lacunes » dans le système d’alerte du continent ont empêché les autorités de détecter d’autres ballons dans le passé.

La ministre de la Défense nationale, Anita Anand, a confirmé que le ballon chinois qui a été abattu la fin de semaine dernière aux États-Unis avait violé l’espace aérien canadien, mais le gouvernement a refusé de fournir des détails sur le moment et l’endroit où le ballon a volé au Canada.

Ce choix contraste avec la décision de Washington, qui a fourni plusieurs détails sur le vol du ballon, qui est passé par l’Alaska, puis par le Canada pour ensuite entrer sur la zone continentale des États-Unis. Il a finalement été abattu au large de la Caroline du Sud samedi.

« Le Pentagone et la Maison-Blanche ont été beaucoup plus ouverts pour discuter de ce qui s’est passé », a noté le porte-parole conservateur en matière de Défense nationale, James Bezan.

« En tant que pays dont l’espace aérien a été violé par le Parti communiste chinois, nous méritons des réponses », a-t-il soutenu.

Les partis d’opposition veulent également savoir pourquoi le public n’a pas appris l’existence du ballon avant qu’il n’ait déjà quitté l’espace aérien canadien, pourquoi il n’a pas été arrêté plus tôt et quelles mesures sont prises pour prévenir et punir les efforts d’espionnage de la Chine.

« Il est grand temps que le gouvernement agisse pour contrer l’influence chinoise et moderniser les systèmes de défense du Canada », a mentionné la porte-parole du Bloc québécois en matière de Défense nationale, Christine Normandin.

« Il faut faire la lumière sur cet évènement et le gouvernement doit offrir des réponses à la population quant à l’impact de ce ballon-espion. »

Une occasion pour apprendre

L’armée américaine a d’abord confirmé la présence du ballon chinois après qu’il a été repéré au-dessus du Montana le 1er février. Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a révélé plus tard qu’il avait été détecté pour la première fois dans l’espace aérien américain en Alaska le 28 janvier.

Alors que Pékin affirme qu’il s’agit d’un ballon de recherche météorologique qui s’est égaré, Ottawa et Washington allèguent qu’il était utilisé pour espionner des sites militaires sensibles.

Le commandant du NORAD, le général américain Glen VanHerck, a expliqué aux journalistes que des ballons similaires avaient échappé à la détection par le système d’alerte vieillissant de l’Amérique du Nord dans le passé en raison d’un « manque de connaissance de ce domaine ».

« Nous avons donc eu l’occasion d’aller recueillir des informations pour mieux comprendre ce que font réellement ces ballons et ce dont ils sont capables », a souligné le général VanHerck.

Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Kirby, a confirmé lundi que l’armée américaine avait commencé à prendre possession des débris du ballon.

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a quant à lui martelé que le Canada devrait faire partie de toute enquête sur ce qui sera récupéré du ballon.

« Les gens ont peur que les avantages économiques et sécuritaires du Canada soient compromis, a indiqué M. Singh dans un communiqué. Le Canada devrait jouer un rôle actif dans l’enquête sur le but de l’engin et dans la localisation de tout renseignement qu’il a recueilli. »

Le bureau de la ministre Anand n’a pas répondu aux questions sur le moment où le ballon est entré dans l’espace aérien canadien depuis l’Alaska, ou combien de temps il est resté au Canada avant de rentrer aux États-Unis au-dessus de l’Idaho.

Le porte-parole du ministère de la Défense nationale, Daniel Le Bouthillier, a seulement expliqué qu’après avoir constaté que le ballon ne constituait pas une menace, les responsables canadiens et américains ont décidé de révéler la présence du ballon « au moment opportun, compte tenu de la sécurité opérationnelle ».

⁠Avec des informations de l’Associated Press.