Le Mouvement laïque québécois demande le départ d’Amira Elghawaby et l’abolition de son poste. La nouvelle représentante fédérale de la lutte contre l’islamophobie suscite la controverse depuis sa nomination à la fin janvier.

« C’est clair que cette personne-là n’a pas la crédibilité pour gérer et traiter les relations entre les différentes communautés et peuples au Canada. Son mépris à l’égard du Québec est manifeste », s’est exclamé en entrevue avec La Presse, le président du Mouvement laïque québécois (MLQ), Daniel Baril.

Le président, M. Baril, a envoyé samedi une lettre au premier ministre du Canada, Justin Trudeau, afin de demander le renvoi de Mme Elghawaby et l’abolition de son poste. « Le passé d’Amira Elghawaby et ses déclarations minent d’emblée sa crédibilité comme conseillère notamment dans sa tâche de “ soutenir l’éducation et la sensibilisation du public ” », a dénoncé M. Baril, dans la lettre.

PHOTO FOURNIE PAR DANIEL BARIL

Le président du Mouvement laïque québécois, Daniel Baril

« Ses partis pris sont non seulement un affront à tous les défenseurs de la laïcité tant au Québec qu’au Canada, mais aussi des obstacles à la communication entre groupes, croyants ou non-croyants, qui ont d’autres convictions que la sienne », a-t-il ajouté.

La semaine dernière, Mme Elghawaby s’est excusée d’avoir offensé les Québécois. « Ses excuses tardives obtenues à l’arraché sont apparues comme un pseudoremords visant à sauver son poste », a indiqué M. Baril, ajoutant que ses propos « maintes fois répétés » semblent exprimer le fond de sa pensée.

Les excuses de Mme Elghawaby n’ont pas non plus convaincu le gouvernement du Québec qui réclame toujours sa démission. En tout, trois des quatre partis représentés à l’Assemblée nationale estiment qu’elle ne peut pas entamer son mandat.

« C’est clairement insultant »

Plusieurs propos tenus par Mme Elghawaby dans le passé ont suscité la controverse dans la dernière semaine. Elle a déjà écrit que la « majorité des Québécois » semblaient « influencés par un sentiment antimusulman » dans une chronique publiée dans le quotidien Ottawa Citizen où elle s’opposait à la Loi sur la laïcité de l’État (loi 21).

En mai 2021, elle avait écrit sur Twitter « Je vais vomir », en réaction à une lettre d’opinion du professeur de philosophie de l’Université de Toronto Joseph Heath, qui faisait remarquer que les Canadiens français avaient été le plus grand groupe au pays à avoir subi le colonialisme britannique.

C’est clairement insultant. Ce sont des propos méprisants et même racistes à l’égard des Québécois. Si des éléments de notre histoire, comme la domination des Britanniques, la font vomir, elle devrait aller s’informer.

Daniel Baril, président du MLQ

Un poste « qui cause problème »

Daniel Baril estime que « le poste lui-même pose problème » et demande son abolition. « Le fait de créer des postes précisément liés à la défense de groupes religieux spécifiques est de nature à morceler la société en microcommunautés ethnoreligieuses qui au final ne partagent plus rien de commun », a-t-il déclaré.

La création du poste de représentante spéciale pour lutter contre l’islamophobie était l’une des recommandations du Sommet national sur l’islamophobie en 2021 en raison d’une montée des crimes haineux envers les musulmans au cours des dernières années.

Mme Elghawaby agira à titre de « porte-parole, conseillère, experte et représentante dans les efforts du gouvernement fédéral pour lutter contre l’islamophobie, le racisme systémique, la discrimination raciale et l’intolérance religieuse », peut-on y lire dans le communiqué émis par le bureau du premier ministre.

Lisez la lettre envoyée à Justin Trudeau par le Mouvement laïque québécois Lisez la chronique de Michel C. Auger

Avec Mylène Crête, La Presse