La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a fait face à des résistances au sein du gouvernement concernant la création de « Mobilité Infra Québec », sa nouvelle agence des transports, selon des informations rassemblées par La Presse au cours des derniers jours.

Elle déposera bientôt le projet de loi pour créer « Mobilité Infra Québec », le Conseil des ministres lui ayant finalement donné le feu vert. L’opération a pris du retard ; à l’origine, le dépôt du projet de loi était prévu l’automne dernier.

Geneviève Guilbault transférera une partie des responsabilités du ministère des Transports à cette agence dans le but de mieux gérer les grands projets d’infrastructures. Son mandat portera sur la planification et la réalisation de projets de transport collectif et de travaux routiers complexes, comme la construction de ponts. Elle sera chargée d’évaluer l’intérêt de procéder ou non à des projets qu’on lui soumettra.

L’agence devrait compter une cinquantaine d’employés. Elle ne sera pas soumise à la Loi sur la fonction publique. Cela permet d’offrir des salaires plus élevés aux employés et aux dirigeants, donc d’être plus attractif.

L’encadrement et le financement de Mobilité Infra Québec ont provoqué des débats importants au gouvernement.

Financement et encadrement

Pour financer Mobilité Infra Québec, Geneviève Guilbault a demandé de nouvelles sources de revenus. Différents scénarios ont été proposés pour que son agence touche, par exemple, une partie des dividendes versés au gouvernement par Hydro-Québec ou une part des revenus réservés au Fonds des générations, qui sert à réduire le poids de la dette. Il y a eu beaucoup de résistance au gouvernement à ce sujet, surtout dans le contexte où les finances publiques sont dans le rouge. Il a été évoqué que l’agence soit financée essentiellement à même les budgets du ministère des Transports.

L’autre débat au gouvernement a porté sur l’encadrement de Mobilité Infra Québec. Pour réaliser les projets plus rapidement, la ministre a demandé que son agence ait les coudées franches et ne soit pas soumise à différents règlements et directives concernant la gestion des contrats dans les organismes publics.

Le gouvernement a fait le choix de modifier la Loi sur les contrats des organismes publics et les directives au sujet des projets majeurs d’infrastructure. Le ministre des Infrastructures, Jonatan Julien, déposera un projet de loi pour obtenir des gains d’efficacité. Il veut que les projets se réalisent jusqu’à 25 % plus vite et coûtent 15 % moins cher.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre responsable des Infrastructures, Jonatan Julien

Il a d’ailleurs étayé sa vision devant le congrès de l’Association de la construction du Québec, jeudi.

M. Julien a d’ailleurs expliqué que l’agence de sa collègue Geneviève Guilbault permettra « d’accroître la capacité de gestion du gouvernement » pour les projets d’infrastructure complexe de transport.

Cette agence pourra « effectuer l’analyse d’opportunité, la planification ou la réalisation de tout projet complexe de transport confié par le gouvernement » et « réaliser des analyses en transport ou en transport collectif ainsi que préparer un cadre de performance et d’imputabilité lié à un projet ».

Approche collaborative

Quant à sa stratégie québécoise en infrastructure publique, la réduction des coûts s’appuie surtout sur l’approche collaborative mise de l’avant par le gouvernement dans les derniers mois. Cette nouvelle façon de faire repose sur l’idée que l’entrepreneur doit être mis dans le coup lors de l’étape de la planification du projet, et qu’il puisse aider l’État à réduire ses coûts en l’aidant à mieux le concevoir.

Ce n’est toutefois pas une solution magique : le remplacement du toit du Stade olympique et de son anneau technique coûtera près de 1 milliard de dollars, même si cette approche sera empruntée.

Après Christian Dubé (Santé), Bernard Drainville (Éducation) et Jean-François Roberge (Langue française), M. Julien souhaite également déployer un « tableau de bord centralisé » des projets d’infrastructure. « Je sais que c’est à la mode, tout le monde dit ça. Mais si tu veux alléger tes contrôles, tu dois avoir la meilleure information de gestion », a-t-il dit.

Il propose également de « favoriser la préfabrication dans les projets d’infrastructure publique » : par exemple, des modules d’école pourraient être fabriqués d’avance pour deux projets identiques érigés dans deux régions différentes.