(Québec) La clause de dérogation aux chartes des droits est un « instrument essentiel pour préserver l’autonomie du Québec », estime le premier ministre François Legault, pour qui la Coalition avenir Québec et le Parti québécois forment le « camp nationaliste » à l’Assemblée nationale. Le Parti libéral et Québec solidaire sont quant à eux dans le camp de « l’abandon des pouvoirs du Québec ».

Il a fait cette déclaration jeudi, peu de temps après l’adoption à l’Assemblée nationale de la loi qui renouvelle pendant une autre période de cinq ans cette clause blindant contre les poursuites la loi sur la laïcité de l’État (projet de loi 21).

Cette loi interdit le port de signes religieux pour les agents de l’État ayant un pouvoir de coercition (policiers, gardiens de prise, procureurs de la Couronne et juges) et les enseignants.

Au Salon bleu, les députés du gouvernement et du Parti québécois ont voté en faveur du texte législatif du ministre responsable de la Laïcité, Jean-François Roberge, et ont ainsi renouvelé la clause de dérogation. Les élus du Parti libéral et de Québec solidaire s’y sont opposés.

« Le gouvernement du Québec a utilisé la clause de souveraineté parlementaire, qu’on appelle la clause dérogatoire, pour protéger la capacité du Québec de faire ses propres choix. La clause dérogatoire, c’est un instrument qui est essentiel pour préserver l’autonomie du Québec », a plaidé François Legault lors d’un point de presse. Or, les députés libéraux et solidaires « ont voté pour enlever des pouvoirs à l’Assemblée nationale du Québec ».

« Ce qu’on voit, maintenant, à l’Assemblée nationale, c’est deux camps. D’un côté, on a le camp nationaliste, qui défend l’autonomie du Québec, la CAQ et le PQ, puis, de l’autre côté, bien, on a maintenant le camp de l’abandon des pouvoirs du Québec, le Parti libéral et Québec solidaire », a-t-il dit.

Le Parti libéral n’a pas tardé à réagir. « Je commence à en avoir soupé pas mal de François Legault ! » a lancé son chef intérimaire Marc Tanguay. « Qu’il ne vienne pas insulter notre intelligence en disant qu’en ne votant pas de son bord on enlève des droits à l’Assemblée nationale. […] François Legault a menti, c’est faux. »

De son côté, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon a voulu rapidement se dissocier du lien qu’a voulu faire François Legault entre son parti et le sien. Le nationalisme de la CAQ consiste selon lui « à quémander auprès du fédéral pour le plus souvent revenir bredouille ». La « seule forme de nationalisme convenable » est de travailler à l’indépendance, a-t-il ajouté. « Il y a donc désormais deux camps : celui des indépendantistes et celui des fédéralistes. J’invite François Legault à rejoindre le camp du OUI plutôt qu’à demeurer dans le camp du déni et du déclin », a-t-il écrit sur le réseau X.