Avec The Boys Are Back, Scott Hicks entre dans la tête et le coeur d'un homme en deuil, père de deux garçons. Mais le réalisateur australien ne fait pas pour autant de sentimentalisme. Tête-à-tête avec un passionné qui a le sens de la mesure.

Les invités du Festival international du film de Toronto peuvent avoir l'impression, par moments, de «faire de la saucisse». Les journalistes se succèdent aux 10 à 15 minutes, pendant des heures. Et des heures. On n'est pas loin du travail à la chaîne, d'un côté comme de l'autre du micro ou du stylo. Quel bonheur, dans de telles circonstances, de passer un moment en compagnie d'un Scott Hicks. La journée tire à sa fin mais l'ouverture d'esprit, la passion et le sourire sont au rendez-vous. Et c'est contagieux.

Parlez-lui des paysages hallucinants dans lesquels il a tourné The Boys Are Back, et il s'illumine. «C'est chez moi! En fait, nous avons filmé là, en Australie du Sud, presque par accident: avec le budget que nous avions, c'était l'endroit qui convenait le mieux», fait le réalisateur de Shine et de No Reservations qui, quand il est derrière la caméra, préfère la mesure aux excès.

Un exemple. Quand il apprend que sa mère va mourir, Artie, 6 ans, demande: «À quelle heure?» Sans plus d'émotion que ça. Pour lui, elle meurt aujourd'hui et sera sur pied demain. Alors, où est le problème? Le problème est pour son père, aux prises avec un deuil et un enfant, lui, aux prises avec une situation qui le dépasse complètement.

Il y là matière à sanglots longs, violons et mouchoirs. Mais ce n'est pas dans cette matière-là que Scott Hicks voulait jouer. Pas plus que Clive Owen, sa vedette dans ce drame basé sur le récit autobiographique de Simon Carr, journaliste dont la femme a succombé du cancer en 1994. Il s'est alors retrouvé seul, en compagnie de ses deux fils avec lesquels il n'avait pas vraiment vécu au quotidien, dans une maison dont il ignorait tout du roulement. Toutes les erreurs possibles, il les a faites. Avant de trouver un nouvel équilibre.

C'est ce que racontait le bouquin. C'est ce que Scott Hicks a mis en image, à partir d'un scénario d'Allan Cubitt pour lequel il a eu le coup de foudre. «J'ai été touché, j'ai ri, aussi. Et j'ai trouvé qu'il y avait là quelque chose de très vrai. D'une vérité que je tenais à conserver. Je veux toucher les gens mais pas les pousser de force vers des émotions, comme s'ils étaient téléguidés.»

Scott Hicks, lui, visiblement, ne l'est pas. Téléguidé. Il aime penser hors des sentiers battus. À preuve: il a imaginé Clive Owen dans la peau d'un homme ordinaire. Le Clive Owen qu'à l'écran, nous avons connu en espion, en roi, en tueur... bref, en plus grand que nature. «Le défi était d'utiliser cette force qu'il dégage et de «l'ouvrir» afin de voir sous la surface. Je sentais qu'il en était capable.» Mais serait-il intéressé? Le scénario a intrigué l'acteur britannique. L'ouverture d'esprit, la passion et le sourire de Scott Hicks ont fait le reste. On l'a dit, ils sont contagieux. La preuve est là, dans le nom de Clive Owen en tête de la distribution de The Boys Are Back.

The Boys Are Back prend l'affiche le 2 octobre.

Lire cette semaine, dans le cahier Arts et Spectacles, notre entrevue avec Clive Owen.