Diablo Cody estime que nous vivons dans un monde de fantasme permanent, principalement véhiculé par la télévision. «L'idée du film découle de là, a-t-elle expliqué récemment lors d'une conférence de presse.

La littérature destinée aux adolescentes et les émissions de soi-disant téléréalité entretiennent les mêmes formules. La télé nous renvoie souvent l'image de gens immatures coincés dans leur imaginaire d'ado. Je ne dis pas que c'est bien ou mal, mais c'est là.»

Celle qui dit écrire «petit et étrange», tout à l'opposé de l'enflure hollywoodienne en fait, se pince encore à l'idée que son scénario existe aujourd'hui sous la forme d'un film réunissant le meilleur des deux mondes. Young Adult a en effet été produit avec l'appui d'un grand studio, mais dans un esprit de film indépendant.

Naturellement, Jason Reitman s'est intéressé à l'histoire qu'a écrite Diablo Cody, dont il avait déjà porté un scénario à l'écran il y a quatre ans. À l'époque, Juno fut d'ailleurs couronné d'un Oscar. Le ton de Young Adult est toutefois très différent.

«Pour qu'un film comme celui-là fonctionne, il faut trouver le ton juste et les bons interprètes, précise le cinéaste. À mes yeux, il n'y avait que Charlize Theron pour incarner l'héroïne de la façon dont Diablo et moi l'avons imaginée. Si Charlize refusait le rôle, je ne faisais pas le film. C'était aussi clair que ça dans mon esprit. Il fallait une comédienne d'exception, question d'éviter de faire basculer le personnage dans l'archétype de la garce et de la mean girl.»

Interrogé sur le phénomène émergent de ces femmes qui font preuve, au cinéma, d'un comportement plus discutable (Bridesmaids, Bad Teacher, etc.), Reitman estime cette catégorisation très réductrice.

«Cela me semble être une description un peu cheap, dit-il. Tant mieux s'il y a plus de diversité. En général, les personnages féminins sont plus intéressants que les personnages masculins. Dans mes films, je m'intéresse habituellement plus aux femmes de l'histoire qu'aux hommes. Leur monde intérieur est plus dense, plus riche. Plus complexe aussi, parfois!»

Dimension inattendue

Au cours du tournage, Reitman a découvert une dimension inattendue du récit, grâce aux acteurs.

«Charlize incarne une femme qui, 20 ans plus tôt, était la fille la plus populaire de l'école. Patton Oswalt joue le rôle de celui qui, à la même époque, a été battu gravement par les sportifs de la place qui le croyaient gai. Or, ces deux êtres sont aujourd'hui liés par une complicité que personne n'aurait pu soupçonner, à commencer par eux-mêmes. Une romance crève-coeur est au centre de ce film. Patton est d'ailleurs remarquable dans ce rôle. Si le film fonctionne, c'est beaucoup grâce à lui.»

Peu enclin à jouer au moraliste, Jason Reitman estime essentiel de faire confiance à l'intelligence du spectateur.

«Je n'ai pas de message à transmettre. Les spectateurs font souvent différentes interprétations de mes films. Et cela me réjouit.»

Young Adult (Jeune adulte en version française) prend l'affiche le 16 décembre. Les frais de voyage ont été payés par Paramount Pictures.