Connu pour la série de films d’espion rétro chic Kingsman, le cinéaste britannique Matthew Vaughn poursuit son exploration du genre de manière encore plus éclatée avec Argylle. La Presse s’est entretenue avec lui.

Argylle (Henry Cavill) est le nom de l’espion vedette des romans d’Elly Conway (Bryce Dallas Howard). La fiction rencontre la réalité lorsque celle-ci devient la cible d’une organisation secrète persuadée que l’autrice à succès possède des informations cruciales. Aidan (Sam Rockwell), un véritable espion, lui vient en aide et tente d’élucider le mystère avec elle.

Ce synopsis n’est qu’une partie de l’intrigue d’Argylle, qui ne manque pas de rebondissements inattendus. Pour la première fois depuis Layer Cake (2004), Matthew Vaughn n’est pas le scénariste au générique de son film. Jason Fuchs (Wonder Woman, Ice Age : Continental Drift) signe une histoire qui est devenue encore plus abracadabrante une fois que le duo l’a peaufinée ensemble. « La première version manquait un peu de mordant, admet le réalisateur. Au départ, il n’y avait pas de chat, pas deux espions, pas de patin sur du pétrole et plein d’autres choses complètement folles. »

Presque révolutionnaire

Le « patin sur du pétrole » est l’une des deux audacieuses scènes d’action du dernier acte. L’autre est une fusillade qui mélange danse et fumées colorées.

Je voulais faire de l’action féminine. De la beauté pure, du spectacle et de l’originalité. Je crois que notre travail, que nous tournions des films, écrivions des livres, peignions des tableaux, est de faire avancer l’art, sinon, ça devient monotone.

Matthew Vaughn, cinéaste

« Sans dire que je suis révolutionnaire, je pense que si nous faisions toujours la même chose, la vie serait ennuyeuse », ajoute-t-il.

PHOTO PETER MOUNTAIN/UNIVERSAL PICTURES

Sam Rockwell (Aidan) et Bryce Dallas Howard (Elly Conway)

Le Londonien ajoute que le cinéma d’action des années 1980, tels Romancing the Stone et Last Action Hero, mais surtout le film Charade, de Stanley Donen, avec Cary Grant et Audrey Hepburn, l’ont inspiré. « Quand je l’ai vu, enfant, il y avait tellement de péripéties que je me souviens que j’ai arrêté de vouloir deviner ce qui allait se passer et que j’ai simplement apprécié le film. C’est ce que j’ai voulu faire avec Argylle, explique-t-il. Je souhaitais qu’on se sente bien en le regardant. Nous étions en confinement quand j’ai commencé sa création et le monde n’allait pas bien. Il ne va pas vraiment mieux et je crois qu’on a besoin d’un rayon de soleil. »

Quant au chat, nommé Alfie, Elly le traîne partout dans son sac à dos muni d’un hublot. Le vrai nom du félin est Chip, un Scottish Fold, qui appartient à l’une des filles de Matthew Vaughn.

PHOTO PETER MOUNTAIN, FOURNIE PAR UNIVERSAL PICTURES

Chip et Matthew Vaughn

« Au premier jour du tournage, il y avait un chat acteur sur le plateau, ce qui est ridicule, car ça n’existe pas, un chat qui sait jouer. Il coûtait cher et me faisait un peu peur… je préfère les chiens. Un soir, à la maison, j’ai demandé à ma fille si je pouvais lui emprunter Chip. J’aurais dû y penser davantage, car j’ai dû nettoyer sa litière, le nourrir et l’amener en voiture avec moi chaque jour, mais ce qui était génial, c’est qu’il se sentait comme chez lui. Il se comportait comme un vrai chat, contrairement à ceux qui sont dressés et qui regardent constamment leur entraîneur hors champ plutôt que d’interagir avec les acteurs », raconte le cinéaste, qui affirme en riant que Chip est le premier chat profitant de népotisme (nepo kitty).

Capter l’attention

La coupe de cheveux en brosse d’Argylle ne passe pas inaperçue. C’est précisément pour cette raison que Matthew Vaughn a opté pour celle-ci. « Je cherchais une façon de créer un espion iconique. Dans le film, il s’agit du quatrième livre d’Argylle, alors les gens le reconnaissent depuis un moment par son look », souligne le réalisateur.

Quand j’étais jeune, on trouvait Ivan Drago dans Rocky 4 extraordinaire et les coupes en brosse étaient cool dans les années 1980. Si elles reviennent à la mode, ça va me faire plaisir.

Matthew Vaughn, cinéaste

PHOTO PETER MOUNTAIN, ASSOCIATED PRESS

Dua Lipa et Henry Cavill incarnent les personnages fictifs de LaGrange et Argylle dans les livres d’Elly Conway.

En plus des cheveux, le choix d’Henry Cavill dans le rôle du « super espion cliché » était pour accentuer la dualité entre la fiction et le véritable métier d’espion. Matthew Vaughn tenait donc à ce que l’antagoniste d’Argylle puisse lui tenir tête avec le même panache. Dans la séquence d’ouverture, le héros fait face à LaGrange, incarnée par la chanteuse pop Dua Lipa, qui crève l’écran en seulement quelques minutes.

« J’étais certain qu’elle serait parfaite, indique Matthew Vaughn. Je l’ai rencontrée, elle m’a posé toutes les bonnes questions puis elle a travaillé très fort avec humilité. J’étais très heureux et je trouve que j’ai de la chance. »

Argylle est actuellement à l’affiche