De Delicatessen à Haut les cœurs ! en passant par Jalouse et Polisse, Karin Viard est une actrice hyperactive qui s’épanouit d’un rôle à l’autre. En visite au Québec, dans le cadre du festival Cinemania qui présente trois de ses films, la comédienne a discuté de son métier avec La Presse.

De la fenêtre de sa suite au Sofitel, Karin Viard a une vue magnifique sur le mont Royal, habillé de couleurs fauves, derrière les gratte-ciel. « C’est la toute première fois que je viens à Montréal et j’adore ça, souligne-t-elle. J’aime l’architecture du centre-ville. Sans parler des gens d’ici ! Vous n’êtes pas obséquieux, les Canadiens. J’adore votre authenticité, votre côté sans filtre. Vous ne vous prenez pas [trop] au sérieux… comme nous en France. »

On a vu pire pour amorcer une entrevue avec une star de cinéma. Visiblement, Karin Viard est aux anges. Dans sa carrière et dans sa vie privée.

J’ai passé un temps fou à me détester dans ma jeunesse. Je trouve ça tellement dommage. Maintenant, je m’aime davantage à l’âge que j’ai.

Karin Viard

L’actrice de Polisse est en ville pour parler, entre autres, de son prochain film qui prendra l’affiche au Québec le 19 janvier, Nouveau Départ, présenté ce week-end à Cinemania. Une comédie romantique écrite et réalisée par Philippe Lefebvre, dans laquelle Viard partage la vedette avec Franck Dubosc. Le film traite de la nécessité d’accepter le passage du temps. Pour vieillir en beauté.

PHOTO FOURNIE PAR TVA FILMS

Karin Viard et Franck Dubosc dans la comédie Nouveau Départ

« Dans la société, on pense souvent que pour être désirable, une femme doit être jeune. Qu’à partir du moment où elle n’est plus reproductrice, qu’elle ne peut plus avoir d’enfants, quelque chose disparaît, s’étiole, chez la femme. Évidemment, ce n’est pas vrai. À mon âge, je suis une meilleure partenaire de vie. Plus jeune, j’étais encombrée par beaucoup de choses. Et c’est la même chose pour le boulot. »

Toutefois, en franchissant la cinquantaine, l’actrice a aussi eu des doutes et des questionnements, comme son personnage, Diane, une journaliste mariée depuis 30 ans à un pianiste (Franck Dubosc). Au début du film, Diane dit cette réplique à son mari qui lui demande si elle l’aime encore : « Nous deux, on n’est pas amoureux, on est un couple. »

« Le film raconte ce moment crucial dans la vie d’un couple, avec le départ des enfants, alors qu’on se retrouve face à face. On a le choix de relancer l’union ou de refaire sa vie. Moi, dans ma vie, j’ai pris la deuxième option. Et je ne le regrette pas une seconde », confie Viard, aussi en vedette dans Magnificat et Une nuit, avec Alex Lutz, tous les deux présentés au festival Cinemania.

Éloge de la comédie

Karin Viard participera ce vendredi à Cinemania à une discussion avec Antoine Bertrand (elle a tourné un film avec l’acteur québécois qui est devenu un bon ami). Le thème ? « Regards croisés sur la comédie au cinéma ».

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

La comédienne française Karin Viard

Je pense que jouer la comédie, ça ne s’apprend pas. C’est comme pour le charisme : tu l’as ou tu ne l’as pas. C’est presque donné à la naissance, le don comique.

Karin Viard

À l’instar de plusieurs interprètes, la comédienne, sélectionnée 13 fois aux Césars dans sa carrière, estime qu’au cinéma, « c’est plus difficile de faire rire que de faire pleurer ». « Il y a plusieurs degrés dans l’humour, ajoute-t-elle. Plusieurs niveaux de jeu. Un acteur doit être sincère, authentique, pas complaisant ; tout en n’oubliant jamais le rythme en jouant la comédie. »

Nouveau Départ lui a permis de travailler pour la première fois au cinéma avec Dubosc, un vieux copain, qu’elle a connu au début des années 1980 à Rouen. « Je le connais par cœur, Franck ! On s’est rencontrés quand j’avais 15 ans. Nous faisions partie de la même troupe de théâtre. La compagnie s’appelait… Théâtre et miroir. Ce n’est pas nous qui avons choisi le nom [rires]. »

Karin Viard adore son métier et elle le fait pour les bonnes raisons : « Je ne le fais pas pour l’argent ni pour la gloire. Mais par besoin de m’exprimer. Je viens d’une famille où exprimer ses émotions mettait mal à l’aise tout le monde. Jouer est thérapeutique pour moi. C’est un moyen de purger toutes ces émotions que je n’ai pas eu le droit d’exprimer durant l’enfance. Mais ça se fait dans le plaisir, la joie. Il n’y a pas de rôle qui me fait quitter le plateau en souffrant. Même dans Chanson douce, où je joue une nounou qui tue des enfants, j’ai adoré faire ça ! »

Une nuit est présenté ce vendredi à 12 h 45 au cinéma Impérial.

La discussion Regards croisés sur la comédie au cinéma a lieu ce vendredi à 16 h à la Cinémathèque québécoise.

Nouveau Départ est présenté dimanche à 20 h 15 au cinéma Impérial et sera suivi d’une séance de questions et réponses avec Karin Viard.

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