Brian Duffield n’est pas encore un réalisateur très connu, mais ce n’est qu’une question de temps. Son deuxième film, No One Will Save You, est un tour de force, qui s’ajoute aux étonnants Love and Monsters et The Babysitter, dont il est l’auteur. Entrevue.

La majorité de vos scénarios sont empreints d’humour et de légèreté malgré des situations horrifiantes. Ce n’est pas le cas de No One Will Save You, qui est particulièrement intense. Qu’est-ce qui explique ce choix ?

Il y avait quelques moments comiques et nous en avons filmé certains, mais nous avons décidé de les retirer du film. Bien qu’elles aient été drôles, une fois cette impression de retenir son souffle installée, ces scènes n’avaient plus leur place. Notre souhaitions créer un suspense sans répit de 90 minutes qui applique une pression constante sur notre protagoniste. Mes derniers films étaient drôles ou sanglants ou les deux. J’avais envie de jouer une autre chanson.

L’une des particularités de No One Will Save You est que seuls quelques mots sont prononcés. Est-ce un défi de raconter une histoire sans la parole ?

Ce n’était pas difficile, car Kaitlyn [Dever] peut faire beaucoup avec peu. Sa performance est physique et elle communique avec son corps et ses yeux. Même si elle ne parle pas, on l’entend grogner, respirer, crier, pleurer… Les extraterrestres lui parlent aussi tout au long. Elle ne les comprend simplement pas. Avec mon directeur photo Aaron Morton, nous voulions trouver la meilleure façon de raconter l’histoire avec la caméra. Et nous aurions probablement pris les mêmes décisions si elle avait enchaîné les monologues. Je suis fier d’avoir réalisé un film presque sans mot, mais je ne l’ai pas fait pour cette raison.

Est-ce que vous avez eu à convaincre Kaitlyn Dever (Booksmart) d’accepter le rôle ?

Deux aspects ont intrigué Kaitlyn d’emblée. D’abord, Brynn est un personnage complexe et inusité pour un film d’extraterrestres. J’aime croire qu’elle aurait aussi joué Brynn dans un drame présenté au festival de Sundance. L’autre facteur qui l’a séduite est qu’il s’agit d’un rôle exigeant physiquement. Elle n’avait pas encore eu la chance de courir, de se lancer et d’être suspendue par des câbles dans un film. De montrer une autre facette de son jeu, en train de se battre contre un ennemi invincible, fut un privilège. Je crois que sa performance ne détonne pas avec ce qu’elle a fait dans Unbelievable, Dopesick ou plusieurs de ses films, car elle est nuancée et puissante. La différence est qu’elle est dans un film de genre et se fait botter les fesses.

PHOTO MICHAEL BUCKNER, FOURNIE PAR DISNEY+

Brian Duffield a écrit et réalisé No One Will Save You.

Est-ce que le film est une métaphore selon laquelle la seule façon d’améliorer son sort est par soi-même ?

On peut le voir ainsi. J’aime penser que les pires épreuves qui nous arrivent sont celles qui révèlent qui nous sommes et même si elles sont difficiles, elles peuvent nous aider à comprendre certaines choses. Le passé que traîne Brynn n’est pas commun pour ce type de film. Les évènements qu’elle vit lui permettent de confronter ce qu’elle a traversé antérieurement et l’amènent à une conclusion qui, j’espère, surprendra les gens.

L’apparence des extraterrestres est celle classique du « petit-gris ». Ils ne sont pas tous petits, mais ils sont humanoïdes, gris, avec une grosse tête et de grands yeux. Pourquoi sont-ils représentés ainsi ?

Parce que c’est comme ça que je les aime ! Chaque année, on nous propose de nouveaux extraterrestres avec des traits particuliers et inédits. J’aime District 9 et Invasion sur Apple TV+, mais j’ai grandi avec The X-Files et je voulais des créatures grises qui débarquent de soucoupes volantes. Quand j’ai vendu mon scénario, j’ai dit au studio que les bons vieux extraterrestres me manquaient. De créer un monde dans lequel ils habitent m’a ramené à mon enfance et c’était merveilleux.

Vous êtes également scénariste ; que pensez-vous de la grève du syndicat de la Writers Guild of America (WGA) qui dure depuis plus de quatre mois ?

Il est temps qu’on arrive à une entente équitable. Nous, et les acteurs ! Kaitlyn ne peut faire la promotion du film en raison des demandes de son syndicat et je la soutiens entièrement. C’est dommage, car nous travaillons très fort et je crois que nous méritons tout ce que nous demandons.

No One Will Save You, sur Disney+