Une version restaurée du long métrage arrive en salle

Vingt et un ans et demi plus tard, Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre s’offre une cure de jeunesse. Avis aux intéressés : une version restaurée revient même en salle ces jours-ci. Explications et impressions avec le réalisateur Alain Chabat.

Le film culte a en effet été entièrement recoloré et le son, amélioré, et ce, bobine par bobine.

Rappelons que le long métrage, inspiré de la bande dessinée de René Goscinny et Albert Uderzo, mettant en vedette Gérard Depardieu, Christian Clavier et Jamel Debbouze (entre autres grands noms), a fracassé les records du box-office en France (avec plus de 14 millions d’entrées à sa sortie en 2002), mais ici aussi. Avec son budget de 50 millions d’euros, cette mégaproduction tournée à Malte, au Maroc et dans des studios parisiens incarne aussi l’un des dix plus gros succès de tous les temps dans l’Hexagone.

PHOTO FOURNIE PAR FILMOPTION INTERNATIONAL

Les images sont de qualité supérieure dans la nouvelle mouture de Mission Cléopâtre.

Alors, à quoi s’attendre ? À des images de meilleure qualité, à une résolution supérieure, effets spéciaux inclus. Sans parler du son, immersif, digne des dernières productions du jour. Et une toute nouvelle bande-annonce, à l’image du ton du film, à son sommet. Dérision et allusions au rendez-vous.

C’est saisissant. On croirait (re)voir un film de l’année.

On nous réserve aussi quelques scènes inédites (quoiqu’incluses dans le DVD d’origine), en toute fin après le générique, notamment une version longue du fameux et inégalable monologue d’Édouard Baer (Otis). Parce que non, il n’y a résolument pas de bonne ou de mauvaise situation, quoi…

Un film plus joli

On a beau être vendus d’avance, la question se pose : pourquoi diable ressortir cette superproduction, vieille de près d’un quart de siècle ? L’idée ne vient pas du réalisateur et scénariste Alain Chabat, mais bien de la maison de production (Pathé) elle-même. « Ils ont voulu restaurer le film pour qu’il soit plus joli », se félicite au bout du fil celui qui interprète en outre Jules César à l’écran. « Mais je ne savais pas que ça allait ressortir en salle ! »

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Le réalisateur Alain Chabat en compagnie de Jamel Debbouze (Numérobis)

Alain Chabat a donc planché avec l’équipe pour retravailler la postproduction, un travail qui s’est étiré sur deux ans. Un boulot de moine (ou de druide !), « de cinglé ! », résume-t-il. « Parce qu’il ne s’agissait pas juste de nettoyer l’image et de la rendre plus brillante, dit-il, mais ils ont vraiment […] remonté le film, à partir des négatifs de l’original ! », précise celui qui a participé en « fin de parcours » pour valider le tout.

Et le résultat est même aujourd’hui plus proche de ce qu’Alain Chabat rêvait au départ. Un exemple ?

J’avais demandé que le ciel soit très bleu, comme dans la bande dessinée. Mais à l’époque, on devait faire avec le ciel qu’on avait au tournage. Aujourd’hui, le bleu sort encore mieux !

Alain Chabat, auteur et réalisateur

D’autres détails, qui passaient plus inaperçus dans l’original, ressortent davantage ici : « Sur le chantier de Cléopâtre, tout est assez sable, ocre, marron. Or dans l’image, quelque part, il y a des gardes en bleu électrique. D’un seul coup, je les ai vus ! » Sans parler de la scène où, entre les quelque 2000 figurants, se cache un personnage s’apparentant à Charlie (d’Où est Charlie ?) : « Aujourd’hui, on le voit clairement ! »

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Édouard Baer (Otis), Gérard Depardieu (Obélix), Claude Rich (Panoramix) et Jamel Debbouze (Numérobis)

Au sommet de leur forme

Alain Chabat n’avait pas revu son film depuis 20 ans. Il ne cache pas son émotion avec cette nouvelle mouture revue et améliorée. « L’image et le son sont magnifiques ! C’est un bon spectacle ! » Trouve-t-il que ses références à Jurassic Park, Claude François ou Cyrano de Bergerac ont bien vieilli ? « Je suis plus agréablement surpris que critique », répond-il habilement.

Vingt ans ont passé et j’ai regardé [le film] avec beaucoup d’affection. J’ai vraiment pris du plaisir à le revoir, alors que d’habitude, je n’aime pas revoir mes films.

Alain Chabat, auteur et réalisateur

« C’est un film cool quand même, je me suis remarré, tous les comédiens et toutes les comédiennes sont très en forme, tous au top, très généreux, poursuit-il. Monica Bellucci est exceptionnelle, Christian Clavier me fait hurler de rire, les personnages secondaires aussi […], sans parler de Jamel Debbouze et Édouard Baer, bien sûr. C’est vraiment super agréable à regarder. »

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Le son a aussi été restauré.

On se souvient que cela n’avait néanmoins pas empêché Albert Uderzo de ne pas apprécier à l’époque. Une tache au tableau qu’Alain Chabat confirme sans détour, tout en justifiant le « malentendu » : « Le jour de la représentation en 2002, je présentais le film dans chaque salle et chaque fois, je parlais des auteurs. Dans la 5e ou 6e salle, j’ai oublié… » Or, il s’agissait de la salle où se trouvait le principal intéressé, qui ne l’a évidemment pas digéré. « Et c’est ultra-légitime. […] C’est un malentendu et je regrette évidemment de l’avoir oublié ce jour-là… »

En salle à Montréal dès vendredi. Déjà dans les cinémas à l’extérieur de la métropole.