Enrico Casarosa a grandi dans la ville portuaire de Gênes, en Italie, avec la mer et les bateaux de pêche en toile de fond. Dans son court métrage d’animation La Luna et son tout premier film d’animation Luca, réalisés à 10 ans d’intervalle pour Pixar, il puise son inspiration dans ses racines et ses souvenirs, teintés de bleu.

« Il n’y a rien comme quitter le lieu d’où l’on vient pour l’apprécier et s’en ennuyer », a souligné le réalisateur au cours d’un entretien virtuel, auquel prenait aussi part Andrea Warren, productrice de Luca, qui sort le 18 juin sur Disney+.

« Comme tous ceux qui viennent de la Riviera italienne, j’ai un rapport spécial avec la mer, a-t-il précisé. L’été, nous étions comme des poissons, nous étions toujours dans l’eau. Il fallait venir nous chercher pour en sortir. J’aime la nature de la couleur bleue, tout comme les habitants des vieux villages côtiers qui travaillent fort, que ce soit en pêchant ou en cultivant la terre. C’est un monde particulier, qui est tranquillement en train de disparaître, que je veux chérir. »

ILLUSTRATION FOURNIE PAR DISNEY-PIXAR

Alberto et Luca sont deux gentils monstres marins.

Il fait d’ailleurs allusion à la mer lorsqu’il raconte comment il s’est senti, au début de 2016, en apprenant que son concept à la base de Luca était accepté. Le défi à relever était énorme pour faire honneur à la réputation du studio d’animation Pixar, d’où émergent des productions remarquables comme Soul (Âme), Coco, Inside Out (Sens dessus dessous) et la franchise Toy Story (Histoire de jouets).

« C’était à la fois excitant et intimidant, a-t-il raconté. On te donne un voilier pour aller naviguer sur l’océan. Tu es très heureux parce que tu obtiens les clés d’un splendide bateau, mais tu ignores ce que tu vas rencontrer. Tu t’aventures vers l’inconnu, sachant qu’il y aura des tempêtes. Les moments les plus importants, avant d’arriver à bon port, sont ceux où tu t’affaires à réparer tes voiles, qui sont en lambeaux, pour continuer d’avancer. Cela ressemble, de plusieurs façons, à ce que Luca est en train de vivre. Il entre dans un nouvel univers dont il doit beaucoup apprendre. Mieux vaut s’entourer de bons alliés comme Alberto pour essayer de faire un de ces films. »

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Luca (à gauche) et Alberto, deux monstres marins, prennent la forme de garçons de leur âge lorsqu’ils sont secs. Pour demeurer incognito, ils doivent éviter à tout prix d’être mouillés. Ce qui est loin d’être évident…

Luca raconte l’histoire de Luca et d'Alberto, deux jeunes monstres marins au début de l’adolescence, qui n’ont de monstre que le nom. Luca, surprotégé par sa mère, qui lui défend de mettre le nez hors de l’eau et d’entrer en contact avec les humains, rêve d’élargir ses horizons. Sa rencontre avec Alberto, plus dégourdi, qui l’encourage à sortir de sa zone de confort, est déterminante.

Prenant la forme de garçons de leur âge lorsqu’ils sont secs, ils s’intègrent dans la population d’un village de la Riviera italienne, aux maisons colorées à flanc de colline, où ils se lient d’amitié avec Giulia, une jeune fille pleine d’entrain. Le trio joint ses efforts pour gagner une compétition. Les deux garçons n’ont qu’un but : récolter suffisamment d’argent pour s’acheter une Vespa. Mais pour demeurer incognito, ils doivent par tous les moyens éviter d’être mouillés. Ce qui est plus difficile qu’il n’y paraît.

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Enrico Casarosa

Une époque charnière

Enrico Casarosa est né en 1971 et garde d’excellents souvenirs des étés de son adolescence, dans les années 1980. Mais c’est à la fin des années 1950 et au début des années 1960 qu’il a choisi de situer l’action du film d’animation. « J’aime la musique de cette période, a-t-il expliqué. J’ai intégré beaucoup de chansons pop estivales des années 1950. Et que dire du design ! C’est dans cette époque florissante de l’après-guerre qu’a été conçue la Vespa. C’était aussi l’âge d’or du cinéma italien, avec des réalisateurs comme Fellini et De Sica. Nous avons visionné tellement de vieux films. C’était merveilleux de capter l’essence de cette période, qui convient bien au thème des monstres marins. Les enfants auraient alors été plus susceptibles d’y croire que maintenant. »

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Luca prenant l’apparence d’un humain lorsqu’il est au sec.

Plusieurs sources extérieures ont été appelées en renfort pour s’assurer de l’authenticité des références à la culture italienne. « Nous ne voulions pas que cela repose uniquement sur les épaules d’Enrico », a précisé la productrice Andrea Warren, qui s’est jointe au projet il y a quatre ans et a participé au premier des deux voyages exploratoires dans les Cinque Terre. « La richesse des détails est essentielle pour reproduire l’aspect et l’atmosphère de la région », a-t-elle précisé.

Les thèmes abordés, comme l’importance de l’amitié et le courage de se montrer tel qu’on est, sont par ailleurs à la fois universels et intemporels. « À travers le cheminement de Luca, nous voulions montrer comment s’entourer de gens qui vous voient tels que vous êtes et vous acceptent, parfois plus que vous-mêmes », a souligné Enrico Casarosa. Mais par-dessus tout, le réalisateur a voulu faire un film d’animation divertissant, qui saurait amuser les enfants tout en rappelant aux adultes l’époque révolue où les vacances duraient tout un été.

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Alberto et Luca découvrent un nouvel univers dans un village en bordure de la Riviera italienne.

Enregistrer les voix… dans un placard

Comme de nombreuses productions, la pandémie a chamboulé celle du film d’animation Luca. Les membres de la distribution ont notamment dû faire preuve de débrouillardise lors de l’enregistrement des voix. Le sujet a été discuté avec beaucoup d’humour lors d’une conférence de presse virtuelle, qui a réuni Enrico Casarosa, Andrea Warren, ainsi que cinq des comédiens prêtant leur voix aux principaux personnages. Jacob Tremblay (Luca), Jack Dylan Grazer (Alberto), Emma Berman (Giulia), Maya Rudolph (Daniela, mère de Luca) et Jim Gaffigan (Lorenzo, père de Luca) ont dévoilé comment ils s’y sont pris, plusieurs d’entre eux allant jusqu’à se cacher dans une penderie. « J’étais moi aussi dans un placard à un certain moment, en train de crier “Luca !”, a révélé Maya Rudolph. Mes enfants me demandaient qui c’était, ce Luca ! Mais cela n’aurait pu être plus agréable, compte tenu des circonstances. Tout m’a été envoyé et nous sommes parvenus à aménager un magnifique petit studio de fortune. Je pense qu’en essayant de rendre justice à la vision d’Enrico, dont la belle histoire se déroule dans un endroit enchanteur, nous rêvions tous d’être sur place. Cela a rendu l’expérience encore plus amusante. »

Luca sera présenté à compter du 18 juin sur Disney+.