La destinée du gorille Ivan touchera un public encore plus large, grâce au lancement du film The One and Only Ivan, basé sur le roman de Katherine Applegate. Le primate solitaire emprisonné pendant 27 ans dans une cellule de béton, dans un centre commercial de Tacoma, dans l’État de Washington, a bouleversé et inspiré l’auteure américaine. Son livre pour enfants, qui a remporté la Médaille Newbery, en 2013, continue d’émouvoir et de faire réfléchir au sort des animaux sauvages en captivité. Le film veut en faire autant.

Pressentie pour réaliser l’adaptation cinématographique du roman, il y a trois ans, la cinéaste Thea Sharrock a lu le livre avec ses deux enfants, qui avaient 9 et 11 ans, à l’époque. Elle a été conquise.

« J’ai trouvé l’histoire du gorille Ivan très inspirante, elle fait chaud au cœur et elle a un côté éducatif, a expliqué la réalisatrice lors d’une visioconférence privée, de sa résidence en Angleterre. Ce sont toutes les choses importantes, quand tu as la chance de les réunir, qui peuvent t’amener à faire un film classique de Disney. C’était une perspective excitante. »

Disney était déjà dans le coup. La productrice Allison Shearmur (morte il y a deux ans et à qui le film est dédié) avait obtenu les droits de chaude lutte et Angelina Jolie voulait y participer à la fois en tant qu’actrice et productrice. Thea Sharrock s’est engagée à plein, devenant même coproductrice exécutive.

Elle s’est attelée à la tâche avec le même respect pour l’œuvre originale que lorsqu’elle a réalisé Me Before You (Avant toi), lancé en 2016.

C’était absolument crucial, précise-t-elle. Cela remonte à mes débuts, dans le monde du théâtre. On m’a enseigné très tôt que la personne la plus importante dans la salle est l’auteur, qu’elle ou il soit mort ou vivant.

Thea Sharrock, réalisatrice de The One and Only Ivan

« Sans l’auteur, on n’a rien. En deuxième viennent les acteurs, puis tous les autres. Lors du tournage de Me Before You, j’apportais le livre partout, comme référence. J’ai fait pareil avec The One and Only Ivan. J’avais le livre avec moi sur le plateau, tous les jours.

« On fait un film pour le public, poursuit-elle. Quand une partie de celui-ci aime déjà l’œuvre originale et a établi une relation avec elle, il faut respecter ce qui a plu de prime abord. Sinon, tu es dans le pétrin. Et tu octroies aux gens le sentiment d’avoir presque été trahis. C’est très important de ne pas faire cela. »

PHOTO FOURNIE PAR DISNEY

Scène tirée du film The One and Only Ivan

Basé sur une histoire vraie

Au cœur du long métrage se trouve le gorille Ivan, qui a réellement existé et a vécu 27 ans seul dans sa prison de béton bordée d’une vitre, dans un centre commercial au sud de Seattle. Un documentaire de National Geographic, The Urban Gorilla, diffusé en 1992 a alerté l’opinion publique et fait bouger les choses pour le primate, qui avait appris à peindre.

L’auteure Katherine Applegate a lu un reportage du New York Times en octobre 1993 et a été bouleversée. « Ivan se trouvait encore dans le centre commercial, au cœur d’un litige, raconte-t-elle lors d’une visioconférence privée. C’était tellement bizarre et bouleversant. J’adore les animaux et cette histoire m’a hantée. Je voulais la raconter, mais je devais trouver la façon de le faire. J’ai eu beaucoup de faux départs avant d’avoir le bon ton, pour écrire du point de vue du gorille. »

Elle a inventé les divers personnages qui tissent des liens d’amitié avec Ivan : les animaux qui prennent part aux trois représentations quotidiennes sous le chapiteau, le chien errant Bob qui dort sur la poitrine velue du gorille, George, l’employé d’entretien, qui amène sa fille Julia tous les soirs, et Mack, le propriétaire du centre commercial en déclin, qui a la ménagerie sous sa responsabilité.

Dans le film, plusieurs artistes de renom prêtent leur voix aux animaux, dont Danny DeVito (le chien Bob), Angelina Jolie (l’éléphante Stella), Sam Rockwell (Ivan) et Helen Mirren (la caniche Snickers). Thea Sharrock salue particulièrement le dévouement des animateurs graphiques de MPC (Moving Picture Company), qui ont aussi travaillé sur The Jungle Book et The Lion King. « J’étais à côté d’eux, révèle-t-elle. Comme avec les acteurs, j’ai dirigé la façon dont les animaux parlent ou remuent, comment leur fourrure ou leurs yeux bougent, comment ils se lèvent. Je l’ai fait image par image. »

PHOTO FOURNIE PAR DISNEY

Scène tirée du film The One and Only Ivan

Katherine Applegate n’a que de bons mots pour le film.

L’attention aux détails était impeccable. Je savais qu’en adaptant un livre pour enfants pour le grand écran, il y aurait des changements. Ils ont ajouté de merveilleuses scènes d’action et un sens de l’humour qui rehaussent le film. Mais le cœur du livre est absolument là. Thea Sharrock a été formidable de ce côté.

Katherine Applegate, auteure de The One and Only Ivan

Certains aspects diffèrent quand même. Mack, interprété par Bryan Cranston, est par exemple montré sous un plus beau jour dans le film que dans le roman. « Ce personnage fictif est plus nuancé dans le livre, souligne l’auteure. Je voulais que les jeunes lecteurs comprennent que nous sommes capables de faire de bonnes et de mauvaises choses. Je pense que les gens qui ont accueilli Ivan, dans les années 60, l’ont aimé à leur façon, mais ils ne savaient pas comment prendre soin d’animaux sauvages en captivité. Dans le film, je crois qu’il est vraiment nécessaire de montrer le lien entre Ivan et Mack pour comprendre la complexité de leur relation. Tu peux aimer quelqu’un et devoir le laisser partir, pour répondre à ses besoins. C’est quelque chose que les enfants peuvent comprendre. »

Thea Sharrock, d’un commun accord avec Disney et les producteurs du film, désirait que les humains soient présentés de façon aussi positive que les animaux. « C’était important pour moi de montrer l’affection et l’amour, très réels, entre Mack et Ivan, souligne la réalisatrice. Mack a fait de mauvais choix. Il a l’occasion d’évoluer et de se racheter. »

The One and Only Ivan sera présenté aux abonnés de Disney+ à compter du 21 août.