Nous finirons ensemble rassemble la bande d’amis du film Les petits mouchoirs quelques années plus tard. Dans ce long métrage de Guillaume Canet, qui a attiré plus de 2,6 millions de spectateurs en un mois dans l’Hexagone, il est question d’amitié, de vérités et de mensonges. Entrevue avec un réalisateur hyperactif.

Pourquoi avoir fait une suite aux Petits mouchoirs ?

Pendant des années, je n’ai pas voulu faire de suite. J’avais été un peu perturbé à la sortie du premier par la mort d’un ami dans un accident de moto, comme dans Les petits mouchoirs. Je n’ai pas pu apprécier à sa juste valeur la sortie du film, car j’étais dans le drame et le désarroi.

Alors qu’est-ce qui vous a finalement décidé à faire Nous finirons ensemble ?

Les films que je réalise sont souvent empreints de ce que je vis. J’ai besoin de raconter ce que je ressens, ce que je connais et maîtrise ; c’est ma manière d’écrire. C’était aussi l’occasion de retrouver cette bande. J’ai pris conscience qu’à 45 ans, on n’a pas les mêmes rapports avec ses amis qu’avant. Je me suis dit que c’était le bon moment, car en amitié, à 45 ans, on n’a plus de temps à perdre. On n’a pas envie de faire des détours. Le temps passe, on a perdu un parent ou un ami dans certains cas, on a divorcé, on a de nouveaux amis. C’est un âge où on n’a plus envie de faire d’efforts et on dit plus facilement à nos amis qu’ils nous emmerdent ! C’est le constat que j’ai fait.

L’amitié, c’est complexe. Il y a des hauts et des bas…

Oui, il y a toujours ces remises en question et ces mises au point qui sont nécessaires pour savoir si un jour, on finira ensemble… ou pas.

Ce n’est pas parce qu’on a été des potes pendant 20 ans qu’il faut continuer à se voir. Les vies changent, tout comme nos priorités…

Totalement ! Et encore plus quand on a des enfants. On se dit : mais pourquoi on va s’emmerder avec des histoires de susceptibilité, de culpabilité, de mésententes ?

Les rapports avec les enfants sont tendus dans le film. Pourquoi ?

Ce que j’ai voulu dire, c’est que lorsqu’on n’est pas bien avec soi-même, on ne peut pas être bien avec ses enfants. On se rend compte quand les enfants vieillissent que ce n’est pas facile d’être un bon parent. Je trouvais intéressant de montrer que ce passage ne se fait pas facilement pour cette bande d’amis qui sont un peu de grands enfants devenus parents. Le personnage joué par Marion Cotillard va avoir très peur de perdre son fils et c’est là qu’elle va vraiment voir ce que ça veut dire d’être mère. Je voulais aussi montrer qu’il faut savoir se remettre en question.

Est-ce difficile de parler des difficultés que l’on traverse à ses amis ?

Ça dépend des caractères. Il y a des gens qui sont plus orgueilleux que d’autres. Ce n’est pas toujours facile d’avouer ses faiblesses et ses échecs à ses amis et aux gens qu’on aime. On a envie d’être fort à leurs yeux et d’assurer. C’est là qu’il est important de savoir baisser la garde et de se confier. C’est idiot d’avoir cette angoisse et de ne pas en parler.

À quel personnage vous identifiez-vous le plus ?

À celui de Max, joué par François Cluzet. Je peux avoir ce côté un peu dépressif, explosif, râleur et en même temps très droit. J’aime faire plaisir à mes potes. Je suis un solitaire qui a besoin des autres. J’adore être seul par moments, mais je ne pourrais jamais être seul tout le temps et, surtout, je sais que j’ai des gens que j’aime et qui m’aiment.

Et si vous faisiez une trilogie ?

Tout le monde me demande un troisième maintenant ! Plus tard, peut-être. Quand ils auront d’autres problèmes, des enfants plus âgés, il y aura d’autres choses à raconter, c’est sûr.

Vous faites de l’équitation. Vous faites même des compétitions…

C’est une vraie passion, je fais des compétitions de haut niveau. J’ai besoin de faire plein de choses dans ma vie ! Un besoin de me sentir vivant. J’aime l’adrénaline ; vous voyez, là, je pars faire une course de motos, j’ai besoin d’être tout le temps en mouvement. L’arrêt m’angoisse un peu. Mes enfants sont hyperactifs comme moi ! Il n’y a que la mère [Marion Cotillard] qui n’est pas comme nous et qui est très angoissée à l’idée que ses deux enfants l’embêtent dans son côté méditatif et calme !

En salle le 28 juin.