Une mystérieuse jeune femme qui assiste au procès d’un homme accusé d’avoir tué trois adolescentes et diffusé les meurtres sur le web caché (dark web) part à la recherche d’une vidéo compromettante.

Quelle mouche a piqué Pascal Plante ? Après trois longs métrages relativement sains d’esprit (Nadia Butterfly, Les faux tatouages et La génération porn), le cinéaste se fait plaisir en embrassant goulûment le cinéma de genre. Thriller anxiogène, récit paranoïaque, détour vers l’horreur : tout y passe et si les références sont clairement identifiables (David Fincher et Michael Haneke en tête), le résultat – qui a été primé quatre fois à Fantasia – détonne dans le paysage cinématographique québécois.

Comme toujours, le réalisateur impressionne sur le plan technique et plastique. La photographie glacée de Vincent Biron cadre parfaitement avec les mélodies soignées de son frère Dominique Plante, qui auraient eu leur place chez Park Chan-wook (Decision to Leave). Il y a ces zooms révélateurs, ce somptueux travail sur les éclairages et quelques moments stylisés à la Nicolas Winding Refn (Drive). La première demi-heure, tout simplement magnifique, propose un superbe plan-séquence de la cour de justice.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Juliette Gariépy est la vedette du film Les chambres rouges, de Pascal Plante.

Le reste n’est cependant pas du même calibre. Une amitié improbable se forme entre la mystérieuse héroïne (insaisissable Juliette Gariépy, qui rappelle Lisbeth Salander de la série des Millénium) et une groupie (Laurie Babin, désarmante d’incrédulité) du présumé assassin. Malgré le besoin de chaleur humaine et le talent évident de leurs interprètes, la chimie opère difficilement. Le scénario répétitif et en dents de scie entraîne sa protagoniste sociopathe dans une quête identitaire qui relève du fantasme morbide. Le spectateur est ainsi prisonnier de sa subjectivité et de ses décisions contestables, jusqu’à une conclusion tirée par les cheveux qui déçoit quelque peu.

Ce film imaginé pendant la pandémie explore une multitude de sujets contemporains – fascination pour les tueurs en série, théories du complot, solitude urbaine, pouvoir de l’image – en prenant soin de rappeler à quel point la violence gangrène les écrans et la société, déshumanisant ses êtres de chair et de sang. De quoi se perdre dans les profondeurs de ces Chambres rouges qui s’avèrent d’abord et avant tout un fascinant exercice de style livré par un de nos esthètes les plus doués.

En salle

Les chambres rouges

Thriller psychologique

Les chambres rouges

Pascal Plante

Avec Juliette Gariépy, Laurie Babin, Elisabeth Locas

1 h 58

7/10